Coopération statistique : Bientôt un accord entre Rabat et Bruxelles

1er décembre 2007 - 00h20 - Economie - Ecrit par : L.A

Le Maroc et l’Office européen des statistiques (Eurostat) vont signer prochainement un « memorandum of understanding » pour renforcer et développer les échanges de données statistiques dans le cadre de Medstat, un programme régional Euromed de coopération statistique lancé en 1996. Une coopération qui jusqu’à présent n’a pas permis d’enregistrer des progrès notables en raison notamment des différences de niveau de préparation et de volonté politique de chacun des pays Meda. Le Maroc, en ce qui le concerne, semble ne pas s’en tirer trop mal. Il milite pour une coopération la plus large possible.

Dès le début du Processus de Barcelone, en 1995, les 27 partenaires Euromed ont eu l’intelligence de reconnaître l’importance des statistiques et de la nécessité de promouvoir la coopération dans ce domaine. Les pays en développement éprouvent, il est vrai, des difficultés à fournir des statistiques répondant aux normes et critères internationaux.
Pour aider les pays partenaires de la Méditerranée à surmonter ces handicaps, la Commission a lancé depuis une dizaine d’années le programme régional Medstat. Son ambition : harmoniser les méthodologies statistiques avec les normes et standards européens et internationaux et améliorer la cohérence des données statistiques dans les pays Meda. Medstat porte actuellement sur 9 secteurs (agriculture, tourisme, énergie, environnement, comptes nationaux, commerce, social et migration).

Avec une exception toutefois en ce qui concerne la migration. « L’aide de l’UE se limite à apporter une assistance technique pour améliorer les capacités des partenaires pour la production de telles données mais il n’y a aucune donnée statistique sur les migrations dans Medstat », souligne Jesus Lavina, chef de l’unité « Environnement et statistiques » à la Commission européenne. Pourquoi une telle restriction ? « C’est le résultat d’un accord entre la Commission et les pays Meda. Les migrations sont un dossier politique assez délicat aussi bien du côté européen que du côté maghrébin et subsaharien ». D’après le fonctionnaire européen, les pays Meda ne sont pas disposés à fournir des données dans ce domaine. « C’est non seulement assez difficile de recueillir de telles données mais c’est encore plus difficile de les partager... », explique-t-il.

A côté des 9 secteurs thématiques de coopération trois secteurs horizontaux de coopération sont également prévus : la formation (des directeurs généraux des instituts statistiques jusqu’aux techniciens de tous les instituts de statistiques), le système d’information (production de rapports, informatisation, mise en place de sites web, création d’une base de données alimentée pour chacun des pays Meda par des données recueillies dans les 9 secteurs précités) et la diffusion des statistiques. « Pour encourager la coopération régionale et les transferts sud-sud des bonnes pratiques, nous utilisons le système des expériences partagées et le Maroc, qui est un des pays les plus avancés dans ce domaine, est appelé souvent à faire démonstration de ses expériences réussies », précise Lavina.

Jusqu’ici les partenaires Euromed se sont focalisés sur des travaux d’identification des besoins ainsi que sur les domaines possibles de coopération et des « feuilles de route » pour chacun des pays partenaires ont été établies pour la période allant jusqu’en janvier 2009. L’objectif à long terme étant d’appliquer ces « feuilles de route » à toutes les stratégies en matière de statistiques de chacun des pays. L’importance de l’échange durable de données dans la région Euromed et le renforcement du partenariat entre la Commission et les instituts nationaux de statistiques des pays méditerranéens est reconnu par tous comme une priorité des travaux futurs. Eurostat a proposé de formaliser ces progrès à travers la signature d’un « Protocole d’accord ». Jusqu’à présent seuls le Maroc et la Palestine sont prêts à apposer leur signature d’ici la fin de 2007. Pour des raisons juridiques et institutionnelles, d’autres devraient le faire plus tard tandis que d’autres se limiteront au paraphe d’un simple « gentleman’s agreement ».

Séries statistiques

Doté de 20 millions d’euros sur 5 ans, le programme régional Medstat I (1996-2003) a porté sur sept secteurs thématiques (le commerce, le transport, les migrations, le tourisme, l’environnement, les comptes nationaux et l’énergie) et trois secteurs horizontaux (la formation, le système d’information et la diffusion). Ce premier programme a été suivi en 2006 d’une deuxième phase (Medstat II) pour un montant de 30 millions sur trois ans. Comprenant deux nouveaux sous-programmes Medsoc (statistiques sociales) et Medagri (agriculture), celui-ci a pour objectif de consolider les résultats obtenus dans le cadre du programme précédent et d’étendre sa portée ainsi que de produire des séries statistiques harmonisées au niveau national et régional afin d’accompagner l’établissement d’une zone de libre-échange Euromed. En mai 2007, Medstat II a publié son premier rapport en trois langues (anglais, français et arabe) sur les statistiques euro-méditerranéennes 2006. Il présente plus de quatre-vingts tableaux de données statistiques concernant les 10 pays Meda ainsi que ceux relatifs aux 25 Etats membres de l’UE de l’époque et à 3 pays de l’AELE (Islande, Norvège, Suisse).

L’Economiste - Aziz Ben Marzouq

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Sujets associés : Union européenne - Coopération

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