Le gouvernement marocain s’apprête à modifier le Code de la famille ou Moudawana pour promouvoir une égalité entre l’homme et la femme et davantage garantir les droits des femmes et des enfants.
Le mouvement féminin lutte depuis plusieurs années pour bannir les injustices que subit la Femme marocaine. Des campagnes de sensibilisation sont menées chaque année. Cependant, force est de constater que ces injustices, en particulier la violence contre les femmes, demeurent à l’ordre du jour.
Le harcèlement sexuel figure en tête de liste. Exercé à l’école, dans le lieu du travail et dans la rue, ce phénomène semble faire partie intégrante du quotidien de la femme et est impuni. Certaines de cela, les femmes violentées portent rarement plainte. Tout dernièrement, La Nouvelle Tribune a été contactée par une jeune femme ayant fait l’objet d’un harcèlement sexuel.
W.B a 24 ans. Elle travaille depuis près d’un an dans une entreprise de conseil, en qualité de secrétaire. Il s’agit, selon elle, d’une micro entreprise puisque son effectif ne se limite qu’à son patron, de nationalité étrangère, et à elle-même. Ce patron lui a toujours voué respect. Tout est parfaitement bien jusqu’au jour où un célibataire, âgé de 34 ans, s’est associé à son patron dans une autre affaire. Le projet de création de la nouvelle entreprise était en cours. Les deux associés avaient convenu de limiter les frais en utilisant les services de la même secrétaire pour les deux entités. W.B devait travailler les matinées avec l’un et les après-midi avec l’autre. Elle n’y avait vu aucun inconvénient.
Les choses étaient donc bien parties jusqu’au jour où ce dernier s’est retrouvé seul au bureau avec elle. Lui qui avait commencé à la courtiser depuis trois semaines, a poussé le bouchon un peu plus loin cette fois. Selon la jeune femme, il a jugé que c’est dommage qu’une fille comme elle ne touche que 3000 Dhs et qu’il était prêt à la placer dans n’importe quelle grande entreprise de la place pour beaucoup plus. Elle n’avait qu’à choisir. Elle lui a répondu qu’elle était contente de son travail et qu’elle n’entendait nullement le changer pour l’instant. Elle a quitté la pièce et s’est dirigée vers la porte de sortie mais elle a été rattrapée par son agresseur.
La jeune femme a dû encore se débattre pour lui échapper et elle l’a menacé de porter plainte contre lui, et de ruiner sa réputation, sachant qu’il est investi d’un mandat électif. A ce moment, l’agresseur a abandonné ses basses œuvres. Il lui a néanmoins précisé avant de quitter les lieux, qu’elle ne pouvait rien contre lui, puisqu’il connaissait “tout le Maroc”. Il pourrait aussi, a-t-il ajouté, l’envoyer en prison. La jeune femme, encore sous le choc, s’est effondrée. Elle a plus tard contacté son employeur pour lui raconter la scène et c’est ainsi que le projet d’association avec l’agresseur a été annulé.
Impunité
L’expérience que vient de vivre W.B, a certainement été vécue par plusieurs femmes, sans que ces dernières décident d’en parler, sûres que cela ne les mènerait nulle part. Toujours dans un état dépressif, W.B. a du mal à se rendre à son travail. Elle est révoltée qu’une telle racaille puisse être député, dégoûtée de se sentir impuissante devant cette injustice. “Il leur faut des preuves et moi, je n’en ai pas. Donc ce sera ma parole contre la sienne”. Et de poursuivre “ Je ne veux pas pas porter plainte car les problèmes, j’en ai et je ne suis pas prête à en avoir davantage”
En somme, si les actions de sensibilisation ont pour objectif de bannir de tels comportements, seule l’application stricte de la loi peut être dissuasive. Or la loi, telle qu’elle est faite aujourd’hui, ne semble pas protéger la femme.
Certes, beaucoup de femmes violentées ont pu, grâce aux campagnes de sensibilisation, dépasser les idées reçues et commencent à porter plainte. Elles ont de plus en plus le réflexe de s’adresser à un centre d’écoute et d’ester en justice. Cependant, elles sont souvent déçues du résultat. Rares (pour ne pas dire inexistants) sont les cas ou un homme est jugé et condamné pour avoir harcelé sexuellement une femme. Ce qui encourage certains pervers à garder leur sales habitudes.
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