L’Aïd El Adha 2024 est l’une des célébrations les plus importantes pour les musulmans. Quand aura-t-il lieu au Maroc ?
Mustapha L’mrabet, président de l’Association des travailleurs et émigrés marocains en Espagne (ATIME), revient sur la situation de la communauté marocaine après les attentats sanglants de Madrid du 11 mars dernier. Il interpelle les autorités marocaines et espagnoles à réagir pour éviter la radicalisation de la communauté musulmane d’Europe.
Ça a été l’impact des attentats de Madrid sur la communauté marocaine ?
Mustapha L’mrabet : Ca était un choc pour tout le monde. On ne peut que condamner ces actes et regretter les victimes. Concernant le comportement des Espagnols vis-à-vis de la communauté marocaine, il est clair que le peuple espagnol a réagi d’une manière responsable. Il a eu une réaction civilisée. Le jour de la manifestation, 11 millions de personnes sont sorties sans pour autant qu’il y ait d’incident. On demande d’ailleurs au gouvernement marocain de prendre cela en considération. J’espère que cette attitude ne changera pas. Même si certains journalistes essayent par tous les moyens, à travers leurs articles, de créer la confusion.
Vous parlez de qui ?
Je préfère ne citer personne.
Comment expliquez-vous la montée de l’islamisme radical au sein de la communauté marocaine ?
Déjà, on n’arrive pas à admettre qu’il y a des Marocains parmi les terroristes. Mais aujourd’hui, il est un fait que des concitoyens sont capables de tuer des innocents. Personnellement, je n’ai pas d’explication à ce phénomène, mais le plus important à mes yeux est de réagir pour combattre cette extrémisme. Il faut instaurer l’Ijtihad pour permettre à la communauté musulmane de vivre dans une société européenne. Un imam en Espagne appelle les fidèles à frapper leurs femmes. Il a même publié un ouvrage dans ce sens.
De quelle manière ?
C’est la responsabilité de l’Etat marocain, du gouvernement espagnol et de la communauté marocaine. On a remarqué ces dernières années l’apparition de groupes salafistes dans certaines régions espagnoles. Je pense qu’il faut d’abord analyser la situation avant de présenter des solutions. Je crois que les autorités marocaines doivent jouer un rôle en encadrant les gens sur le plan religieux. Depuis plus de vingt ans, on a permis à des extrémistes de s’installer au Maroc. Aujourd’hui, il faut réorganiser le champ religieux marocain. D’un autre côté, je n’arrive pas à comprendre pourquoi les services espagnols n’ont pas pisté l’un des suspects puisqu’ils savaient qu’il avait des liens avec des radicaux. Mais le plus important pour moi est l’organisation du champ religieux. L’exemple français demeure une expérience intéressante pour éviter la prolifération des mosquées-garages. Notre association a constaté que des imams ont imposé à de jeunes filles de porter le voile. Des jeunes fréquentent des mosquées non contrôlées, dirigées par des extrémistes. Le problème qui se pose aujourd’hui est qu’il n’y a pas d’encadrement de la part des autorités marocaines. Même au sujet de l’affaire du Sahara, aucun officiel n’a jamais daigné expliquer aux Marocains d’Espagne l’évolution de la situation. Sachant pertinemment que la société espagnole est relativement acquise aux idées des séparatistes. Pis encore, on n’a même pas le droit de voter dans notre pays. Aucun parti politique n’a eu le courage de soulever ce point.
Le Journal Hebdomadaire
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