Chômage, les vrais chiffres

9 février 2008 - 21h22 - Maroc - Ecrit par : L.A

Peu de jeunes inscrits actuellement à l’université croiront à l’engagement du gouvernement de porter le taux de chômage à 7% en 2012. Le rapport détaillé sur l’emploi et le chômage que vient de publier le Haut-Commissariat au plan (HCP) montre en effet que c’est surtout les « 15-24 ans » qui sont les plus touchés par le fléau du chômage, avec ou sans diplôme. Le taux de chômage dans cette tranche de la population diplômée du supérieur est de 55,5%. Cela équivaut à cinq fois la moyenne nationale.

Pour l’économie marocaine, l’aubaine démographique joue donc à l’envers. C’est le cœur de sa force vive qui subit également les affres du chômage : quatre demandeurs d’emploi sur dix ont moins de 25 ans.
Autre tendance inquiétante, le chômage de longue durée se transforme en donnée structurelle : selon le HCP, deux demandeurs d’emploi sur trois (65%) sont au chômage depuis plus d’un an. En milieu urbain, cette proportion atteint des sommets, à près de 70%. Par ailleurs, la moitié des 1,062 million de personnes sans emploi recensées à fin 2006 (les données recueillies par le HCP s’arrêtaient à cette date) n’a jamais travaillé. Dans ces conditions, il apparaît que, pour une large part de chômeurs, la possibilité de s’insérer sur le marché est de plus en plus compromise.

Mais le plus inquiétant de la photographie du chômage brossée par le Haut-Commissariat au plan concerne les jeunes diplômés. Le taux de chômage des titulaires d’un diplôme de l’enseignement supérieur s’établit à 23,7%, avec des pointes dans les grandes villes où la proportion des jeunes diplômés de l’université sans emploi est trois points au-dessus de la moyenne nationale. Le plus grave est la persistance du chômage à longue durée dans cette catégorie de demandeurs d’emploi : quatre diplômés du supérieur sur cinq sont au chômage depuis plus d’un an. C’est, en effet, l’un des paradoxes du marché de l’emploi dans le Royaume : plus on est qualifié (mais quelle qualification ?), plus on reste longtemps sur la touche. A fin 2006, la population des chômeurs titulaires d’un diplôme de l’enseignement supérieur était estimée à 252.000.

Perte de l’employabilité

A l’évidence, le phénomène va en s’accentuant. La baisse observée ces derniers mois dans les statistiques du chômage n’empêche pas la montée d’un noyau dur des personnes pour lesquelles les horizons sont plus que bouchés avec, à la clé, la perte d’employabilité.

Ce qui est certain, c’est que l’enquête du HCP conforte encore plus qu’on ne l’imaginait les griefs des entreprises à l’encontre d’un système éducatif qui s’apparente de plus en plus à une fabrique à chômage. En attendant que la professionnalisation des cursus à l’université produise les premiers effets, le contingent des diplômés au chômage continuera à grossir.

La persistance du chômage des diplômés du supérieur repose en tout cas le problème de l’efficacité des politiques publiques (au sens large) de lutte face à ce phénomène qui exige une approche globale. Elle montre surtout les limites du traitement social à travers le levier des subventions des emplois des jeunes diplômés et l’exigence de la mise en œuvre de réformes radicales dans le système d’enseignement. Par ailleurs, les programmes de reconversion à la carte, aussi efficaces soient-ils, ne peuvent pas absorber des milliers de jeunes gens qui arrivent sur le marché tous les ans.

Le chômage des diplômés a accentué le déséquilibre des rapports de force sur le marché. Faute de trouver des emplois adaptés à leur qualification, beaucoup de jeunes acceptent de travailler pour des emplois « en dessous » de leurs prétentions initiales. Les centres d’appels, par exemple, recrutent massivement des candidats bac+4 à Casablanca et dans plusieurs grandes villes du Royaume.

L’Economiste - Nezha Maachi

Bladi.net Google News Suivez bladi.net sur Google News

Bladi.net sur WhatsApp Suivez bladi.net sur WhatsApp

Sujets associés : Etudiants - Education - Emploi

Ces articles devraient vous intéresser :

Vacances scolaires : alerte d’Autoroute du Maroc

La Société Nationale des Autoroutes du Maroc (ADM) a recommandé aux usagers de se renseigner sur l’état du trafic à l’occasion des vacances scolaires qui débutent ce week-end.

Écoles françaises au Maroc : polémique sur l’homosexualité

Chakib Benmoussa, ministre de l’Éducation nationale, de l’Enseignement primaire et des Sports, s’est exprimé sur l’adoption par des institutions éducatives étrangères au Maroc de programmes promouvant l’homosexualité.

Très difficile d’envoyer de l’argent aux étudiants marocains en Russie

Le gouvernement a apporté des clarifications concernant la loi de change en vigueur, notamment le mode opératoire des transferts d’argent pour les étudiants marocains à l’étranger. Les mères de familles marocaines peuvent toujours soutenir leurs...

Maîtrise de l’anglais : le Maroc à la traîne

Alors que les Marocains délaissent de plus en plus le français pour l’anglais, le Maroc est encore à la traîne quant à la maitrise de langue de Shakespeare.

La police marocaine recrute

La Direction générale de la sûreté nationale (DGSN) a annoncé un grand concours de recrutement de plusieurs grades au sein du corps de la police. Le concours aura lieu le 16 juillet à Rabat et dans d’autres villes si nécessaire. Au total, 6 607...

Maroc : des centres pour former les futurs mariés

Aawatif Hayar, la ministre de la Solidarité, de l’intégration sociale et de la famille, a annoncé vendredi le lancement, sur l’ensemble du territoire du royaume, de 120 centres « Jisr » dédiés à la formation des futurs mariés sur la gestion de la...

L’Institut musulman Al Cham à Montpellier fermé par la Préfecture

L’Institut Al Cham, établissement religieux musulman situé à Montpellier, a été fermé suite à un contrôle administratif inopiné mené par la préfecture. Les autorités ont constaté que l’établissement accueillait illégalement des enfants mineurs de moins...

Voici le nombre de fonctionnaires civils au Maroc

Les données inscrites dans le rapport sur les ressources humaines accompagnant le projet de loi de finances (PLF) de l’année 2023 indiquent que le Maroc compte 565 429 fonctionnaires civils cette année.

Royal Air Maroc recrute

Royal Air Maroc (RAM) a lancé via sa filiale Atlas multi services (AMS), une opération de recrutement de personnel navigant commercial au Maroc. Le dernier délai de l’appel à candidatures est fixé au 1ᵉʳ décembre prochain.

L’enseignement de la langue amazighe généralisé dans les écoles marocaines

Le ministère de l’Éducation nationale, du Préscolaire et des Sports vient d’annoncer son plan de généralisation de l’enseignement de la langue amazighe dans tous les établissements du primaire d’ici à l’année 2029-2030.