Les musulmans de France se disent exaspérés par l’hostilité de Bruno Retailleau à leur égard. Invoquant le principe de laïcité, le ministre de l’Intérieur français a décidé de ne prendre part à aucun iftar de la Grande Mosquée de Paris. Un prétexte fallacieux, estiment des observateurs qui précisent que la rupture du jeûne de Ramadan n’est pas un office religieux et que plusieurs responsables et personnalités politiques participent chaque année à ces iftars.
« Le président Emmanuel Macron a assisté à des iftars, comme les précédents présidents. Et il en va de même pour de nombreux ministres et élus de la République, chaque année, qui participent à ces moments de partage, en un geste de respect et d’estime pour nos concitoyens musulmans », a déclaré Chems-Eddine Hafiz, le recteur de la Grande mosquée de Paris, dans un entretien au site TSA Algérie, rappelant que le ministre de l’Intérieur, en charge des cultes, est « le premier interlocuteur » des responsables du culte musulman. « Nous nous devons d’entretenir des relations avec lui ».
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Selon le média algérien, la Grande mosquée de Paris paie le prix de sa proximité avec l’Algérie, pays actuellement en froid avec la France. Le ministre de l’Intérieur français a récemment annoncé une « riposte graduée » contre le régime algérien qui s’oppose au retour forcé de ses ressortissants de France. Les tensions entre Alger et Paris se sont exacerbées avec le maintien en détention de l’écrivain Boualem Sansal. « La crise diplomatique ne doit pas être un prétexte pour s’en prendre tous azimuts aux binationaux algériens ou aux Français d’origine algérienne », estime le recteur de la Grande mosquée de Paris.
De son côté, Bruno Retailleau assure que son absence aux iftars de la Grande mosquée de Paris n’a « rien à voir avec l’Algérie », indiquant avoir également décliné une vingtaine d’invitations de ce genre au nom d’une « doctrine personnelle ». « Le ministre ne se rend dans des cérémonies religieuses que quand elles sont officielles ou quand il y a une raison autre que la religion », a confié son entourage au Parisien, citant à titre d’exemple « l’inauguration de Notre-Dame ou une cérémonie de commémoration de la Shoah dans une synagogue ».