Le Maroc a connu une croissance économique assez soutenue depuis 2000, après l’accession au trône du roi Mohammed VI. Le royaume prend des mesures pour attirer les investissements étrangers et devenir une grande puissance régionale.
Abderrahmae Youssoufi, ancien premier ministre et premier secrétaire de l’USFP a déçu ses amis politiques, Ahmed Osman, premier ministre de 1972 à 1981 et président du RNI est virulement contesté par les membres de son rassemblement, Abbas El Fassi, plusieurs fois ministre et ambassadeur, secrétaire général de l’Istiqlal, a du mal à calmer la grogne qui monte dans les rangs de la jeunesse de sa formation...
la gauche socialiste qui regroupe au parlement le PPS et le PSD, est au bord de l’éclatement, il n’y a pas à dire, aucune des formations politiques de la majorité actuelle n’échappent aux soubresauts post-constitution du gouvernement de Driss Jettou.
Les raisons de ce vent de colère qui traverse de façon égale tous les partis gouvernementaux trouvent leurs justifications dans les ambitions personnelles frustrées, mais aussi dans une perception déboussolé par l’apparence d’un gouvernement pléthorique, qui, de l’avis d’aucun, ne correspondrait pas aux exigences du Maroc d’aujourd’hui. La désorientation est telle que les comportements des chefs de partis pendant les négociations avec Driss Jettou sont diversement contestés, pour la chose et son contraire : Le premier secrétaire de l’USFP est mis à l’index pour s’être recroquevillé sur les noms de ses ministres qui ont déjà fait les deux gouvernements précédent, accusé dans la foulée de faire apparaître son parti comme ne formation de revenants, tandis que le secrétaire général de l’Istiqlal est pris à parti pour avoir « trop » innové en s’ouvrant sur la société civile proche par alliance idéologique ou familiale, à son parti.
Pour aucun des protagonistes de cette partie du jeu politique au Maroc, les choses n’étaient faciles. Et d’abord pour Driss Jettou, un gestionnaire de qualité, sans appartenance politique qui a été nommé à ce poste pour former le 28ème gouvernement du Royaume depuis l’indépendance du pays en 1975, mais surtout le premier cabinet depuis l’accession au Trône du Roi Mohammed VI en juillet 1999.
Le Souverain marocain avait assigné au nouveau Premier ministre une mission claire et précise : constituer une équipe, sorte de force attack, soudé et homogène pour en même temps réussir les quatre priorités qu’il a fixé au gouvernement (investissement, emploi, logement et réforme de l’enseignement) et gagner « le pari de la bonne gouvernance, fondée sur le légitimité démocratique alliée à l’efficacité économique ».
A première vue, le gouvernement constitué par Driss Jettou au bout d’un mois de tractations dans les coulisses contraire à la transparence prônée par tous, ne répond pas à cette orientation. Non seulement le gouvernement ne donne pas l’impression d’être homogène, mais il est encore pléthorique à l’image de celui former laborieusement en 1998 par Abderrahman Youssoufi.
Mais les apparences, dont il faut se méfier, sont souvent trompeuses. Certes, comme toujours au Maroc, Driss Jettou a dû tenir compte de subtils dosages subordonnés au double paramètre de la représentation régionale et de la représentativité politique compliquée par la présence au sein de la majorité de pas moins de six partis. Mais de l’examen la biographie des ministres (voir par ailleurs « la fenêtre » : biographie, et photos des membres du gouvernement), il ressort rapidement que l’actuel Premier ministre a fait preuve d’un art consommé de conciliation des contradictoires, et fait montre de beaucoup d’habilité pour s’approprier l’essentiel des leviers du gouvernement pour agir efficacement, comme l’entend le Roi du Maroc, sur l’économique et le social.
Sans doute, Driss Jettou a dû reculer devant les exigences de l’USFP, déjà vexée par l’éviction de son premier secrétaire de la primature où il rêvait de rempiler, et accepté de reconduire, à l’exception du Secrétariat d’Etat à la jeunesse, l’arrière garde du bureau politique du parti. Mais pour le reste, le premier ministre a réussi à mettre pratiquement le profile qu’il faut à la place qu’il faut : qu’il s’agisse du ministère des Affaires générale du gouvernement et de l’Economie, de l’Equipement et du Transport, du Logement et de l’Urbanisme, du Commerce et de l’Industrie, de l’Emploi et des Affaires sociales, ou encore des Pêches maritimes, de l’Eau… etc, Driss Jettou a une prise directe sur toutes les commandes. A quoi il faudrait ajouter les ministres de souveraineté à l’Intérieur, au secrétariat général du gouvernement, aux Affaires étrangères ainsi que aux Habous et Affaire islamiques où un historien, homme de culture, a succédé à un idéologue de la religion.
Il n’y a pas jusqu’aux finances et privatisation, détenues pourtant par un membre du bureau politique de l’USFP, où il n’a pas le main mise. Non seulement le titulaire de portefeuille, Fathallah Oualaâlou, a bien épousé les contours de la maison, mais la technostructure même du ministère ne manquera pas d’obéir au premier ministre qui connaît bien le département pour l’avoir déjà dirigé. Le reste n’est qu’habillage politique à un gouvernement qui est bel et bien technocratique.
Naim Kamal pour l’observateur
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