Attentat de Barcelone : le rôle troublant du CNI face à un imam marocain

20 janvier 2025 - 10h00 - Espagne - Ecrit par : P. A

Des députés au Congrès espagnol accusent le Centre national de renseignement (CNI) d’avoir eu des liens avec l’imam de Ripoll, Abdelbaki Es Satty, impliqué dans les attentats du 17 août 2017 en Catalogne.

Existerait-il un lien entre le CNI, l’imam Es Satty et les attentats ? C’est du moins ce que pensent certains députés espagnols, se fondant sur des documents déclassifiés du Centre. Es Satty est mort en manipulant des explosifs dans le chalet d’Alcanar où se préparaient les attentats. Mais les députés concernés sont convaincus que l’imam de Ripoll est toujours en vie et qu’il a participé, avec la complicité du CNI, aux attentats en Catalogne.

Es Satty avait été arrêté en 2010 à Ceuta, en possession de 40 kilos de haschisch transporté du Maroc. Il avait été condamné à quatre ans de prison pour ce crime de trafic de drogue, peine qu’il a purgée dans la prison de Castellón. Son nom avait été cité dans l’affaire Chacal, du nom d’un réseau démantelé en 2006, qui recrutait des djihadistes à destination de l’Irak. À l’époque, le CNI a placé l’imam sous surveillance, estimant qu’il pourrait se radicaliser en prison et représenter une menace pour la sécurité nationale.

À lire : L’imam Abdelbaki Es Satty est mort dans l’explosion de la maison à Alcanar

Le CNI a aussi étudié la possibilité de recruter Es Satty comme source. Dans cette perspective, l’imam de Ripoll, qui continuait de purger sa peine, avait subi trois entretiens en 2014. Lors de l’évaluation de ces trois entretiens, aucun signe de radicalisation n’a été détecté par les enquêteurs. Toutefois, la personne d’Es Satty n’inspirait pas confiance, selon le rapport grapho-psychologique auquel il a été soumis.

Au terme du processus, un numéro de téléphone lui a été communiqué au cas où il souhaiterait fournir des informations après sa libération. Une fois libéré, l’imam a eu des contacts avec des criminels actifs dans le trafic de stupéfiants. Il se serait radicalisé à Ripoll, ville où il est devenu l’imam de la mosquée Annour. À l’époque, 610 djihadistes faisaient l’objet d’une enquête de la part du CNI. Selon les données du ministère de l’Intérieur espagnol, 36 djihadistes ont été arrêtés en 2014, 75 en 2015, 69 en 2016 et 76 en 2017.

Bladi.net Google News Suivez bladi.net sur Google News

Bladi.net sur WhatsApp Suivez bladi.net sur WhatsApp

Sujets associés : Abdelbaki Es Satty - Attentat de Barcelone - Terrorisme - Espagne

Aller plus loin

L’imam Abdelbaki Es Satty est mort dans l’explosion de la maison à Alcanar

Soupçonné d’être au coeur de la cellule djihadiste responsable des attentats de Barcelone et de Cambrils, l’imam Abdelbaki Es Satty est mort dans l’explosion survenue mercredi...

Attentats de Barcelone : vers l’expulsion d’un Marocain

Le Ministère de l’Intérieur espagnol a sollicité l’Audience nationale pour autoriser l’expulsion vers le Maroc de Said Ben Iazza, l’un des trois condamnés pour les attentats...

Attentats de Barcelone et Cambrils : un Marocain expulsé d’Espagne

Le ministère de l’Intérieur espagnol a expulsé vers le Maroc Said Ben Iazza, l’un des trois djihadistes condamnés pour les attentats de Barcelone et Cambrils du 17 août 2017.

Abdelbaki Es Satty, l’imam marocain derrière les attentats de Barcelone

Soupçonné d’être à l’origine de la radicalisation des auteurs des attentats de Barcelone et de Cambrils, l’imam Abdelbaki Es Satty est aujourd’hui l’homme le plus recherché...

Ces articles devraient vous intéresser :

Maroc : les casinos sous haute surveillance

Dans le cadre de la lutte contre le blanchiment d’argent et le financement du terrorisme, les services compétents du ministère de l’Intérieur ont effectué des missions de contrôle dans sept casinos entre avril et septembre 2024, et démantelé plusieurs...

Le Maroc frappe un grand coup dans la lutte contre le terrorisme

Une cinquantaine d’individus ont été arrêtés mercredi au Maroc lors d’une importante opération visant des membres présumés de groupes djihadistes.

Blanchiment d’argent : Le Maroc serre la vis et ça paye

La lutte contre les activités de blanchiment des capitaux et de financement du terrorisme connaît des progrès significatifs au Maroc. En témoigne le nombre de déclarations de soupçon reçues par l’Autorité nationale du renseignement financier (ANRF) en...

Coup de filet au Maroc contre une cellule terroriste planifiant des attaques

Cinq individus, âgés entre 22 et 46 ans, soupçonnés d’appartenir à l’organisation terroriste Daesh et de préparer des attentats contre des installations vitales et des institutions sécuritaires, ont été arrêtés par les forces de sécurité marocaines.