Enseignement au Maroc : L’échec de la réforme confirmé

13 décembre 2007 - 01h48 - Maroc - Ecrit par : L.A

Les réformateurs de l’enseignement au Maroc n’ont jamais eu les moyens de leur politique. Résultat : l’école, le collège, le lycée et l’université continuent à souffrir de problèmes structurels. La commission spéciale de l’éducation et de la formation (Cosef) n’a pas pu sortir l’enseignement national des éternels problèmes dont il a toujours pâti.

La nième réforme pilotée par cet organe auquel S.M Mohammed VI avait confié en octobre 1999 la mission de suivi de la mise en œuvre, d’évaluation des résultats et d’enrichissement de « la charte nationale d’éducation et de formation », n’apporte pas aujourd’hui les résultats escomptés.

Pour preuve, ce constat qui vient d’être établi par l’actuel ministre de l’Education nationale, de l’enseignement supérieur, de la formation des cadres et de la recherche scientifique.

Lors de la discussion du budget de son département par la commission des affaires sociales au sein du parlement, Ahmed Akhchichine a révélé que le taux de scolarisation des enfants dans le primaire ne dépasse pas 60%. Pourtant, l’objectif tracé par la Cosef était d’arriver à un taux de scolarisation de 100%, en 2004 !

Autres chiffres alarmants, près de 400.000 élèves ont quitté l’école au cours de l’année scolaire 2005-2006. En outre, durant la même année, plus de 240.000 lycéens et collégiens ont mis prématurément fin à leurs études.

Du reste, les mêmes complaintes reviennent dans l’énumération des problèmes structurels de l’enseignement : surcharge des classes de cours (une moyenne de 41 élèves par classe dans plus de 24.000 classes dans les niveaux primaire et secondaire).

L’opération de départs volontaires, plus connu sous le surnom de « DVD », n’a fait qu’aggraver la situation. Selon A. Akhchichine, 2900 enseignants manquent dans les cycles primaire et secondaire. Le sous-effectif touche également les universités marocaines. Lesquelles ont besoin de 2000 enseignants au titre de 2006-2207. Plus grave encore, le déficit financier de l’enseignement supérieur s’élève cette année, selon le ministre, à 568 millions de dirhams.
Historique des réformes

Depuis la mise en place du « Conseil Supérieur de l’enseignement », des projets de réforme ont été élaborés en 1975, 1985 et 1995. Des projets de « charte nationale » ont été également initiés en 1978 et 1981.

Selon la Cosef, les évaluations réalisées (avant la dernière réforme lancée en 1999) ont montré que malgré l’ampleur des efforts déployés, le système éducatif ne répond que partiellement aux exigences des temps modernes et aux mutations que vit le Maroc d’aujourd’hui. Ce constat reste toujours d’actualité, malgré tous les efforts consentis par le Maroc pour mettre à niveau son enseignement.
Le Maroc, un mauvais élève selon l’Unesco

Le constat, amer, du ministre de l’Education nationale, de l’enseignement supérieur, de la formation des cadres et de la recherche scientifique concernant la réforme du secteur de l’enseignement, vient d’être confirmé par l’Organisation des Nations Unies pour l’éducation, la science et la culture (Unesco).

Dans le sixième rapport mondial de suivi sur l’éducation pour tous qu’elle vient de publier, l’organisation onusienne cite le Maroc parmi les pays qui ne sont pas en mesure d’atteindre les objectifs fixés pour 2015 en ce qui concerne l’enseignement pour tous.

La grande majorité des pays concernée par cette « mauvaise note » se situe en Afrique subsaharienne. S’y ajoutent aux côtés du royaume, le Bangladesh, l’Inde, le Népal, la Mauritanie et le Pakistan.

Selon, l’Unesco, bien que les budgets et le taux de scolarisation dans le monde aient augmenté, la médiocrité des services éducatifs, le coût élevé de l’éducation et le niveau toujours élevé de l’analphabétisme des adultes réduisent les chances de parvenir à l’éducation pour tous à l’horizon 2015.

Pour pallier au plus urgent, les États arabes, note l’Unesco, devront créer 450.000 nouveaux postes d’enseignants, principalement en Égypte, en Iraq, au Maroc et en Arabie saoudite.

Par ailleurs, parmi les pays « bien notés, se trouvent ceux d’Amérique du nord, d’Europe, mais aussi l’Argentine, Brunei, Bahreïn, le Mexique et la Corée du Sud.

Le rapport de l’Unesco se fonde sur l’évolution de six objectifs définis en 2000 à Dakar, au Sénégal, pour atteindre l’éducation pour tous, dont l’enseignement primaire obligatoire et gratuit, l’augmentation de 50% du taux d’alphabétisation des adultes, la disparition de la disparité entre les sexes et l’amélioration, sous tous ses aspects, de l’éducation.

Le Reporter - Mohamed Zainabi

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