Bouchra Karboubi
Née à Taza, Bouchra est la dernière d’une fratrie de cinq enfants. Elle a le football dans le sang. Une passion qu’elle développera très tôt. Adolescente, elle et ses amies jouaient sur des terrains de fortune. Elle s’intéresse plus tard au métier d’arbitre de football. Une école d’arbitrage pour hommes et femmes venait d’ouvrir ses portes dans sa ville en 2001. « J’adorais le foot, mais je me suis dit : pourquoi pas ? Cela me permettait de ne pas renoncer à ma passion, d’apprendre les règles du jeu… », confie-t-elle à Ouest France.
Ce choix n’est pas accepté de tous. « Que de raclées j’ai reçues de mes frères ! Ils ne me laissaient pas aller au terrain. Pour eux, le foot était un sport réservé aux hommes, où pleuvent les insultes, etc. Puis à Taza, sortir en short pour arbitrer quand on est une fille c’était hchouma (honteux)… », raconte la jeune arbitre. Avec l’aide de sa mère et de sa voisine, elle use de subterfuges pour échapper à la furie de ses frères. « Une fois, mes frères ont découvert un drapeau dans mon sac et l’ont déchiré. Je suis allée en pleurs sur le terrain, une aiguille à la main, le recousant à la va-vite », se souvient-elle.
2007, une nouvelle ère s’ouvre. Il existe désormais un championnat national féminin au Maroc. Devenue arbitre nationale, la jeune fille quitte sa ville natale pour Meknès. « Ma famille comprenait que c’était sérieux et professionnel pour moi. Un jour mon père vint me voir à l’entraînement à Meknès. C’est alors qu’il ordonna à mes frères de respecter mon choix », confie Bouchra. Elle est présente sur les terrains pour arbitrer dans les première et deuxième divisions féminines. En 2014, la chance sourit à la jeune arbitre. Elle passe un test physique pour siffler des matchs masculins. « Dès que j’ai été retenue, je suis passée dans un autre univers, beaucoup plus cadré, avec un coach sportif mis à ma disposition par la fédération. »
En parallèle, Bouchra Karboubi est inspectrice de police. « un rêve depuis toute petite ». La direction générale de la Sûreté nationale (DGSN) l’autorise à exercer comme arbitre. « Dès que je retire l’uniforme, je file sur le terrain m’entraîner, une vraie bouffée d’oxygène. » En 2016, elle passe à un grade supérieur : elle devint arbitre internationale. Mère d’une petite fille, Dina, 3 ans, elle poursuit ses rêves. Elle est en lice pour arbitrer la Coupe du monde féminine de 2023 en Australie et Nouvelle-Zélande et participer au CHAN d’Afrique.