Le roi Mohammed VI a annoncé lundi, dans son discours de la Marche verte, son intention de « construire une flotte marchande nationale forte et compétitive », afin d’améliorer le commerce sur la côte atlantique.
La protestation populaire est toujours d’actualité au Maroc. Le mouvement du 20 février continue de mobiliser la population dans de nombreuses villes. La nouveauté provient de certaines nouveautés qui commencent à faire irruption, notamment avec le fameux slogan : "le peuple veut la chute du régime". Ce slogan a été scandé pour quelques secondes durant une marche à Tanger et dans une assemblée générale à Casablanca plus récemment.
Huit mois se sont écoulés depuis la date du 20 février, huit mois durant lesquels le régime a tenté de calmer l’agitation avec de molles manœuvres dont le lifting constitutionnel, la libération de quelques prisonniers politiques et l’anticipation des élections législatives. Ces remaniements superficiels n’ont guère touché à l’essence des revendications : à la séparation des pouvoirs, à l’équité et à la garantie de la dignité du citoyen marocain.
Revenons à notre fameux slogan. Dans l’alliage qui constitue le mouvement, certaines composantes visent plus que la monarchie parlementaire, c’est une vérité. Le premier manifeste du mouvement a d’ailleurs été modifié, et sa première requête a été façonnée pour exiger une "constitution démocratique émanant du peuple" au lieu de "rééquilibrer les pouvoirs de la monarchie". La première est vague et porte à plusieurs interprétations, tandis que la deuxième met en exergue la présence de la monarchie dans l’arène du pouvoir.
Cette ambigüité issue de piètres calculs politiques est d’ailleurs l’un des facteurs qui ont alimenté une certaine méfiance d’une partie des marocains à l’égard du mouvement. Le régime et sa propagande n’ont guère lésiné sur les moyens pour user de ce point d’Achille. C’est ainsi qu’après huit mois, les calculs politiques commencent à s’essouffler et l’effervescence et l’excitation gagnent les rangs de certains.
Les individus qui se sont remarqués d’ailleurs par ce slogan ont commencé à clarifier "leurs intentions" de mille et une façon. On a aussi lu les déclarations de certains militants du mouvement jouant habilement sur les mots afin d’écarter toute "mauvaise interprétation" dit-on.
À ce stade de la lutte, la clarté s’impose. Une clarté à l’envers de nous-mêmes et à l’égard des citoyens marocains qui nous ont fait confiance. Si je fais partie du mouvement du 20 février, c’est pour instaurer une monarchie parlementaire, non pas pour déraciner les Alaouites du Maroc. La monarchie parlementaire constitue pour moi le compromis entre démocratie et régime monarchique. Au-delà de défendre la forme actuelle de la monarchie, j’y vois un garant de la stabilité et un frein au développement du pays. Elle doit garder la première fonction et délaisser la deuxième. Cette transition doit s’établir pacifiquement et sans engendrer d’instabilité sécuritaire au Maroc. Le mouvement du 20 février en est le meilleur outil jusqu’à présent.
Au sein du mouvement, on mène une lutte pacifique, on mobilise plusieurs villes simultanément et on s’attache à nos requêtes. Cependant, on n’a pas réussi à mobiliser le nombre souhaité des citoyens. Certains ont commencé à s’essouffler, et ce n’est pas en scandant "le peuple veut la chute du régime" qu’on encouragera les autres franges à nous rejoindre.
L’heure de la clarté a sonné, la rédaction d’un nouveau manifeste fondateur et une perception plus réaliste de nos moyens et outils sont la clé du succès. L’effervescence révolutionnaire et les combines politiques ne nous mèneront pas loin face à un rude ennemi tel le makhzen.
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