Immobilier : Déclarez votre noir et gagnez !

2 mai 2008 - 23h19 - Economie - Ecrit par : L.A

A l’instar de nombreux acquéreurs, vous avez certainement dû recourir au noir, sous pression peut-être, pour payer en partie votre habitation. Qu’importe ! Vous pouvez toujours rectifier le tir auprès du fisc.
Vous avez, en effet, la possibilité de régulariser votre situation, en dénonçant au passage votre vendeur. Pourquoi le faire ? Pour ne pas être lésé fiscalement.

Explication. Une transaction immobilière donne lieu pour l’acheteur à une imposition au titre des droits d’enregistrement (de 3% pour les constructions). Pour sa part, le vendeur a à supporter une taxe sur la plus-value réalisée (de 20% pour les personnes physiques).

Pour faire payer l’acheteur au noir, le vendeur lui fait miroiter l’économie d’impôt qu’il lui sera possible de réaliser sur les droits d’enregistrement. Ces derniers étant calculés sur la base de la valeur d’achat, déclarer moins permet systématiquement de payer moins. Naturellement, le vendeur y trouve (encore plus) son compte vu que sa plus-value déclarée est moindre et, par là même, l’impôt qui en découle. Mais si l’acheteur souhaite à son tour revendre son bien, l’économie d’impôt se transforme en surcoût fiscal. Du moins, s’il s’agit bien d’une opération imposable (à savoir que la transaction porte sur une habitation secondaire ou qu’il s’agisse d’une habitation principale occupée moins de 8 ans). Dans ce cas, la plus-value réelle sera égale à la différence entre le prix de vente et le prix d’achat (y compris le noir versé à l’achat). Sauf que pour le fisc, la valeur d’achat n’intègre pas le noir. Ce qui accroît la plus-value taxable selon l’administration et donc l’impôt qui lui est rattaché. Evidemment, le vendeur pourrait choisir à son tour de recourir aux dessous de table. Mais des acheteurs qui acceptent de payer au noir, il devrait s’en trouver de moins en moins… C’est que le fisc les attend au tournant.

Pour chaque transaction immobilière, la Direction générale des impôts dispose d’une possibilité de redressement. Concrètement, et sur la base de ses propres références de prix, le fisc peut intervenir pour réévaluer le bien objet de la transaction et exiger l’impôt qui s’en suit, dans un délai de 4 ans à compter du jour de l’enregistrement.

Autre parade au noir, le droit de préemption. Un ultime recours que le ministre de l’Economie et des Finances, Salaheddine Mezouar, et le ministre de l’Habitat et de l’Urbanisme, Ahmed Taoufiq Hejira, ont menacé de réactiver pour réguler le marché de l’immobilier. De quoi s’agit-il au juste ? Ce droit donne la possibilité à l’Etat de se porter acquéreur des immeubles et droits réels immobiliers dans un délai de 6 mois à compter du jour de l’enregistrement, « lorsqu’il estime insuffisant le prix de vente déclaré et que le paiement des droits supplémentaires établis par l’administration n’a pu être obtenu à l’amiable » (articles 143 et 218 du Code général des impôts). Le cessionnaire évincé reçoit, dans le mois qui suit la notification de la décision de préemption, le montant du prix déclaré ou de la valeur reconnue au bien, majoré des droits d’enregistrement acquittés. En plus, éventuellement, des droits de conservation foncière. Enfin, une somme forfaitaire égale à 5% du prix déclaré ou de la valeur reconnue est versée pour compenser les autres frais d’acquisition supportés par le cessionnaire évincé.

Comment dénoncer le noir ?

Toute personne qui a acquis son habitation en partie au noir a la possibilité de régulariser sa situation auprès de la Direction générale des impôts. Pour cela, elle n’a qu’à se présenter avec une demande de redressement de la valeur de son contrat. Cette requête doit préciser le prix d’achat réel et devra être accompagnée du paiement du complément d’impôt. Entreprendre ces démarches dans les 30 jours qui suivent l’enregistrement dispense de pénalités. Au-delà, les droits complémentaires seront majorés de 15% pour déclaration tardive et d’une amende de 10% pour paiement tardif. Ajoutez à cela un intérêt de retard qui s’élève à 5% le premier mois à majorer de 0,5% par mois supplémentaire.

Source : L’Economiste - R. H.

Bladi.net Google News Suivez bladi.net sur Google News

Bladi.net sur WhatsApp Suivez bladi.net sur WhatsApp

Sujets associés : Immobilier - Corruption - Impôts

Ces articles devraient vous intéresser :

Évasion fiscale au Maroc : Seuls 2% des contribuables paient 80% de la TVA

La plupart des contribuables marocains ne paient pas leurs impôts, générant un manque à gagner important, de l’ordre d’un milliard de dirhams, à l’État marocain.

Maroc : mauvaise nouvelle pour les fumeurs

Sale temps pour les fumeurs marocains qui devront, une fois encore, passer à la caisse pour s’acheter leurs cigarettes. Cette augmentation vient d’être validée définitivement et doit entrer en vigueur au début de l’année.

TVA : la fraude qui coûte très cher au Maroc

La fraude à la TVA coûte chaque année entre 1 et 1,2 milliard de dirhams à l’État, a révélé Younes Idrissi Kaitouni, le directeur général des Impôts (DGI), lors de la présentation de son plan stratégique pour la période 2024-2028.

Soupçons de corruption par le Maroc au Parlement européen

Le scandale de corruption qui secoue le Parlement européen continue de livrer ses secrets. Le Maroc est, lui, aussi soupçonné d’avoir sollicité des eurodéputés pour qu’ils interviennent en sa faveur notamment sur la question du Sahara.

Les banques marocaines se disent asphyxiées par les taxes

Afin d’élargir l’assiette fiscale, le gouvernement envisage de prendre de nouvelles mesures vis-à-vis des entreprises du secteur financier. Ainsi, à partir de 2026, les banques doivent supporter un taux de 40% sur leurs bénéfices et payer 5%...

Maroc : les écoles privées veulent augmenter les frais de scolarité

Les écoles privées au Maroc menacent d’augmenter les frais de scolarité d’environ 5 %, ce qui leur permettra de récupérer le montant de l’Impôt sur le revenu (IR) pour les enseignants vacataires, qui est passé de 17 à 30 % depuis le 1ᵉʳ janvier de...

Maroc : nouvelles mesures fiscales en 2024

Au Maroc, de nouvelles mesures fiscales entrent en vigueur dès le début cette année 2024, a annoncé la Direction générale des impôts du royaume.

Maroc : l’alcool rapporte gros aux recettes de l’Etat

Selon le projet de Loi de finances 2023, le trésor public prévoit d’enregistrer des revenus venant des diverses taxes en vigueur sur la cigarette et l’alcool, de l’ordre de 14,4 milliards de dirhams.

L’inclusion des MRE à l’aide au logement passe mal

Les Marocains résidant à l’étranger (MRE) peuvent bénéficier de l’aide directe au logement au même titre que les Marocains résidant au Maroc, ce qui n’est pas du goût de bon nombre d’internautes. Certains d’entre eux n’hésitent pas à appeler à...

Location au Maroc : une hausse générale des prix

Une montée générale des prix des loyers a été observée au Maroc, que ce soit pour les appartements ou les villas et ce dans la plupart des villes. Voyons ça en détail.