
L’invitation lancée par Emmanuel Macron à Mohammed VI pour le Salon International de l’Agriculture à Paris, du 22 février au 2 mars, ressemble à une tentative de déminer un terrain glissant. Si le roi du Maroc accepte, ce sera sa première visite...
Cahin-caha, le Maroc tient tête à la crise. C’est en substance ce qui ressort de la toute dernière note de conjoncture publiée par la direction des études et des prévisions financières (DEPF). Selon elle, les impacts de la crise internationale sur le pays « seraient modérés et même neutralisés ».
Derrière cette résilience de l’économie nationale, deux atouts, et non des moindres : un secteur financier jugé « solide » doublé d’« une situation budgétaire globalement consolidée ». Et les chiffres annoncés semblent en effet le confirmer. Ainsi, l’économie nationale a enregistré un taux de croissance annuel estimé à 5,8% en 2008. Les conjoncturistes tablent même sur une accélération de la croissance, qui devrait passer à 6,6% au terme du premier trimestre 2009, ce qui reste quand même une petite baisse par rapport au 1er trimestre de 2007 (+7%).
Le Haut commissariat au plan (HCP) et les Finances affirment que ce train de croissance élevé viendra de l’agriculture. Un autre avantage réside dans « le dynamisme de la demande intérieure ». En effet, la consommation des ménages continue à croître, dans un contexte marqué pourtant par la hausse des prix. « La hausse des crédits à la consommation de 26,6% à fin novembre en glissement annuel confirme cette situation », indique la note.
Investissements et prêts privés étrangers ont réussi, pour leur part, à totaliser 27 milliards de DH, dont 80,8% réalisés au niveau des seuls investissements étrangers directs (IDE). La situation des finances publiques, au terme des 11 premiers mois, est restée globalement bonne. Elle s’est traduite par une amélioration des recettes fiscales, notamment celles produites par l’impôt sur les sociétés et sur les revenus. De fait, malgré certaines régularisations (alourdissement des dépenses de compensation, entre autres), un excédent global de 3,2 milliards de DH a toutefois été dégagé à fin novembre 2008.
Au niveau de la masse monétaire, celle-ci s’est inscrite en hausse de 8,4% en 2008. Une performance à mettre sur le compte de l’embellie au niveau des crédits à l’économie, notamment ceux destinés à l’immobilier (+35,5%), à la consommation (+26,6%), à l’équipement (+18,1%) et aux facilités de trésorerie (+14,8%).
Le marché financier a cependant été éclaboussé par les soubresauts boursiers à l’international. Pour la première fois depuis cinq ans, la place casablancaise a clôturé l’année 2008 sur des contre-performances annuelles de -13,5% pour le Masi et de -13,4% pour le Madex. Un revirement de tendance principalement provoqué par le climat d’incertitude qui règne sur le marché et qui rend inévitables les corrections techniques de ce type.
Catastrophe sur le commerce extérieur
Toutefois, malgré ce climat globalement favorable, les conjoncturistes de la DEPF continuent d’appeler à la prudence. Pour eux, les incidences de la crise pourraient à tout moment contaminer « de manière indirecte » l’économie du pays. Un scénario qui pourrait être généré par le « ralentissement de l’activité économique des partenaires commerciaux du Royaume ».
D’ailleurs, certains secteurs « fragiles » commencent déjà à accuser le coup. En effet, le tourisme a terminé sur des recettes en repli de 1%. Idem pour les exportations de textile qui s’affaissent de 10,2% par rapport à l’année dernière. Dans le même sillage, la balance commerciale voit son taux de couverture pour les transactions de biens et services (FOB/FOB) descendre à 72,7% à fin novembre 2008, contre 79,3% à la même période en 2007. Du coup, le solde de la balance des paiements poursuit sur sa tendance déficitaire.
Source : L’Economiste - Mohamed Mounadi
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