Les revenus issus du tournage de films étrangers au Maroc ont connu une forte augmentation.
Le Maroc, plus précisément la région de Ouarzazate, est en phase de devenir une destination cinématographique des plus en vue grâce à ses atouts géographiques, son soleil magnifique, ses infrastructures de plus en plus riches et aussi à la légendaire hospitalité des habitants de la région. "Gladiator", "Kingdom of heaven", "Alexander", "Indigènes", "Le retour de la momie", "Sahara", "Astérix et Obélix" ou "Babel", que de grandes productions cinématographiques internationales dont les réalisateurs et les producteurs ont été charmés par le Hollywood national.
Pour accompagner les atouts naturels de la ville, le Conseil régional du Souss-Massa- Drâa et le Centre cinématographique marocain (CCM) ont lancé une stratégie d’envergure et ce, afin de tirer le maximum de cette industrie qui participe dans le développement économique et social de la région, en générant de plus en plus de revenus et en offrant plus de postes de travail. Faire de la perle du sud marocain le leader de l’accueil des tournages cinématographiques en Afrique à l’horizon 2016, telle est l’ambition de cette stratégie qui a été présentée à Sa Majesté le Roi Mohammed VI, lors de sa visite à Ouarzazate le 28 décembre dernier (www.lematin.ma).
Et Il faut bien le reconnaître, le défi est de taille. Pour y arriver, la destination doit être reconnue comme une destination de tournage performante répondant durablement aux standards de qualité internationaux. Elle doit également être dotée d’une offre en studios et décors diversifiée et compétitive, tout en s’appuyant sur des hommes compétents et motivés. Six chantiers, pour une enveloppe globale estimée à 43 millions de DH, ont été dénombrés par une étude lancée par le Conseil du Souss-Massa-Drâa, en partenariat avec le CCM et le groupement Eurocif-Ucotra. Réalisés, ces chantiers sont à même de passer le cinéma à Ouarzazate du stade artisanal à une véritable industrie. Selon les concepteurs de l’étude, les retombées seraient énormes pour cette région où un grand nombre de la population vit grâce au cinéma. En effet, les films tournés à Ouarzazate et sa région passeraient à 38 en 2016 (contre 11 en 2005). Les revenus drainés seraient de l’ordre de 2 milliards de DH et les emplois créés, suite à ce programme, s’élèveraient à 8.000. Le premier des six chantiers s’articule autour de la communication et de la promotion de la ville à travers essentiellement la constitution d’une "Film Commission", composée notamment du CCM, du Conseil régional du Souss- Massa-Drâa et du Centre régional d’investissement (CRI).
Cette commission aura pour mission de faciliter l’accueil des tournages et de promouvoir le lieu et les ressources locales auprès des producteurs. Ceci à travers la création, entre autres, d’un label Ouarzazate, de road shows dans les festivals internationaux les plus prestigieux ainsi que des sites Internet. Le deuxième chantier concerne le développement d’un concept de "one stop shop" à l’instar de Warner Bros Studios à Hollywood et de Dreamworld Film City à Cape Town. Il s’agit de faire de Ouarzazate l’unique interlocuteur des producteurs en leur offrant tous les services de pré-production, de production et de post-production nécessaires à la conception de leurs films.
Le troisième chantier traite du recensement des compétences et de leur formation. Le but de ce chantier est d’homogénéiser le niveau de l’ensemble des techniciens et d’aider à l’émergence de nouvelles compétences non existantes pour l’instant (scénaristes, truquistes...). Le quatrième chantier, quant à lui, vise à instaurer une veille concurrentielle avec un lancement régulier d’enquêtes sur les pays concurrents. Ces enquêtes porteront sur des critères arrêtés préalablement par la "Film Commission" tels que notamment les coûts salariaux pratiqués, les subventions octroyées... Le cinquième chantier repose sur la mise en place d’une infrastructure englobant les équipements dédiés aux tournages, à la santé, aux télécommunications et à l’animation sur place.
Pour ce faire, Ouarzazate devra aider à l’implantation des équipementiers, la création d’une cité du cinéma (salles de cinéma, palais des congrès…), le développement des animations touristiques (bars, restaurants...), la mise en place des structures médicales d’urgence et d’évacuation et enfin la généralisation des télécommunications haut débit tant dans les lieux de tournage ainsi que les lieux de résidence.
Et enfin pour le sixième chantier, un système d’incitation financière destiné aux maisons de production doit être mis en place (aides fiscales à l’implantation dans la région, simplification des procédures douanières pour les importations temporaires de matériel cinématographique…).
Appel à projets
Pour le développement de l’industrie cinématographique de Ouarzazate et de la région Souss-Massa-Drâa, le Conseil régional vient de lancer un appel à projet pour soutenir et accompagner les activités pouvant améliorer l’attractivité de la filière. Il s’agit de la direction de la production, des castings, de la photo, de la formation des producteurs exécutifs, de l’ingénierie du son, de la lumière, de la prise de vue ainsi que les effets spéciaux. La construction de décors, les accessoires, le maquillage, la coiffure, la conception des costumes, la traduction (langage professionnel), les activités favorisant les synergies entre tourisme et cinéma (location d’équipement) figurent également sur la liste de ces activités visées par l’appel à projet.
Afin de pouvoir bénéficier de ce fonds programmé par la région et dont l’enveloppe globale s’élève à trois millions de DH, les candidats doivent avoir impérativement le siège et le lieu d’implantation du projet dans la Région Souss-Massa-Drâa ; être en cohérence avec la stratégie de développement de l’industrie cinématographique du Conseil régional et proposer des résultats concrets et innovants au profit de l’industrie cinématographique de la région.
Il faut également disposer d’une formation et/ou d’une expérience suffisante dans le domaine choisi et respecter les formalités juridiques et autorisations nécessaires, relatives à la réalisation du projet. L’objectif de ce fonds sera notamment d’aider à l’émergence de nouvelles compétences.
Le Matin - Mohamed Akisra
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