Depuis l’accueil remarqué du chef du Polisario Brahim Ghali à la Conférence internationale de Tokyo sur le développement de l’Afrique (TICAD), les relations entre Rabat et Tunis se sont refroidies. À cause de la question du Sahara, l’Algérie, protectrice du mouvement indépendantiste, fait du chantage à Tunis afin de le dresser contre le Maroc.
Dans un article consacré à la géopolitique dans le Maghreb, le journal Le Monde évoque le « geste protocolaire » du président tunisien Kaïs Saïed qui a accueilli le chef des séparatistes Brahim Ghali à son arrivée à Tunis pour participer à la TICAD et fait remarquer « la servilité tunisienne à l’égard des injections algériennes ». Une remarque que fait également Nizar Derdabi, ancien officier supérieur de la gendarmerie royale et expert en question de sécurité. « La Tunisie a clairement perdu sa souveraineté en matière de politique étrangère, a-t-il déploré. Il est clair que le régime algérien lui dicte désormais sa volonté, en tout cas sur le dossier du Sahara. »
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Après avoir énuméré les actions – dont le « coup de Gafsa » en 1980 – de l’Algérie pour tenir en laisse la Tunisie depuis des années, le journal français rapporte qu’Alger a « continué d’actionner deux moyens de pression afin de sécuriser le verrou tunisien. En premier lieu, l’arme du gaz algérien dont la Tunisie tire 99 % de son électricité. Et, en second lieu, la fermeture de la frontière pénalisant lourdement l’économie tunisienne, en particulier le secteur touristique ». L’accueil de Brahim Ghali « a marqué un tournant ». « […] Les Algériens ont-ils obtenu ce qu’ils attendaient de Kaïs Saïed ?, se demande Le Monde. Et d’ajouter : « Il y a tout lieu de le penser au regard des gestes qui ont suivi. Alger rouvrait le 15 juillet la frontière, sauvant ainsi la saison touristique tunisienne, et livrait le 21 juillet à Tunis l’ancien chef des services secrets tunisiens, Lazhar Longo, en fuite sur le sol algérien. »