« En l’absence d’une communication officielle transparente et crédible, les interprétations des raisons et de la teneur de la visite en Algérie du ministre tunisien des Affaires étrangères apparemment pour s’expliquer, selon des personnes censées être mieux informées que d’autres, sur la suspicion que nourrissent certains cercles algériens d’une tentation tunisienne de normaliser les relations avec le voisin marocain et l’État d’Israël, est d’une gravité qui mérite qu’on s’y arrête pour en mesurer la signification et la portée », a dénoncé Elyes Kasri dans une tribune publiée par le site Kapitalis. Mercredi, le chef de la diplomatie tunisienne Nabil Ammar a été reçu par le président algérien Abdelmadjid Tebboune.
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Cette convocation n’est pas du goût de l’ancien ambassadeur qui l’interprète comme « un procès d’intention doublé du sentiment de détenir un droit de regard sur la politique étrangère de la Tunisie dont on commence à zapper inconsciemment l’indépendance et la souveraineté pour la considérer comme le disent certains impertinents de 59ᵉ wilaya algérienne. » « Si la diplomatie tunisienne a commis de nombreux impairs et erreurs d’appréciation au cours des dernières années, le tilt trop poussé en direction de l’Algérie et les relations inégales avec ce voisin semblent se ranger au sommet des erreurs diplomatiques pour présenter les attributs d’une faute, pour ne pas dire autre chose, envers la souveraineté nationale », analyse Elyes Kasri.
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L’ancien ambassadeur de la Tunisie à Séoul, New Delhi, Tokyo et Berlin, se montre par ailleurs favorable à la normalisation des relations entre son pays et le Maroc. « Quels que soient les griefs que certains reprochent au Maroc, il ne faut pas oublier le passé et son rôle salutaire lorsque des terroristes en provenance de Libye via l’Algérie ont attaqué Gafsa en janvier 1980, ni l’avantage stratégique que nous confèrerait un rétablissement des relations de coopération et de confiance avec ce pays frère avec lequel nous avons de nombreuses affinités même si elles peuvent être chahutées des fois par une compétitivité qui peut être considérée débordante et parfois excessive. », a-t-il rappelé.
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Et de conclure : « Il est grand temps de revoir les choix diplomatiques et stratégiques des dernières années, car ils nous mènent vers l’isolement et l’impasse et font de la Tunisie un fruit mûr pour toute tentation de domination extérieure en lui imposant des choix qui vont à l’encontre de ses moyens et de ses intérêts. »