Les enjeux de la prospection pétrolière

16 juillet 2008 - 18h34 - Economie - Ecrit par : L.A

Le Maroc présente d’énormes potentialités en termes de prospection pétrolière. Depuis l’an 2000, plusieurs compagnies opérant dans le domaine se bousculent au portillon. En l’espace d’un an (2007/2008), l’Office national des hydrocarbures et des mines (Onhym) a conclu 8 accords pétroliers et 5 contrats de reconnaissance.« Le nombre des compagnies de prospection pétrolière a lui aussi connu une grande évolution », indique M’hamed El Moustaine, directeur de l’exploration pétrolière à l’Office. De 11 en 2000, leur nombre a triplé atteignant plus de 28 en 2008.

Le portefeuille de partenariat s’est également enrichi avec la signature le 7 juillet dernier d’un accord entre l’Onhym et les sociétés Petro-Canada et RWE Dea AG. L’accord porte sur les permis Bas Draa (sur 10 sites), situés dans le Sud-est sur une superficie approximative de 19.951 km2. L’accord prévoit la réalisation d’une campagne sismique 2D (qui va permettre d’avoir une image à 2 dimensions sur une partie du site) ainsi que des études géologiques et géophysiques pour une 1re phase de 2 ans et demi. « L’accord total porte sur une période de 8 ans, et les 2 étapes restantes concernent le forage », souligne El Moustaine.

L’entreprise canadienne avait, dans le cadre d’un contrat de reconnaissance de 12 mois, conduit des travaux dans la zone Bas Draa suite auxquels elle a décidé de mener des travaux d’exploration. La société allemande RWE Dea AG participe, quant à elle, pour la première fois à un projet de recherche d’hydrocarbures au Maroc. Mais, DEA avait déjà conclu un accord de coopération avec l’Onhym début 2008.

Actuellement, le domaine minier de l’Office compte 21 accords pétroliers et 7 contrats de reconnaissance couvrant une superficie totale de 286.115 km2. 28 sociétés sont partenaires de l’Office dans 4 concessions d’exploitation, 91 permis de recherche dont 42 onshore et 49 offshore et 7 autorisations de reconnaissance onshore. Trois projets sur fonds propres de l’Office ont été conduits pour l’année 2007. Le projet onshore situé à Boujdour, celui de Meskala à Essaouira et le dernier destiné à la promotion de l’offshore dans la région allant de Safi jusqu’à Ifni.

Quasiment toutes les régions du Royaume sont concernées. « L’activité enregistre un regain d’intérêt pour les bassins onshore qui sont exploités à presque 80% », explique El Moustaine. Selon lui, il ne reste que quelques endroits difficiles d’accès dans les zones sud.

La stratégie de prospection des hydrocarbures est basée sur le renforcement de la promotion des bassins sédimentaires, le développement du partenariat, l’intégration et la maîtrise des nouvelles technologies de prospection. Elle porte sur la réalisation d’études géologiques et analytiques et le recours aux tests sismiques en trois dimensions.

Des évolutions significatives ont été enregistrées à l’issue des études et travaux d’exploration réalisés. L’achèvement des acquisitions sismiques 2D (530 km) menées sur le bassin de Boujdour nord et le démarrage de celles de Meskala (185 km²) permettront, selon l’Office, l’entrée dans une phase active du processus de préparation des forages pétroliers programmés sur ces bassins.

L’Onhym a, par ailleurs, arrêté un plan d’action concentré sur Meskala et Toukimt dans le but d’améliorer la production du champ productif d’Essaouira. Ce programme prévoit la réalisation d’une campagne sismique 3D pour détecter les éventuels blocs non exploités à ce jour.

D’autres accords de prospections sont en cours de négociation. Ils portent sur des permis de recherche offshore sur Casablanca et Loukous et des autorisations de reconnaissance pour les régions Ait Riouch et ouest Souss.

L’office n’a pas voulu avancer des chiffres sur le potentiel du pays en termes d’hydrocarbures. Il existe certes des estimations, mais elles demeurent préliminaires.

Le dernier chiffre avancé est celui de 50 milliards de barils de réserve pour les schistes bitumineux. Contrairement à leur nom, ces roches pétrolières ne sont pas des schistes. Le terme désigne des roches sédimentaires contenant assez de matériau organique pour pouvoir fournir du pétrole et du gaz combustible. Ces roches sont souvent présentées comme une des meilleures alternatives à la dépendance pétrolière. Plusieurs spécialistes ont appelé le Maroc à explorer cette voie, vu les gisements qui existent. Menées par l’Onhym entre 1974 et 1990, des études techniques relatives à l’exploitation de ces roches ont montré que les roches pétrolières au Maroc disposent d’importantes réserves en huiles. Une unité de pyrolyse a été inaugurée au début des années 80. Mais le projet fut abandonné pour des considérations purement économiques. Vu les cours actuels du brut, l’exploitation de ces roches pétrolières peut s’avérer rentable. Pour cette ressource, le Maroc est accrédité de la 6e place dans le classement des producteurs mondiaux. Dans ce sens, l’Office a poursuivi ses efforts pour promouvoir les gisements potentiels dans le cadre de la stratégie nationale visant la valorisation des ressources énergétiques domestiques.

Actuellement, l’exploitation de ces roches s’inscrit dans le cadre de la stratégie de diversification des ressources énergétiques. En 2007, un mémorandum a été signé avec la société brésilienne Petrobras relatif à la réalisation d’un programme de travail pour l’analyse des données propres à la zone de Timahdit-1. Les travaux sont en cours au niveau de ce site. « Il faut savoir que c’est un processus très long et il n’existe aucun procédé industriel pour l’exploitation de ces roches », indique un responsable à l’Onhym.

La décision d’amender le code des hydrocarbures pour y inclure les schistes bitumineux est de nature à accélérer le rythme de développement de cette ressource énergétique. Le texte, déjà adopté en conseil de gouvernement et en conseil des ministres, va permettre à l’Office de créer un climat favorable à l’exploitation de cette ressource. Pour rappel, l’activité de l’Office a été concentrée sur des contacts et des négociations avec des sociétés pétrolières dont certaines représentent l’avant-garde technologique actuelle en matière de procédés de traitement des schistes bitumineux.

Consommation/Production

Notre pays consomme 7 millions de tonnes de pétrole/an, tous produits confondus. La quasi-totalité des besoins pétroliers sont importés pour une facture de plus de 2,5 milliards de dollars par an. Durant les cinq premiers mois de 2008, les importations de brut ont atteint 13,6 milliards de dirhams, soit une hausse de 58,5% par rapport à la période correspondante en 2007, pour un volume en progression de 4,2%. La facture pétrolière s’élève à quelque 33,43 milliards de DH.

Par ailleurs, l’année 2007 a confirmé le développement de la production des hydrocarbures en la maintenant au niveau atteint en 2006. Toutefois elle reste concentrée principalement dans les régions d’Essaouira et du Gharb. La production de gaz naturel a été de 41,05 millions de Nm3 contre 44,8 millions de Nm3 en 2006 et 26,2 millions de Nm3 en 2005. La production de condensat a connu une hausse de 10% (9060 tonnes en 2007 contre 3906 en 2005). Le chiffre d’affaires des ventes de ces productions a atteint 110 millions de DH en 2007, contre 109 millions en 2006.

Source : L’Economiste - Saad Souleymane Bouhmadi

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