Le Maroc va-t-il céder à la pression populaire ? Le 10 décembre, de milliers de personnes sont descendues dans les rues du royaume pour réclamer la fin des accords de coopération avec Tel-Aviv et exiger la fermeture du bureau de liaison israélien à Rabat. « Le peuple veut la fin de la normalisation », a scandé une foule devant le parlement marocain. En 2021, 41 % des Marocains étaient favorables à la normalisation. L’année suivante, ce chiffre a baissé jusqu’à 31 %, selon Arabometer. Ça reste toutefois l’un des taux favorables à la normalisation les plus élevés de la région MENA.
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Depuis l’attaque surprise et spectaculaire du Hamas le 7 octobre et la riposte israélienne sur la bande de Gaza, des groupes marocains contre la normalisation, qui organisaient autrefois des sit-in limités, mobilisent du monde. Ils ont mené une « marche du million », bloquant la place Mohammed V à Rabat, un événement sans précédent depuis les accords d’Abraham. « Ceux qui soutiennent la normalisation avec l’entité israélienne constituent une minorité discordante au sein de la société marocaine, qui respire la cause palestinienne », a déclaré à The New Arab Abderrahim Chikhi, ancien patron du mouvement islamiste de Unicité et Réforme.
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Pour Abdelkader Al-Alami, membre du Groupe d’action nationale pour la Palestine, revenir sur la normalisation « est une exigence fondamentale qui doit être mise en œuvre, et nous poursuivons nos revendications en tant que Marocains, et nous ne nous arrêterons pas tant qu’elles ne seront pas pleinement réalisées ».
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Après les accords d’Oslo, le Maroc a normalisé pour la première fois ses relations avec Israël « pour maintenir le dialogue et la compréhension », avant de les rompre dans le mitan de la deuxième Intifada en 2000. Ces relations qui ont repris sous l’égide de l’ex-président américain Donald Trump en échange de la reconnaissance américaine de la marocanité du Sahara seront-elles rompues une fois de plus ? « Il est peu probable que la crise actuelle mette un terme au processus de normalisation maroco-israélien. Cependant, si la guerre se poursuit pendant des mois avec un nombre élevé de victimes, cela placera l’État marocain dans une position critique qui pourrait affecter la normalisation, voire conduire à son retrait », commente un rapport de la World Politics Review.
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Mercredi, le gouvernement du Hamas a annoncé que les opérations militaires israéliennes avaient fait 20 000 morts à Gaza depuis le début de la guerre, dont au moins 8000 enfants et 6200 femmes. Et, Israël n’est pas près d’accepter les appels à un cessez-le-feu. « La guerre se poursuivra jusqu’à l’élimination du Hamas, jusqu’à la victoire. Ceux qui pensent que nous allons nous arrêter sont déconnectés de la réalité », a assuré le Premier ministre israélien Benyamin Nétanyahou.