Une Belgo-Marocaine demande au Maroc de retrouver son bébé volé en 1980

11 avril 2008 - 18h03 - Belgique - Ecrit par : L.A

Une Belgo-Marocaine de 51 ans, Mme Benrouijel, de Molenbeek, demande l’aide du Maroc et des médias marocains. Sa fille Suhad, dont le vrai prénom a sans doute été modifié, doit avoir à présent 28 ans. Au tout début de l’année 1980, Suhad, encore bébé, lui a été volé. Ahfida Benrouijel, qui était dans la détresse, orpheline à 6 ans, et fille mère, fait étalage de circonstances liées à l’état d’alors de la société marocaine qui a bien évolué en un quart de siècle. En attendant, sa vie est souffrance.

Ahfida Benrouijel n’obtient pas l’aide de la police de Meknès. Elle pense à cette jeune femme sûrement jolie qui a grandi, a fait des études, s’est épanouie, a fondé une famille, trouvé un bon métier, mais ignore qu’à 2.000 km, sa mère n’oublie pas, n’a jamais oublié et ne l’oubliera jamais.

Victime d’une situation personnelle difficile, abusée par une voleuse, une femme en manque d’enfant ou une femme empêchée par la suite de tenir ses promesses, sa mère, à Bruxelles, poursuit les recherches. Pour cette dernière, le Maroc a le devoir de l’aider. Elle n’a pas abandonné son bébé. C’est très différent : son enfant lui a été volé.

La date du vol du bébé ? Début 1980, l’été au plus tard. Suhad devait avoir 7 mois, peut-être un peu plus. Ahfida se souvient qu’"il faisait beau mais au Maroc il fait toujours beau".

En tout cas après le 7 janvier 1980, date de la dernière photo de sa fille, prise à Meknès, qu’Ahfida conserve. Le père, Ahmed, refusait de l’aider et ne voulait plus la voir. Il lui avait caché qu’il était marié et avait déjà des enfants. La Belgo-Marocaine l’a retrouvé au Maroc et lui a demandé de l’aider à retrouver leur fille. Ahmed n’a pas changé d’avis ; ça ne l’intéresse pas. À Bruxelles, en revanche, Ahfida voit les psychiatres.

L’acte de naissance espagnol (Suhad, en effet, est née dans l’enclave de Sebta) certifie la naissance du bébé le 20 juin 1979. Le document (notice 82.81.17, timbre fiscal 816150) du ministerio de justicia, registro civiles, porte la signature du fonctionnaire responsable, M. Mariano Valriberas Trujillo.

Jusqu’en janvier 1980, quelques photos usées montrent le bébé dans les bras de son père, de sa mère, au biberon, dans la camionnette du papa tournée vers Gibraltar au loin, devant l’hôtel La Muralla (qui existe toujours plaza Virgen de Africa), devant un bâtiment administratif, le cuartel general de la Comandacia de Sebta ; emmitouflée dans un tricot avec le dessin de Bambi, coiffée d’une cagoule de laine blanche un jour de fraîcheur : un bébé magnifique.

Et aimé, ça se voit : Ahfida devait toucher le fond du trou, et encore plus bas, quand elle l’a confiée à une inconnue.

Désemparée, trahie, sans moyens et rejetée comme les filles mères de ces années-là qui fautaient , Ahfida, 22 ans, pensait tenter sa chance en Europe.

On imagine la scène : à Meknès, Ahfida en pleurs sur un banc, la petite dans les bras, et cette inconnue tombée du ciel qui s’intéresse à elles avec bonté, sincérité, inspire confiance, promet d’attendre son retour, de s’occuper du bébé comme si c’était le sien.

Déchirement. En 2008, Ahfida n’a pas oublié. "Ma fille tendait ses bras pour s’accrocher à moi. Je n’ai jamais eu aussi mal. J’ai déposé Suhad dans les bras de cette dame, persuadée que c’était la seule solution."

Naïveté, dira-t-on. Solitude, détresse, insuffisance des institutions ! Depuis 28 ans, Ahfida ne se pardonne pas. Dès que les moyens le lui ont permis, elle a fait la route inverse Bruxelles-Meknès. Le nom, le téléphone et l’adresse à Casablanca que la dame lui avait donnés : tout était faux.

À Bruxelles où la communauté est si importante, les anciens disent que les autorités marocaines et les médias ne peuvent garder les bras croisés. Qu’en sera-t-il ?

Source : La Dernière Heure - Gilbert Dupont

Bladi.net Google News Suivez bladi.net sur Google News

Bladi.net sur WhatsApp Suivez bladi.net sur WhatsApp

Sujets associés : Belgique - Famille - Meknès - Femme marocaine - Enfant

Ces articles devraient vous intéresser :

Le mariage des mineures au Maroc : une exception devenue la règle

Depuis des années, le taux de prévalence des mariages des mineurs évolue en dents de scie au Maroc. En cause, l’article 20 du Code de la famille qui donne plein pouvoir au juge d’autoriser ce type de mariage « par décision motivée précisant l’intérêt...

Les Marocains de plus en plus obèses

Près de la moitié de la population marocaine (46 %) sera obèse d’ici 2035, selon les prévisions de la World Obesity Forum.

Maroc : les livrets de famille vendus à prix d’or

Au Maroc, des individus profitent de la pénurie des livrets de famille notée dans certaines communes du fait de la rupture de stocks restants, pour vendre ces documents à des prix élevés.

L’actrice Malika El Omari en maison de retraite ?

Malika El Omari n’a pas été placée dans une maison de retraite, a affirmé une source proche de l’actrice marocaine, démentant les rumeurs qui ont circulé récemment sur les réseaux sociaux à son sujet.

Pilules abortives : le Maroc face à un gros problème

Des associations de défense des droits des consommateurs dénoncent la promotion sur les réseaux sociaux de pilules abortives après l’interdiction de leur vente en pharmacie, estimant que cette pratique constitue une « atteinte grave à la vie » des...

Maroc : crise du célibat féminin

Au Maroc, le nombre de femmes célibataires ne cesse d’accroître, avec pour conséquence la chute du taux de natalité. Quelles en sont les causes ?

Les Marocaines paieront aussi la pension alimentaire à leurs ex-maris

Au Maroc, les femmes ayant un revenu supérieur à celui de leur conjoint pourraient avoir à verser une pension alimentaire (Nafaqa) à ce dernier en cas de divorce, a récemment affirmé Abdellatif Ouahbi, le ministre de la Justice.

Vers une révolution des droits des femmes au Maroc ?

Le gouvernement marocain s’apprête à modifier le Code de la famille ou Moudawana pour promouvoir une égalité entre l’homme et la femme et davantage garantir les droits des femmes et des enfants.

Achraf Hakimi : « Tout le monde s’est sacrifié pour moi »

Dans une interview, le latéral droit marocain du PSG Achraf Hakimi a témoigné de son amour et de sa reconnaissance à tous ceux qui se sont sacrifiés pour lui, sans manquer d’évoquer son enfance, son attachement à la famille et sa passion pour la mode.

Maroc : Une vague de racisme contre les mariages mixtes ?

Des activistes marocains se sont insurgés ces derniers jours sur les réseaux sociaux contre le fait que de plus en plus de femmes marocaines se marient avec des personnes originaires des pays d’Afrique subsaharienne. Les défenseurs des droits humains...