L’investissement privé est en chute libre au Maroc. C’est du moins ce que révèle la banque mondiale dans son nouveau rapport de suivi de l’économie marocaine.
Plus de deux ans après son agrément par la Banque de France (juin 2005), Attijariwafa bank (AWB) Europe fédère progressivement les représentations du groupe sur le Vieux continent. Son « visa Schengen », obtenu des autorités monétaires, lui permet d’accélérer ce processus de regroupement qui a commencé par les agences implantées en Belgique. Celles-ci font partie de son périmètre de consolidation depuis novembre 2006.
En Allemagne, le processus a été amorcé un mois après tandis que les procédures sont actuellement en marche pour intégrer les filiales des Pays-Bas, de l’Italie et de l’Espagne.
Le groupe AWB se dote désormais d’une structure de droit européen qui lui permettra de concrétiser plus facilement sa stratégie. Créée officiellement en janvier 2006, elle assurera ses relations avec les autorités monétaires françaises et européennes et servira d’interface pour l’ensemble de ses filiales.
L’objectif est de recentrer les forces pour mieux attaquer le segment des MRE tant convoité par les banques marocaines mais également par les géants européens de la Finance. Les expansions régionales d’AWB ont étendu cet objectif, pour le moment, aux Tunisiens et Sénégalais résidents à l’étranger. « En clair, nous souhaitons que les communautés-cibles ouvrent chez nous des comptes bancaires dédiés aux transactions avec leur pays d’origine », explique d’emblée Abdelhak Rakhmi, administrateur directeur général d’AWB Europe.
Profitant de son statut de banque universelle européenne, la banque déploie une offre commerciale étoffée. Outre la tenue de compte et la monétique, elle propose des solutions de crédit à la consommation et immobilier en partenariat avec de grands noms comme Sofinco ou Banco Santander. Dans le volet des transferts, la banque met en place de nouveaux canaux de transfert électronique de compte à compte auxquels il faut ajouter des solutions instantanées à travers Western Union.
Concurrence des majors européennes
Côté corporate, AWB Europe table sur l’acheminement des transactions des entreprises européennes vers le Maroc en particulier, et la région en général. « Nous contribuons à stimuler les opportunités d’affaires en mettant en relations les opérateurs des deux rives », précise Rakhmi.
En dehors de la gestion des moyens de paiement à l’international (lettres de crédit, remises documentaires, transferts…), la banque propose une panoplie de moyens de couverture pour le risque Maroc. Il s’agit notamment des forfaiting, escompte, garantie de paiement, des comptes pivots pour le rapatriement des recettes d’exportation au Maroc, etc.
Comment ses efforts se traduisent en chiffres ? A fin décembre 2006, AWB Europe totalise un volume annuel de transferts de 4 milliards de DH au niveau européen, dont 2,1 milliards pour la France. « Si l’on ajoute ceux acheminés via Wafa Cash, ce volume sera porté à 8 milliards de DH, ce qui représente 40% de part de marché », révèle le patron d’AWB Europe.
En France, les fonds propres de la banque s’élèvent à 34 millions d’euros (environ 374 millions de DH) et son total bilan ressort à 220 millions d’euros (environ 2,5 milliards de DH). La consolidation des performances en France et en Belgique donne lieu à un réseau de 24 agences qui gèrent un portefeuille de 200.000 clients avec un effectif de 200 collaborateurs. La banque table, en 2010, sur 500.000 clients en Europe dont 400.000 en France pour un réseau de 40 guichets/agences.
« L’objectif étant un gain annuel moyen de 3,5 points de part de marché », indique Rakhmi. Pour atteindre ces performances, AWB Europe accélère le déploiement de son passeport européen et élargit l’envergure de ses activités au Maghreb et à l’Afrique de l’Ouest. Elle vient de se doter d’un nouveau siège à Paris et prépare la mise en plate-forme informatique à la hauteur de ses ambitions.
Toutes aux aguets
La concurrence est de plus en plus acharnée entre les banques marocaines pour séduire la clientèle MRE. Le groupe Banques Populaires, leader de ce segment, maintient sa position. Il va par contre perdre son « privilège » historique de la domiciliation d’une partie de ses guichets dans les représentations consulaires du Maroc d’ici la fin de l’année.
Quant au CIH, il compte sur la notoriété de son nouvel actionnaire Caisses d’Epargnes pour drainer la diaspora marocaine en Europe. Pour sa part, BMCE Bank privilégie l’activité banque d’affaires en installant une filiale de BMCE Capital à Londres (BMCE Capital Europe).
L’Economiste
Ces articles devraient vous intéresser :