Selon les projections du ministère, l’USFP arrivera en tête avec 49 sièges sur les 325 que compte la Chambre des représentants. Ce parti, qui a remporté 45 sièges au titre des "listes locales", aurait obtenu, selon le ministère, quatre sièges supplémentaires dans la "liste nationale" réservée aux femmes.
L’Istiqlal (PI, nationaliste), qui gagnerait 4 sièges issus de la liste nationale, obtiendrait un total de 47 sièges, suivi du Rassemblement national des indépendants (RNI, centre droit) avec 41 sièges (dont 3 nouveaux sièges de la liste nationale), ex-aequo avec les islamistes du Parti justice et développement (PJD).
L’USFP aurait sans doute la possibilité de reconstituer une majorité parlementaire, si le roi Mohammed VI le lui demandait, avec l’appui de ses principaux alliés de l’actuelle coalition, l’Istiqlal et le Rassemblement national des indépendants.
Selon la Constitution marocaine, le roi désigne un Premier ministre qui a la charge de rechercher une majorité parlementaire et de proposer la nomination d’une équipe gouvernementale. Dans le passé, quatre portefeuilles ministériels importants étaient cependant pourvus directement par le roi : Intérieur, Affaires étrangères, Justice et Affaires islamiques.
Une importante progression des islamistes modérés du Parti Justice et Développement (PJD), qui obtiendraient 41 sièges sur 325 dans la Chambre des représentants contre 14 actuellement, a été confirmée. Ce parti occuperait, selon les chiffres encore provisoires, la troisième place dans le nouvel échiquier politique, derrière l’USFP et l’Istiqlal, ex-aequo avec le Rassemblement national des Indépendants (RNI, centre-droit).
Le PJD, qui avait laissé entendre qu’il accepterait de participer au gouvernement, a précisé dimanche soir qu’il refuserait de le faire dans le cadre d’une équipe dirigée par les socialistes de l’USFP. Saâd Eddine Othmani, secrétaire général adjoint du PJD, a indiqué à l’AFP que cette position s’explique par des "divergences dans les programmes".
Ce parti rappelle qu’il avait décidé de ne présenter des candidats que dans 56 circonscriptions sur les 91 que compte le pays, pour éviter "un raz-de-marée qu’on aurait été incapable de supporter politiquement aussi bien à l’intérieur du pays qu’à l’étranger".
"Le scénario algérien, c’est la phobie de tous les Marocains aujourd’hui", avait expliqué Abdelilah Benkirane, l’un des dirigeants du PJD, en référence au raz-de-marée islamiste qui avait été à l’origine de l’intervention de l’armée en Algérie, en 1991, ouvrant un cycle de violences dans lequel le pays s’est enlisé.
La poussée du vote islamiste au Maroc est couramment interprétée comme un "vote-sanction" contre les formations politiques traditionnelles et le signal d’un important malaise social dans ce pays où un large secteur de la population reste frappé par la pauvreté, l’analphabétisme, le chômage et la prolifération de l’habitat insalubre.
Le faible taux de participation annoncé, 52% contre 58,3% en 1997, est également interprété comme un signe de désintérêt et de mécontentement populaire. L’association islamiste Al Adl Wal Ihssane (Justice et bienfaisance), la plus influente dans le pays, avait implicitement appelé au boycottage des élections, comme l’avaient fait certains mouvements d’extrême gauche.
Un bon score du PJD au scrutin législatif n’aura "aucun impact" sur la vie politique nationale, avait assuré samedi Fathallah Arsalane, un porte-parole de cette association tolérée mais non reconnue officiellement. "Le scrutin s’est déroulé dans le cadre d’une Constitution qui prive le gouvernement de ses prérogatives", a-t-il dit.
Le scrutin de liste à la proportionnelle, adopté pour la première fois lors de cette élection, a eu pour conséquence - attendue - l’accentuation du morcellement de la carte politique marocaine. Les 284 sièges attribués dans le décompte provisoire vont à 22 formations politiques différentes contre 15 dans l’actuelle Chambre des représentants.
Un peu plus de 14 millions de Marocains avaient été appelés aux urnes vendredi pour ces élections dont les autorités veulent faire un symbole de la "démocratisation" du royaume. Elles se sont généralement déroulées dans le calme et n’ont été perturbées que par des incidents localisés et quelques tentatives de fraude.
Le roi du Maroc Mohammed VI et le chef du gouvernement sortant Abderrahmane Youssoufi avaient insisté sur leur volonté d’assurer l’honnêteté et la transparence du processus électoral. Les principaux responsables politiques se sont félicités des conditions dans lesquelles ces élections se sont déroulées, contrastant avec les fraudes du passé.
AFP