Au Maroc, le blogging est en train de vivre une révolution à l’échelle nationale. Depuis quelques années, des sites de qualité ont fleuri, tout en proposant un panel de sujets assez variés. Certains blogs se veulent à usage informatif, sur des sujets brûlants d’actualité. D’autres traitent de problèmes récurrents dans notre société. Une partie est composée d’écrivains en herbe, mettant en exergue leur créativité.
« Le blog offre un espace de liberté et d’échange, contrairement à un site web normal. J’avais besoin de m’exprimer de façon régulière et de partager mes réflexions », souligne Jamal Belahrach, directeur général de Manpower Maroc et administrateur d’un blog.
Tout le monde n’ouvre pas un blog pour les mêmes raisons. Oussama Benjelloun, chroniqueur et administrateur du blog Hamida Mentoufa, a choisi la carte de l’humour pour mettre son site en avant. « En tant que lecteur assidu de la presse, je ne trouvais pas grand-chose d’original ou de divertissant. Enfin de compte, je me suis mis à écrire les choses telles que j’avais envie de les lire ».
Afin de promouvoir le blog comme moyen moderne d’expression, ainsi que de permettre aux membres de la blogosphère marocaine de mieux se connaître, un « Blogotour » fut organisé pour la première fois en janvier 2007. L’initiative fut proposée par un groupe de bloggers d’Agadir, et prit la forme d’un voyage à travers cinq grandes villes du Royaume (Agadir, Marrakech, Casablanca, Rabat et El Jadida). Le thème du blog a été débattu lors d’exposés donnés dans plusieurs établissements scolaires et culturels.
Le bilan de la première édition ayant été positif, la seconde édition du Blogotour a eu lieu du 29 janvier au 2 février. Le thème central fut axé autour de la création de blogs. A ce titre, plusieurs ateliers ont été animés dans la plupart des villes qui ont accueilli l’édition 2007.
Par ailleurs, le début de 2008 est à marquer d’une pierre blanche pour la blogosphère marocaine. En effet, la cérémonie des premiers Maroc Blog Awards a eu lieu le samedi 2 février, au théatre Mohammed VI de Casablanca. L’événement, annoncé depuis le début de décembre 2007 a vu le jour grâce à l’initiative de quatre bloggers d’Agadir, Younès Qassimi, Ahmed Chegaoui, Mehdi Reghai et Mounir Talibi.
La coordination au niveau de Casablanca a été confiée à Oussama Benjelloun, qui s’est également chargé de l’animation de la soirée. Selon ses propos, cette dernière a été un succès, avec la participation de divers artistes, provenant des scènes musicales et humoristiques émergentes, ainsi qu’un public d’environ 400 personnes.
Diversité des blogs oblige, 17 catégories ont été créées. Citons notamment parmi elles la catégorie humoristique (remportée par le site Hamida Mentoufa), Action solidaire, (dont le prix a été decerné au blog Open World) et Politique (remportée par le site Larbi.org, également gagnant du prix du meilleur blog marocain de l’année).
D’aucuns assimilent le blog à une catégorie de « presse indépendante ». Selon Jamal Belahrach, un blog crée des droits et des devoirs. « On peut s’exprimer librement à titre individuel. A condition d’assumer ce que l’on va dire ». Outre la possibilité de donner libre cours à ses refléxions, le blog peut-il être un moyen de pression sur l’opinion publique ? Peut-on faire « bouger les choses » à travers un blog ? Apparemment, cela valait la peine d’être tenté. Ainsi, une bloggeuse marocaine, répondant au pseudonyme de Lady Zee, a créé l’initiative « Bloguons utile », afin que le blog devienne un instrument au service de certaines causes sociales. De ce fait, les bloggers marocains et internationaux sont invités à écrire sur certains sujets sensibles et à en répercuter l’écho.
La première mobilisation a été lancée à propos des jeunes détenus et leur réinsertion. Une aide considérable a ainsi pu être apportée, via ce mouvement, à l’Association des amis des centres de réformes et de protection de l’enfance.
Plus récemment, l’élite des bloggers a entrepris une initiative similaire. Sous la forme d’une pétition, un pamphlet pour le sauvetage du système éducatif marocain a été élaboré. Ce texte, un véritable « coup de gueule » décriant les insuffisances pénalisant l’enseignement au Maroc, a déjà été signé par plusieurs membres de la blogosphère marocaine. La création d’un site dédié à cette initiative est également envisagée. En outre, depuis quelques jours, les bloggers marocains ont appelé à mettre leurs sites en berne. Une opération de soutien à Fouad Mortada, utilisateur « malchanceux » du site Facebook.
Cependant, concernant l’efficacité de telles initiatives, les avis restent partagés. Selon Oussama Benjelloun, la blogosphère est comparable à une autarcie. Les commentaires que l’on retrouve sur les blogs sont souvent le fait d’autres bloggers, qui se rendent visite les uns les autres. La boucle est pour ainsi dire bouclée. Difficile dans ce cas d’influencer les vrais décideurs. Mais au moins, les débats ont le mérite d’être soulevés.
Qu’est-ce qu’un blog ?
Un blog (mot-valise de web log) est un site web constitué par la réunion de billets écrits dans l’ordre chronologique, et classés la plupart du temps par ordre anté-chronologique (les plus récents en premier). Chaque billet (appelé aussi note ou article) est, à l’image d’un journal de bord ou d’un journal intime, un ajout au blog ; le blogueur (celui qui tient le blog) y délivre un contenu souvent textuel, enrichi d’hyperliens et d’éléments multimédias, sur lequel chaque lecteur peut généralement apporter des commentaires ou opinions personnelles.
Source : L’Economiste - Adam Berrada