Le ministère de l’Éducation nationale a récemment autorisé les enseignants du public à donner des cours supplémentaires dans le privé, sous certaines conditions. Pour arrondir leurs fins de mois, ces professeurs devront obtenir une autorisation...
« L’école et l’université marocaines ne parviennent pas encore à remplir de manière satisfaisante toutes leurs missions à l’égard des apprenants et de la société ». C’est un des constats dressés par le Conseil supérieur de l’enseignement dans son rapport annuel 2008. Quatre volumes sur l’état et les perspectives du système d’éducation et de formation ont été présentés mercredi 16 avril au Souverain. Nous avions déjà traité le volume analytique et l’atlas graphique. Le diagnostic dressé est alarmant : un système marqué par des taux de rendement faibles, un niveau de déperdition élevé, des acquis pédagogiques faibles, la banalisation des incivilités et une insertion professionnelle en deçà des attentes.
Le Conseil a certes énuméré quelques avancées, mais elles sont plombées par les nombreuses défaillances. La déperdition scolaire est le fléau qui mine le plus le système scolaire. Si le taux net de scolarisation au primaire est à 94%, il n’en demeure pas moins que seul un élève sur cinq achève le cycle collégial. « Le parcours du combattant débute dès la première année du primaire avec un taux de redoublement de 17% », commente le Conseil supérieur. Un taux qui varie en moyenne de 13% pour l’ensemble du primaire et de 17% au secondaire. Des pics de plus de 30% sont enregistrés durant la troisième année du collégial et la deuxième année du baccalauréat. Conséquence : moins de cinq élèves sur dix sont inscrits dans les niveaux qui correspondent à leur classe d’âge. Pis encore, sur 100 élèves inscrits au primaire, seuls 13 obtiennent le baccalauréat et 3 seulement effectuent un parcours scolaire sans faute. Cette déperdition représente des pertes sèches en capital humain et en ressources. « Le coût de la non-scolarisation et de la déscolarisation serait évalué à 2% du PIB », affirme le Conseil supérieur.
De leur côté, les élèves que le système retient ne sont pas mieux lotis. Ils ne maîtrisent pas des savoirs fondamentaux. La lecture, l’écriture, le calcul et les langues sont en recul. Sur le registre des langues par exemple, une proportion importante des élèves n’a pas une maîtrise suffisante de l’arabe classique et encore moins des langues étrangères : une personne alphabétisée sur deux de plus de 10 ans estime savoir parler et écrire l’arabe et une autre langue, principalement le français. Cette faiblesse est pénalisante à l’école et plus tard dans l’environnement professionnel. Les employeurs la citent d’ailleurs comme l’une des principales faiblesses à l’emploi.
Les défaillances du système scolaire sont attribuées à la gouvernance jugée hésitante et peu responsabilisante, au déficit de formation des enseignants, ainsi qu’aux ressources financières et leurs allocations.
Avec 37 milliards de dirhams en 2008, le budget consacré à l’éducation-formation est jugé insuffisant face aux objectifs affichés. L’essentiel des ressources est affecté à la paie des fonctionnaires et seulement 12% à l’investissement et l’équipement.
Source : L’Economiste - Khadija Masmoudi
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