Si Elias connait la signification du terme "kanaké", il était à mille lieues d’imaginer qu’il aurait au programme "Schroedel Abitur", un manuel scolaire utilisé pour l’apprentissage de la "langue" "kanakish" ("petit nègre"). Cette "langue" comprend environ 300 mots, dont un tiers du vocabulaire s’emploie à désigner les matières fécales et la sexualité, un autre tiers parle des marques de voitures, "leurs modèles et variantes", fait savoir RTL. En définitive, "kanakish" regorge d’un " vocabulaire d’environ 30 mots (utilisés) dans la vie de tous les jours".
De quoi agacer le lycéen marocain. "Au début, je voulais dire quelque chose, mais ensuite j’ai laissé tomber. Je le regrette encore aujourd’hui. Nous avons traité les textes dans la salle de classe sans aucune critique et mon professeur a utilisé le mot comme s’il n’était pas du tout insultant ou raciste". Pour Elias, "il s’agit d’une division de la société en Allemands et non-Allemands, avec d’un côté ceux qui parlent une langue puissante et les personnes avec des barrières linguistiques. Elle souligne la supériorité d’un groupe sur l’autre et est raciste."
Un autre fait a révolté l’adolescent. Son professeur l’avait désigné pour lire en compagnie d’un élève turc, à haute voix et devant toute la classe, une version "kanaké" du conte Hansel et Gretel, ajoute la même source. "Nos camarades de classe ont accompagné cela avec un rire condescendant, se souvient Elias. Nous parlons pourtant tous les deux couramment l’allemand, mais nous devions prétendre que nous ne maîtrisions pas la langue allemande afin, une nouvelle fois, de confirmer un faux cliché".
La réaction de son établissement scolaire sera la goutte d’eau qui a débordé le vase. L’établissement estime que ces manuels scolaires sont des outils pédagogiques classiques. Vexé, le jeune lycéen a lancé une pétition contre l’utilisation de ces manuels, laquelle a reçu un écho favorable. "Le livre n’a pas été soumis pour approbation et ne devrait donc pas être utilisé en classe", a déclaré Sebastian Schumacher, porte-parole du ministère de l’Éducation de Basse-Saxe, martelant qu’"il ne devrait pas y avoir de place dans les manuels scolaires pour les clichés, les ressentiments ou même le racisme."