C’est en voulant opérer une saisie sur le compte d’une autre association, basée dans la ville voisine de Clichy-sous-Bois, en conflit avec l’entreprise BTP Kilic, que les huissiers se sont trompés. Dès qu’il s’aperçoit de la méprise, Farid Kachour téléphone à l’office de Pasquin Lucchini, l’huissier en question, dont il trouve les coordonnées en ligne. À l’autre bout du fil, une employée du cabinet lui explique que le prélèvement a été fait grâce à l’identifiant bancaire international (IBAN), trouvé sur le site Internet de l’association.
"Ils ont fait une recherche vite fait sur Internet, ils ont trouvé le mot mosquée et ils ne se sont pas posé plus de questions", lance Farid Kachour, indigné. Pour lui, un huissier de justice est une personne assermentée et ce dernier a manqué au devoir de vérification que lui exige son métier. L’association redoute également les frais bancaires qui resteront à sa charge après la saisie accidentelle. Et la note pourrait être salée. Mais il promet intenter une action devant la justice.
Contacté par leParisien.fr, l’huissier n’a pas souhaité donner sa version. Il a juste assuré à l’association qu’il a transmis une mainlevée à la Société Générale. "Vous imaginez ? Si on n’avait pas eu une somme suffisante sur le compte, les conséquences sur l’avancée du chantier auraient pu être graves", pointe Farid Kachour, en se tournant vers la mosquée qui entre dans la dernière phase des travaux.
Il en a profité pour faire découvrir la mosquée de l’avenue des Hortensias, dont les travaux sont presque terminés. Conçu pour accueillir 1 500 fidèles, la mosquée abritera également des salles de classe, une bibliothèque, ou encore un espace numérique. Un espace cultuel et culturel, entièrement financé par des dons privés. En tout, près de 11 millions d’euros ont été collectés pour permettre à la mosquée de voir le jour.
L’équipe de leParisien a essayé de joindre au téléphone, Fatih Sarikir, président de l’ACGMCM (Association culturelle de la grande mosquée de Clichy-Montfermeil), qui a confirmé que c’est son association qui était visée par la saisie des 400 000 euros. Il a expliqué qu’il s’agit d’un conflit qui oppose l’entrepreneur chargé de réaliser les travaux à l’Association de la grande mosquée, à laquelle il réclame plus de 500 000 euros.
L’Association a fait appel de la décision de justice la condamnant à payer, et ne désespère pas de voir la situation évoluer dans les prochains mois.