Code de la famille : La femme du Maroc d’en bas

13 janvier 2004 - 14h47 - Maroc - Ecrit par :

Le nouveau code de la famille, dont S.M le Roi a souligné les grandes lignes dans son discours d’ouverture de la session parlementaire du vendredi 10 octobre, va incessamment entrer en vigueur.

Salué par les observateurs marocains et étrangers comme une avancée de taille qui consacre le principe d’égalité entre l’homme et la femme, ce code a permis au Maroc de faire un grand bond en avant sur la voie de la modernité. Texte qualifié par certains de révolutionnaire qui prend en compte les exigences de la modernité tout en respectant l’esprit de la Chariâa, la Moudawana répond dans une large mesure aux revendications de la femme marocaine notamment par rapport à la question de la polygamie dont les militantes féministes ont longtemps réclamé l’interdiction. Dans le cadre de cette nouvelle réforme volontariste et audacieuse, celle-ci n’est plus un droit pour l’homme soumise qu’elle est maintenant à l’autorisation du juge.

En un mot, les nouvelles dispositions apportées par la nouvelle réforme sont de nature à installer un nouvel équilibre au sein de la cellule familiale et des relations claires entre les deux partenaires. En fait, la Moudawana vue et corrigée vise à travers les modifications introduites à garantir les droits de la femme qui, sous l’ancien texte, se retrouve souvent sans moyens de défense ni de subsistance en cas de divorce. La situation se révèle particulièrement dramatique pour l’épouse lorsqu’elle n’est pas économiquement autonome et doit élever toute seule ses enfants. Le nouveau texte concourt dans sa finalité à lever l’injustice faite à la moitié de la société et à la rétablir dans ses droits fondamentaux de partenaire à part entière. Cela dit, la femme marocaine est plurielle en ce sens où les profils différèrent et les problèmes aussi selon qu’elle vit dans le Maroc des villes ou dans celui des champs.

La femme urbaine est instruite, dispose d’un emploi et accède aux attributs de la modernité. Ce qui n’est pas le cas de la femme rurale qui, victime de l’analphabétisme, travaille durement, souvent plus que le mari, et ce sans toucher de contrepartie financière. C’est dans le Maroc profond que le nouveau code du statut personnel a besoin d’être vulgarisé et expliqué pour une amélioration de la condition socio-économique de la femme. C’est pour cela que l’émancipation de la femme marocaine dans sa diversité socio-culturelle est liée essentiellement à l’évolution de la société marocaine dans son ensemble. Cela dit, un texte aussi sensible et complexe est difficilement amendable par les députés quand bien même ont-ils pour mission de légiférer. La commission consultative chargée de la révision du code de statut personnel présidée par M’Hamed Boucetta n’a-t-elle pas rencontré des difficultés énormes pour déblayer un terrain très glissant et parvenir in fine à un consensus sur les aspects à réformer ? C’est pour cela que les membres de la commission de la Justice, de la législation et des Droits de l’homme ont décidé de ne pas toucher au fond du projet et de se contenter juste de faire des amendements collectifs d’ordre “procédural“. Aussi l’esprit du code et sa philosophie seront-t-il sauvegardés.

Aujourd’hui le Maroc

Bladi.net Google News Suivez bladi.net sur Google News

Bladi.net sur WhatsApp Suivez bladi.net sur WhatsApp

Sujets associés : Moudawana (Code de la famille) - Lois - Femme marocaine

Ces articles devraient vous intéresser :

Réforme du Code de la famille au Maroc : vers une égalité parfaite hommes femmes ?

Le roi Mohammed VI a adressé mardi 26 septembre une Lettre royale au Chef du gouvernement, annonçant une révision approfondie du Code de la famille (Moudawana), près de 20 ans après celle opérée en 2004.

Maroc : Les femmes toujours "piégées" malgré des avancées

Le Maroc fait partie des pays de la région du Moyen-Orient et de l’Afrique du Nord qui travaillent à mettre fin aux restrictions à la mobilité des femmes, mais certaines pratiques discriminatoires à l’égard des femmes ont encore la peau dure. C’est ce...

Malgré les obstacles juridiques, la polygamie persiste au Maroc

Alors que le gouvernement est en train de plancher sur une réforme du Code de la famille, le Conseil supérieur du pouvoir judiciaire vient de publier son rapport sur la polygamie dans lequel on apprend que quelque 20 000 demandes pour un deuxième...

Ramadan et menstrues : le tabou du jeûne brisé

Chaque Ramadan, la question du jeûne pendant les menstrues revient hanter les femmes musulmanes. La réponse n’est jamais claire, noyée dans un tabou tenace.

Le roi Mohammed VI ordonne de réformer le Code de la famille

Le roi Mohammed VI fait de la promotion des questions de la femme et de la famille sa priorité. Dans ce sens, il a adressé une correspondance au chef du gouvernement Aziz Akhannouch relative à la révision du Code de la famille.

Le Maroc confronté à la réalité des violences sexuelles

Les femmes marocaines continuent de subir en silence des violences sexuelles. Le sujet est presque tabou au Maroc, mais la parole se libère de plus en plus.

Vers une révolution des droits des femmes au Maroc ?

Le gouvernement marocain s’apprête à modifier le Code de la famille ou Moudawana pour promouvoir une égalité entre l’homme et la femme et davantage garantir les droits des femmes et des enfants.

Maroc : les femmes divorcées réclament des droits

Au Maroc, les appels à la réforme du Code de la famille (Moudawana) continuent. Une association milite pour que la tutelle légale des enfants, qui actuellement revient de droit au père, soit également accordée aux femmes en cas de divorce.

Maroc : un « passeport » pour les nouveaux mariés

Le Conseil économique, social et environnemental (CESE) appelle à la mise en place d’un « passeport » ou « guide » pour le mariage, dans lequel seront mentionnées les données personnelles des futurs mariés, ainsi que toutes les informations sur leurs...

Maroc : crise du célibat féminin

Au Maroc, le nombre de femmes célibataires ne cesse d’accroître, avec pour conséquence la chute du taux de natalité. Quelles en sont les causes ?