Ses conjoncturistes prévoient déjà une évolution de près de 4 points pour porter cette croissance à 6,1%. Mieux, « cette hausse aurait pu être plus importante si ce n’est les efforts consentis par les pouvoirs publics pour absorber l’inflation importée et les effets, parfois inflationnistes, de l’afflux massif des capitaux en provenance de l’étranger », s’enthousiasme le HCP.
Toutefois, les services de Ahmed Lahlimi Alami s’attendent à une légère accentuation de l’inflation durant l’année. Ce qui les fait noter dans leur rapport que « le prix implicite du PIB s’accroîtrait de 3% » en 2007, en lieu et place de 2,3% précédemment annoncé.
Sollicité par L’Economiste pour lecture du communiqué du HCP, « la mauvaise conscience du gouvernement El Fassi », le Centre marocain de conjoncture en l’occurrence, s’est refusé à tout commentaire. Mais il avance cependant « qu’il ne s’agit-là que d’estimation ».
Estimation, le mot est lâché. Car, en effet, le HCP, le ministère des Finances comme le CMC fondent leurs études sur des estimations, qui, fatalement, sont toutes différentes. Là où le HCP prévoit une croissance de 2,2%, le CMC persiste à croire que celle-ci ne dépasserait pas 1%. Ce qui, avec la marge d’erreur tolérée de 0,5 point, correspondrait à leur prévision de départ d’une croissance de 0,4%. Une différence de plus de 1 point, entre les deux écoles, c’est énorme. A quel saint se vouer ?
Difficile à dire, d’autant plus que les estimations annoncées par les trois institutions pour la croissance 2008 diffèrent souvent jusqu’à plus de 1 point.
Ainsi, les 6,1% du HCP se transformeraient par miracle en 6,5% pour la loi de Finances 2008 et 5,3% selon le CMC. Ont-ils le même référentiel économique ?
Pour le CMC, les hypothèses des deux institutions publiques « sont trop optimistes » et basées sur des « données erronées ». Peut-on arriver au même résultat selon que le prix des hydrocarbures est estimé à 75 ou 100 dollars ? Certes, notre économie a été affectée par la décélération du commerce international et le spectre de récession planant sur une bonne partie des économies développées. Mais pour le HCP, la forte demande intérieure devait permettre d’atteindre les 6,1% annoncés. La croissance mondiale va ralentir à 3,3% et les prévisions sont de 1,9% pour les Etats-Unis. Les observateurs sont unanimes à reconnaître que les politiques les mieux conçues se fondent toujours sur les conditions locales.
A noter que la formation brute du capital fixe dépasserait pour la première fois le seuil de 200 milliards de DH, soit une évolution de 12,8%. Ce qui représenterait 32,2% du PIB en 2008.
Est-ce la faute à la pluie ?
Pour le HCP, les facteurs favorables ont, entre autres, pour nom une campagne agricole prometteuse. La production moyenne est estimée à 60 millions de quintaux pour les cultures céréalières, contre 20 millions en 2007. Ce qui le cas échéant correspond à une année normale. « Ce n’est pas le cas ». Selon le HCP, la forte croissance attendue viendrait du secteur primaire avec près de 12,5%, reléguant aux oubliettes la baisse estimée de 19,4% en 2007. De même, le secteur secondaire et les services ont cru respectivement de 5,8% et de 4,8%.
Source : L’Economiste - B.T.