Boom immobilier au Maroc

9 mai 2008 - 17h56 - Economie - Ecrit par : L.A

Le salon de l’immobilier marocain en Europe se déroulera du 8 au 11 mai, au Parc des expositions de Paris-Nord Villepinte. Organisée avec le soutien du ministère marocain de l’Habitat, cette cinquième édition du Smap Immo réunit plus de 130 exposants venus de toutes les régions du Maroc, avec une offre immobilière très large, pour les acquéreurs en quête d’une résidence secondaire comme pour ceux qui souhaitent s’installer sur place (environ 35 000 Français ont déjà fait ce choix), ou encore pour les investisseurs particuliers. Et pour tous les budgets.

Cette année, un espace particulier, le Pavillon d’excellence, est même réservé aux programmes haut de gamme, pour une clientèle dotée d’un fort pouvoir d’achat, prête à débourser de 700 000 à quelque 2 millions d’euros pour retrouver la douceur du climat marocain et des services ad hoc (gardiennage…). Un Salon à l’image du boom immobilier que connaît le Maroc et de la diversité de l’offre locale.

Là-bas, les grues sont partout dans les rues, et malgré le dynamisme de la construction, les prix flambent. « C’est un boom, pas une bulle », insiste Ahmed Taoufiq Hejira, le ministre marocain de l’Habitat, de l’Urbanisme et de l’Aménagement de l’espace.

Envolée des prix

Mais quelques chiffres en disent long. La consommation de ciment est passée de 7,5 millions de tonnes en 2003 à 13 millions fin 2007. Et les prévisions à l’horizon 2012 tablent sur au moins 20 millions de tonnes. Dans un pays où pourtant seuls 20 % de la population se rend dans une banque pour emprunter, les encours du crédit ont plus que doublé. Une frénésie qui n’est pas loin de rappeler l’emballement, il y a quelques années, de l’immobilier en Espagne, toute proche. Un spectre que les autorités s’empressent d’écarter.

« Le Maroc a un déficit de 640 000 logements, auquel il convient de rajouter les logements insalubres à remplacer. Au total, le pays aurait besoin d’un million de nouvelles unités », souligne Ahmed Taoufiq Hejira.

Sans compter la demande nouvelle des ménages qui s’installent et qui sont nombreux dans ce pays où 60 % de la population a moins de trente ans. Cette demande additionnelle est évaluée chaque année de 30 000 à 40 000 logements.

Et l’offre peine à combler ces besoins. « L’an dernier, nous avons construit plus de 120 000 logements. Et c’était la troisième année consécutive que nous dépassions les 100 000 unités », rappelle le ministre. Mais cela ne suffit pas pour l’instant à calmer l’envolée des prix, attisée par la spéculation.

À l’image de ce promoteur de Tanger, à la tête d’un gigantesque ensemble de plus de 1 300 logements, dont de nombreuses villas. La commercialisation n’a toujours pas débuté, alors que les travaux sont sur le point de démarrer. Car son calcul est simple : plus il attend pour vendre et fixer ses prix, plus il vendra cher. Chaque jour qui passe lui rapporte un peu plus ! Et rien ne le presse car il est soutenu par les banques.

Depuis 2004, à Tanger, par exemple, selon les notaires marocains, les prix des terrains ont été multipliés par trois ou quatre, et les logements ont facilement doublé. Les appartements neufs en centre-ville, qui valaient alors autour de 700 € le mètre carré, atteignent aujourd’hui 1 300 ou 1 400 €. Dans les villes les plus recherchées, comme Rabat, Marrakech ou Agadir, le prix moyen avoisine désormais 2 000 € le mètre carré et grimpe même à 2 500 € pour les quartiers les plus huppés. Signe évocateur de cette tension, la pratique des dessous-de-table (le « noir » dans le vocabulaire local) est devenue quasiment incontournable sur le marché. Ils peuvent atteindre jusqu’à 40 % du prix de vente.

Si, malgré cette envolée, les prix marocains semblent toujours attrayants pour les Français, habitués à des tarifs bien plus élevés dans les grandes villes de l’Hexagone, ils sont en revanche de plus en plus difficiles à supporter pour les Marocains eux-mêmes. Les premières victimes sont les ménages les plus modestes. Mais la classe moyenne connaît, elle aussi, aujourd’hui dans ce pays des difficultés croissantes pour se loger.

Source : Le Figaro - Anne Bodescot

Bladi.net Google News Suivez bladi.net sur Google News

Bladi.net sur WhatsApp Suivez bladi.net sur WhatsApp

Sujets associés : Immobilier - Tourisme - Smap immo - Villepinte

Ces articles devraient vous intéresser :

Impôts : le Maroc cible les résidences secondaires

Des dizaines de milliers de propriétaires de résidences secondaires au Maroc ont reçu des notifications fiscales de la Trésorerie générale du Royaume, réclamant le paiement d’arriérés de taxe d’habitation et de taxe de propreté.

Les chiffres qui confirment l’embellie du tourisme marocain

À la Chambre des représentants, Fatim-Zahra Ammor, ministre du Tourisme, de l’Artisanat et de l’Économie sociale et solidaire, a communiqué des chiffres du secteur du tourisme qui confirment l’embellie.

Achat de logement au Maroc : les notaires baissent les prix

Les notaires vont accompagner et soutenir les citoyens à travers tout le Maroc, tout au long du processus d’octroi de l’aide directe au logement (2024-2028). Une convention a été signée dans ce sens.

Aide au logement au Maroc : un programme plébiscité par les MRE

Les Marocains résidant à l’étranger (MRE) jouent un rôle important dans la réussite du programme d’aide directe au logement, selon Fatima Ezzahra El Mansouri, ministre de l’Aménagement du territoire national, de l’Urbanisme, de l’Habitat et de la...

La flambée des prix plombe les vacances des Marocains

La hausse des prix des services touristiques pousse de nombreux Marocains à renoncer à leurs projets de voyage cet été, ou à réduire la durée de leurs vacances.

Le secteur de la location de voitures au Maroc menacé

Au Maroc, le secteur de la location de voitures reste impacté par une offre en hausse, des achats importants de véhicules, et l’informel.

Le Maroc fait le ménage dans les hôtels

Les autorités marocaines viennent de mettre de l’ordre dans le secteur de l’hôtellerie. Depuis quelques jours, une nouvelle procédure de classement des établissements d’hébergement touristique est en vigueur dans le royaume.

Vers une meilleure protection des biens immobiliers des MRE au Maroc ?

Le groupe haraki à la Chambre des représentants œuvre pour le renforcement de la protection des biens des Marocains résidant à l’étranger (MRE).

Maroc : les crédits "Halal" dopent l’immobilier

Les crédits immobiliers “Halal” accordés aux ménages marocains ont connu une hausse considérable, atteignant 23,1 milliards de dirhams à fin juin contre 20,3 milliards de dirhams à la même période de l’année précédente, indique Bank Al-Maghrib dans une...

L’été morose du tourisme marocain

Cette année, de nombreuses familles marocaines ont choisi de ne pas se déplacer à l’intérieur du royaume pour leurs vacances d’été. En cause, la hausse généralisée des prix et le paiement anticipé des salaires du mois de juin à l’occasion de l’Aïd...