L’agence de notation internationale Moody’s Rating a confirmé vendredi la note Ba1 du Maroc, notant que les perspectives économiques du royaume « restent stables ».
La population du Maroc passera de 30 millions d’habitants (dernier recensement 2004) à 38 voire 41,9 millions en 2030, soit une croissance additionnelle de 300.000 habitants par an. A ce rythme et avec l’inversion annoncée de la pyramide des âges par les démographes, impliquant une poursuite de la forte pression sur le marché de l’emploi, la population en âge de travailler, les 18-59 ans, verra ses effectifs passer de 16,7 à 22,6 millions en 2030.
Toutefois, le Haut commissariat au plan (HCP), qui vient de publier une étude intitulée « Prospective Maroc 2030 : Quelle démographie ? », note que « le Maroc pourrait bénéficier d’une aubaine de sa transition démographique due à la baisse de la part des jeunes dans sa population ». De fait, en conséquence de l’amélioration des conditions de vie, et, partant, du niveau de « l’espérance de vie qui passera de près de 72 ans actuellement, à 77 en 2030 ». Pendant ce temps, l’effectif des jeunes de 0 à 15 ans, passerait de 8 millions en 2005, à 7 millions, « et leur poids démographique diminuerait de 30 à environ 21% », selon la projection du HCP.
Il n’empêche que ces tendances positives relevées par les projections démographiques des services de Ahmed Lahlimi Alami, cachent mal les retards accusés dans les solutions à la survie de l’enfant et de la mère. Sur ce volet, les experts du HCP parlent de conditions précaires de cette frange de la population marocaine en rapport avec les pays de niveau de développement comparable. Le taux de mortalité maternelle s’est presque maintenu entre 1994 et 2003 à près de 227 décès pour 100.000 naissances. La mortalité infantile, avant le premier anniversaire, serait de l’ordre de 48 pour 1.000 contre 21 en Tunisie et 37 en Algérie. Le trio de tête mondial est emmené par l’Islande (2), le Japon (3) et la France (4 pour 1.000). De l’avis des experts, ce gap se résorberait à la faveur de la baisse de la fécondité, qui est passée du niveau exceptionnel de 7 enfants par femme au début des années 70, à 2,5 actuellement. La tendance baissière est telle qu’on tend vers un équilibre entre le monde rural et urbain. L’indice de fécondité est de 2,1 enfants en ville contre 3,1 en campagne. De plus, les experts considèrent, dans leurs projections, des phénomènes socio-culturels nouveaux, notamment le retardement de l’âge du mariage et le recours de plus en plus fréquent à la contraception. La nuptialité a amorcé une mutation de plus en plus nette. Les adolescentes de 15 à 19 ans déjà mariées dans les années 60, étaient 6 sur 10 pour passer à 1 sur 10 à la fin des années 80. La proportion de célibataires chez les femmes de 20-24 ans qui était de 6% en 1960 est montée à 60% en 1997. Au sein de cette classe d’âge citadine, cette proportion atteint les 2/3.
Entre 8 et 11 millions d’habitants de plus
Le constat des experts du HCP est net : « L’essentiel de l’accroissement de la population appartient au passé ». L’effectif au point de départ des projections, en 2004, est estimé à 30 millions. Selon les scénario, qui apparaît le plus plausible au HCP et qui reflète le passage progressif à une fécondité inférieure au seuil de remplacement des générations -moins de 2 enfants par femme-, la population ne devrait augmenter que de 8 à 11 millions de personnes. Dans le cas d’une fécondité restée à l’équilibre (2,1 enfants par femme), la projection du HCP situe la population du Maroc à 41,9 millions en 2030.
L’Economiste - Bachir Thiam
Ces articles devraient vous intéresser :