Un conseil d’affaires Maroc-UE en gestation

19 décembre 2008 - 20h53 - Espagne - Ecrit par : L.A

Une nouvelle instance pour booster les échanges commerciaux Maroc-Union européenne. Une initiative de la Confédération générale des entreprises du Maroc (CGEM) lors de la réunion mixte annuelle des confédérations patronales marocaine et espagnole (CEOE), à Madrid lundi 15 décembre. Moulay Hafid Elalamy, président de la CGEM, propose aussi que l’organisation patronale espagnole soit l’un des promoteurs de ce conseil d’affaires.

Pour Elalamy, la mise en place de ce nouveau cadre institutionnel permettra de renforcer les liens avec les patronats européens. « Ce conseil devra être un rendez-vous permanent pour examiner les problématiques liées à l’investissement et aux accords de libre-échange », explique-t-il.

Les deux fédérations ont d’ailleurs cosigné une lettre adressée au patronat européen. Le fonctionnement du futur conseil sera inspiré du modèle du comité d’affaires maroco-espagnol. L’objectif est de proposer des sommets au niveau des chefs d’Etat. Déjà la première sortie du nouveau conseil d’affaires est prévue pour le premier semestre 2009, avec l’organisation d’un forum économique Maroc-Union européenne.

Alors, investir au Maroc pourrait-il être une vraie bouée de sauvetage pour l’économie espagnole ? Pourquoi pas. En se déplaçant massivement à Madrid, les patrons marocains s’étaient fixés pour mission de convaincre les investisseurs ibériques que c’est au Maroc qu’une partie de leur avenir va s’écrire. Les relations Maroc-UE et les effets de la crise internationale sur les économies des deux pays ont d’ailleurs été au cœur des débats.

« Le Maroc représente pour nous, investisseurs espagnols, une destination prioritaire. D’ailleurs, à la faveur du Statut avancé, il va devenir le premier partenaire économique de la rive sud de la Méditerranée », explique Carlos Perez de Bricio, vice-président de la CEOE. Elalamy renchérit en rappelant la qualité des relations économiques entre les deux Royaumes. « En quelques années, l’Espagne est devenue le 2e client et le 2e fournisseur du Maroc. Et la crise actuelle ne remet pas en cause les fondements de la coopération entre les deux pays », déclare-t-il.

Si l’économie espagnole traverse en ce moment une profonde crise, celle du Maroc, elle, brille par la bonne santé de ses fondamentaux. Comme le rappelle Mohamed Kettani, PDG d’Attijariwafa bank. « Après une période de fortes fluctuations dans les années 1990, la croissance au Maroc connaît actuellement des taux respectables. Une croissance revigorée par la demande intérieure », explique-t-il. Ce dernier n’a pas manqué d’évoquer les performances du Maroc en matière de gestion de l’inflation, d’équilibre budgétaire, de l’épargne et d’investissement… Autant d’arguments en faveur du renforcement du partenariat entre l’Espagne et le Maroc.

Mais comment concrétiser les opportunités d’affaires entre les deux pays voisins ? Des secteurs porteurs ont été identifiés de part et d’autre : eau, énergies renouvelables, tourisme, immobilier, logistique, matériaux de construction… Seules restrictions, l’assurance et la banque qui restent hermétiques aux investisseurs étrangers.

Alors quel bilan tirer du déplacement des hommes d’affaires marocains en Espagne ? Positif, selon les dirigeants de la CGEM. « Notre rôle est de faciliter les démarches des entreprises espagnoles qui veulent investir au Maroc », affirme Saâd Kettani, coprésident du comité CGEM-CEOE. Une mission de taille et appréciée. Pour preuve, dans la soirée et à la veille de la 9e réunion du comité d’affaires hispano-marocain, les hommes d’affaires des deux pays ont été reçus par le roi Juan Carlos. « C’est un signal fort pour le Maroc », explique Mohamed Benamour, président de KTH-KTI.

