Darmanin avait préféré cette appellation et ce format pour combattre l’idée selon laquelle « l’islam est une religion d’étrangers, pour les étrangers, financée par les étrangers » et assurer la formation des imams. Le Forum de l’islam de France est un groupe d’experts nommés au niveau départemental par les préfets. Il est composé de six groupes de travail qui mènent des réflexions sur les défis liés à l’organisation du culte musulman en France.
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Un rapport intitulé « De l’Islam en France à un islam de France, établir la transparence et lever les ambiguïtés », déposé en 2016 par une mission d’information sénatoriale présidée par Corinne Féret (PS), mettait en lumière les difficultés rencontrées par les musulmans de France, liées notamment à la formation des imams, le poids des pays d’origine, les difficultés de financement, les conflits liés à la filière halal. Des défis que les instances représentatives actuelles peinent à relever.
Depuis le dépôt de ce rapport, c’est le statu quo. « On est au point mort », se désole la sénatrice socialiste Corinne Féret. Nathalie Goulet, l’une des rédactrices du rapport, enchaine : « Ça n’a pas avancé parce que les communautés ne veulent pas s’organiser, il faut être deux pour danser le tango. » Pour certains observateurs, la complexité du problème réside dans la responsabilité de l’État dans l’organisation des cultes.
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En principe, l’État ne devrait reconnaître ni subventionner les cultes. Mais dans le même temps, il doit « veiller à exercer pleinement ses prérogatives de puissance publique dans les domaines liés aux cultes dont il a la charge (sécurité nationale, protection des consommateurs, politique étrangère, fiscalité, etc.) », explique le rapport de 2016. Nathalie Goulet précisera que « l’État peut suggérer, inciter, proposer, encadrer mais sur les dispositifs en eux-mêmes, c’est aux communautés de s’organiser comme elles l’entendent ».
En recevant récemment une dizaine de représentants du culte musulman place Beauvau, Bruno Retailleau tente de « reprendre le dialogue » et c’est « une bonne chose », constate Corinne Féret, notant qu’au nom de la laïcité, l’État ne peut pas s’ingérer dans l’organisation d’une religion. Depuis le 1ᵉʳ janvier 2024, les imams détachés par leur pays d’origine n’ont plus droit de cité en France. En 2016, 301 imams du Maroc, de l’Algérie ou de la Turquie prêchaient dans près de 2 500 lieux de culte en France, selon le rapport.