Témoin de la libéralisation de la presse marocaine amorcée dès la fin des années 90, le mensuel "Economie et Entreprises" publie, dans son édition de juin, une "enquête" sur la fortune du roi Mohammed VI et de la famille royale.
Affiché en vitrine de nombreux kiosques du royaume, "Economie et Entreprises", qui s’était déjà illustré récemment par une série d’enquêtes audacieuses sur la prospection pétrolière au Maroc, dévoile la physionomie du patrimoine royal, estimé à au moins 550 millions de dollars (584 millions d’euros).
Cette estimation, hors patrimoine immobilier, contredit les chiffres avancés par l’opposant islamiste Abdesslam Yassine. Dans une retentissant "mémorandum" adressé au roi, cheikh Yassine avait invité le souverain à affecter "son immense fortune", évaluée à "plusieurs milliards de dollars" au "paiement et à l’effacement" de la lourde dette publique marocaine (14,2 milliards de dollars en 2001).
"Cette information nous paraît largement surestimée même en incluant certains actifs et participations à l’étranger", écrit "Economie et Entreprises" qui rappelle que "jamais feu Hassan II ni la famille royale ne sont apparus dans les classements de fortunes mondiales", établis notamment par le magazine américain Forbes.
Appelant à une "culture de transparence" pour éviter "les interprétations politiques", le journal détaille ensuite la structure du patrimoine royal, dont les participations se font notamment par l’intermédiaire de deux holdings, la "Siger" et "Ergis" (anagrammes de "regis", "roi" en latin), présidés par Mohamed el Majidi, 36 ans, présenté comme un "proche compagnon du souverain".
"Le patrimoine royal présente des faiblesses de gestion" écrit "Economie et Entreprises" qui explique avoir "eu une crainte en lançant cette enquête". "Nous avons ouvert la voie, d’autres feront plus", explique, dans son éditorial, Hassan Alaoui, directeur de la publication.
Voici, selon "Economie et Entreprises", les principaux éléments du patrimoine royal, dont une partie provenant de l’héritage du roi Hassan II, décédé en 1999, est en indivision entre Mohammed VI, son frère Moulay Rachid et leurs trois soeurs : Omnium nord-africain (ONA, mines, agro-industrie, communication, assurances, distribution. "Ergis" en est l’actionnaire de référence avec 13% du capital aux côtés de multinationales comme AXA, Coca Cola, Auchan), Sevam (emballage, embouteillage), Domaines agricoles royaux (150 millions de dollars de chiffre d’affaire dont les deux tiers à l’exportation, notamment des agrumes), Primarios (mobilier), Compagnie chérifienne des textiles (CCT, textile, film de serre agricole).