Des activistes marocains ont lancé sur les réseaux sociaux, une campagne pour demander la révocation des présidents des fédérations sportives n’ayant remporté aucune médaille lors des Jeux olympiques de Paris.
L’athlétisme a toujours été un point fort pour le Maroc lors des rencontres internationales. Alors que tous les athlètes, à l’exception de trois boxeurs, ont été éliminés des autres disciplines, les Marocains fondent leurs espoirs de médailles sur leurs stars de l’athlétisme.
Alors que les compétitions d’athlétisme débuteront ce vendredi 15 août à Pékin, la sélection olympique marocaine, forte de vingt-neuf athlètes, espère renouveler les exploits de la superstar Hicham El Guerrouj, aujourd’hui retiré.
Les espoirs de médaille du Maroc reposent sur Hasna Benhassi, médaillée d’argent lors du 800 m dames à Athènes, et sur le double champion du monde du marathon, Jaouad Gharib.
Les participants aux épreuves d’escrime, de judo et de natation ont tous été éliminés, et les espoirs reposent désormais sur l’athlétisme et la boxe, où trois boxeurs sur les dix engagés restent en course.
En athlétisme, les Marocains espèrent retrouver l’éclat d’il y a quelques années, en renouant avec les titres de champions olympiques, même si les "gros calibres" comme Hicham El Guerrouj sont absents. La majorité des athlètes de cette année participent pour la première fois à des Olympiades.
Les responsables marocains essaient depuis fin 2006 de préparer la relève en choisissant une équipe d’athlètes à fort potentiel. Selon la Fédération Royale Marocaine d’Athlétisme, le gouvernement a misé sur le développement des infrastructures sportives et sur la réforme du système d’évaluation des sportifs et des entraîneurs.
Le directeur technique national Mustapha Aouchar a déclaré à Magharebia que le Maroc avait travaillé à assurer les conditions adéquates à ses coureurs, afin qu’ils puissent réaliser leurs aspirations à Pékin. "Nous avons lancé ce programme en 2007", explique M. Aouchar, "et demandé à nos coureurs de réduire leurs participations à des compétitions internationales."
"Notre objectif était de les aider à économiser leur énergie pour ces Jeux Olympiques", a-t-il poursuivi, ajoutant que le gouvernement marocain avait consenti des bourses aux athlètes pour compenser les pertes financières de cette moindre participation.
Les athlètes marocains ont pu ainsi se concentrer strictement sur les compétitions nécessaires pour assurer leur qualification aux JO.
M. Aouchar ne faisait cependant pas montre d’un optimisme immodéré.
"Naturellement, la concurrence sera féroce", explique-t-il. "A chaque olympiade, les performances des athlètes s’améliorent. Les coureurs que nous craignons le plus sont les coureurs africains, en particulier les Ethiopiens et les Kenyans, ainsi que les coureurs de Russie."
Avant de s’envoler pour Pékin, Hasna Benhassi, médaillée d’argent à Athènes et deuxième du 800 m steeplechase lors des championnats du monde 2007 à Osaka, au Japon, a déclaré à la presse qu’elle fondait de grands espoirs pour ces Jeux Olympiques.
"J’ai une grande expérience", a-t-elle expliqué, "et à Pékin, si Meriem Selsouli et moi parvenons à atteindre la finale du 1500 m, nous allons certainement établir une tactique à l’instar des championnes russes qui dominent depuis quelques années cette épreuve. Aux Mondiaux ou aux Olympiades, c’est le drapeau national qui passe en premier."
Selsouli – une athlète de fond qui a établi un nouveau record personnel au 5 000 m lors des qualificatifs pour Pékin – ne cache pas son ambition : "C’est ma première participation aux Jeux Olympiques. Mon objectif sera de décrocher une médaille", affirme-t-elle simplement.
Pour Jaouad Gharib, Pékin constitue une autre chance d’afficher son statut de champion sur les pistes olympiques. Couronné champion du monde du marathon à Helsinki et en France, Gharib avait dû se contenter de la onzième place lors des JO d’Athènes, en 2004.
Le Maroc fonde également ses espoirs sur le coureur Amine Laalou, classé onzième au tableau mondial de l’Association Internationale des Fédérations d’Athlétisme dans la catégorie du 800 m messieurs.
Laalou avait entamé sa carrière sportive comme joueur de basket, avant d’être repéré par l’entraîneur d’athlétisme marocain Najat Ben Talha, qui l’avait convaincu de passer à la course. Athlète talentueux sur 800 m, Laalou avait une première fois brillé en 2004, lorsqu’il s’était qualifié pour la demi-finale à Athènes, en un temps de 1:47.52. Depuis, il a amélioré ses performances et a été sacré lors de la troisième étape de la Golden League à Rome en 2006, avec un temps final de 1:43.25, un record personnel.
Au 1 500 m, dont El Guerrouj détient le record du monde depuis 1998, Abdelaati Iguider, un coureur de 21 ans, s’est distingué comme le principal espoir de médaille pour le Maroc.
L’IAAF classe Iguider quatrième mondial au 1 500 m, derrière trois coureurs du Kenya. Il avait remporté une deuxième place sur cette distance lors de la Golden League à Rome, derrière le Kenyan Asbel Kiprop, et remporté les championnat du monde juniors à Grosseto, en Italie, en 2004.
Iguider espère conserver le record du monde pour le Maroc dans cette épreuve, suivant les pas d’El Guerrouj et de Saïd Aouita, qui avait établi le record à Berlin en 1985.
Au 1 500 m haies, le Marocain Mohamed Moustaoui, huitième mondial, pourrait bien réserver une surprise à ses supporters.
Le professeur d’éducation physique Faouzi Bourja a expliqué à Magharebia qu’il était temps pour les responsables d’agir, après le passage du Maroc du 11ème rang mondial au 28ème à Osaka en 2007.
"L’athlétisme a déjà produit de nombreux champions de renom", a-t-il expliqué. "Le palmarès marocain se targue déjà de dix-neuf médailles dans l’histoire des Jeux Olympiques. A Pékin, il faut que les athlètes marocains donnent le meilleur d’eux-mêmes, sinon on rentrera bredouille au bercail."
Les supporters suivront très certainement les épreuves d’athlétisme avec grand intérêt. Karim Imrane, entraîneur dans une salle de sport, affirme que l’une des valeurs sûres de l’équipe marocaine est bien entendu Hasna Benhassi, même si elle devra affronter de redoutables concurrentes telles que la Kenyane Janeth Jepkosgei, championne du monde 2007 à Osaka.
L’enseignant Amine Fadili a déclaré à Magharebia que l’athlétisme marocain connaît une période de transition, et que les Marocains doivent être patients.
"Je souhaite du fonds du cœur que le Maroc décroche au moins deux médailles en athlétisme. Mais les responsables de la fédération l’ont eux-mêmes affirmé : le premier bilan devra se faire dans quatre ans. On s’attend à des résultats probants en 2012", ajoute-t-il.
Source : Magharebia - Mawassi Lahcen
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