Recette anticrise

La situation financière internationale et ses répercussions sur l’économie espagnole a été ensuite passée au crible par Juan Iranzo, directeur général de l’Institut des études économiques. « En 2009, la croissance sera essentiellement centrée sur les pays émergents, tandis que dans les pays de l’OCDE, nous nous acheminons vers une stagnation et, dans certains cas, la récession. Nos espoirs d’exportation et d’internationalisation vont donc se porter sur des pays hors de l’OCDE », a-t-il annoncé. Il a également expliqué que, à cause du problème des liquidités, les capitaux se sont rabattus sur les matières premières, qui, de ce fait, sont devenues des valeurs refuges. C’est ce qui explique justement la flambée de leurs cours au niveau international. « Pour relancer la machine économique, la Banque centrale européenne (BCE) sera obligée de réduire, en février 2009, son principal taux d’intérêt directeur à 2% », affirme Iranzo. Pour ce dernier, si l’économie espagnole a ses points forts et ses points faibles. Et pour sortir de cette mauvaise passe, Iranzo propose quelques mesures : régler le problème de la compétitivité du pays, en limitant les dépenses publiques et en focalisant sur les dépenses d’investissement productif. Il s’agit aussi d’abaisser les impôts, les cotisations sociales, de réformer la législation de l’emploi, de réorganiser l’unité de marché au sein de l’UE…

Source : L’Economiste - Hassan El Arif

Bladi.net Google News Suivez bladi.net sur Google News

Bladi.net sur WhatsApp Suivez bladi.net sur WhatsApp

Sujets associés : Espagne - Union européenne - Investissement - Moulay Hafid Elalamy - Crise économique

Ces articles devraient vous intéresser :

Camions attaqués en Europe : le Maroc hausse le ton

Le ministre marocain des Affaires étrangères, Nasser Bourita, a dénoncé lundi les récentes attaques d’agriculteurs européens contre des cargaisons de fruits et légumes marocains, faisant observer que l’Union européenne (UE) tire davantage profit de...

Avocat : le Maroc a un redoutable concurrent

Les avocats produits au Maroc sont très prisés en Europe en raison de plusieurs avantages concurrentiels. Mais le royaume a désormais un redoutable concurrent.

Le Maroc s’oppose catégoriquement à la décision de la Cour de justice européenne

La Cour de justice de l’Union européenne (CJUE) a rendu vendredi une décision concernant les accords agricoles et de pêche entre l’UE et le Maroc. Rabat conteste fermement cette décision, la jugeant non applicable et entachée d’erreurs.

Voyager en Europe : les nouvelles règles qui concernent aussi les Marocains

Les voyageurs marocains et d’autres nationalités sont appelés à respecter des règles strictes concernant les liquides et les gels dans les bagages à main qui entrent bientôt en vigueur dans les aéroports de l’Union européenne (UE).

Orange Maroc : A fond dans la 5G et la fibre

Le groupe Orange ambitionne de renforcer ses investissements au Maroc où il emploie déjà quelque 3 500 personnes. Le géant français des télécoms place le royaume au cœur de sa stratégie d’expansion en Afrique et au Moyen-Orient.

La Société générale se sépare de sa filiale marocaine

Les négociations sont très avancées pour le rachat par le groupe Saham Finances, fondé et dirigé par l’ancien ministre de l’Industrie et du Commerce, Moulay Hafid Elalamy (MHE) d’une grande partie de la société générale du Maroc.

Une feuille de route ambitieuse pour le tourisme marocain

Le Maroc va investir cette année 8 milliards de dirhams dans l’hébergement touristique, ce qui lui permettrait de disposer de 7 700 lits supplémentaires, a déclaré lundi Fatim Zahra-Ammor, la ministre du Tourisme, de l’Artisanat et de l’Économie...

Le Maroc facilite encore plus la création d’entreprise

Le gouvernement marocain a franchi un pas important vers la simplification des démarches administratives pour les entrepreneurs. Jeudi 30 mars, le Conseil de gouvernement a approuvé un projet de décret fixant les modalités et les procédures de création...

Les confidences de Moulay Hafid Elalamy sur le rachat de Société Générale Maroc

Lors d’un échange à bâtons rompus avec des étudiants de l’ESSEC Paris le 12 juin, Moulay Hafid Elalamy est revenu sur son parcours professionnel et en politique ainsi que sur le rachat en cours de Société Générale Maroc.

Données bancaires des MRE : Le Maroc négocie avec l’OCDE

Le Maroc est en pourparlers avec l’UE en vue d’une application harmonieuse du traité OCDE/G20 sur l’échange automatique des données bancaires à des fins fiscales.