Au Maroc, les parquets des tribunaux de première instance ont commencé à transmettre aux nouvelles chambres chargées des crimes de blanchiment d’argent les dossiers des présidents de commune et des parlementaires condamnés pour dilapidation et...
Le Maroc a réalisé une légère amélioration de son classement d’après l’Indice de perception de la corruption (IPC). En effet, il passe du 79e rang en 2006 au 72e en 2007. Sa note a aussi enregistré une timide augmentation passant de 3,2 à 3,5. Ceci dit, la tendance lourde confirme toujours la pérennité d’une corruption endémique d’après le rapport moral de 2008 de Transparency Maroc.
Le constat alarmant a été renforcé par la multiplication des cas de corruption révélés par la presse ou d’autres supports, allusion faite au Snipper de Targuist qui a su montrer en direct des cas concrets.
Le document insiste sur le degré de vigilance qui ne devrait pas être trahi par la modeste amélioration de la perception de la corruption dans le Royaume. Ceci dit, il existe en parallèle une prise de conscience de l’ampleur de ce problème et l’émergence de formes de lutte variées qui ne demandent qu’à être encouragées, note le rapport.
D’ailleurs, les efforts de TM avec d’autres acteurs de la société civile ont commencé à donner leurs fruits. Il s’agit notamment de l’appropriation de la cause de la lutte contre la corruption qui devient de plus en plus grande.
Des signaux positifs viennent appuyer ce constat, malgré les limites qui continuent de les affecter. Il s’agit notamment du dépôt des instruments de ratification de la convention des Nations Unies, la mise en chantier d’un projet de texte sur la déclaration de patrimoine et des dernières retouches apportées au décret relatif aux marchés publics.
Les acteurs de TM insistent surtout sur le fait que le gouvernement doit concrétiser ses engagements. Le Maroc devrait enfin consolider et achever la procédure formelle de ratification de la convention des Nations Unis contre la corruption. Celle-ci demeure, à ce jour, inachevée.
Tergiversations, perte de temps et manque de synchronisation entre différents départements font que ce travail inachevé a du mal à avancer. Cette situation, non réglée à temps risquerait à termes d’altérer la confiance des citoyens, déjà affectée par le manque de sincérité et de crédibilité des pouvoirs publics.
D’ailleurs, des exemples du quotidien ne font qu’accentuer leur perplexité. Celle-ci se manifeste souvent à travers la propagation de cas de corruption qui ne sont ni sanctionnés ni même poursuivis en justice. Les militants de cette lutte, qu’ils soient membres ou non de TM, ne sont pas non plus épargnés. Ils ne cessent de faire face à un lot de sanctions et d’intimidation. C’est ce qui accentue l’écart d’une part entre le discours officiel qui dénonce la corruption, notamment à l’approche des élections. D’autre part, la pratique sur le terrain où les cas de sanctions se font rares.
TM a donc jugé nécessaire de soutenir et protéger les victimes et témoins de ce fléau. Cependant, ses moyens limités ne lui ont pas permis de suivre tous les cas, dont le nombre est assez élevé. Des efforts sont déployés dans ce sens afin de généraliser l’information sur ce phénomène. Le Maroc a donc fait partie des pays couverts par l’enquête du baromètre. Cela a permis de disposer, en 2006, d’une information sur l’expérience des ménages en matière de corruption et sur le degré de corruption affectant les différents secteurs économiques.
Et pourtant, cette situation instable n’a pas empêché Transparency Maroc de développer ses relations internationales et de s’imposer. Ainsi, TM est devenue un membre incontournable du réseau de la transparence grâce notamment à son travail de proximité. D’ailleurs, l’une des conséquences de ce travail acharné est l’élection d’un membre de TM au board de Transparency International.
Et pour atteindre ses objectifs, TM a identifié les orientations et projets qui doivent prendre de l’importance dans les années à venir. Ainsi, après l’adoption de la convention des Nations Unies contre la corruption, le mouvement anticorruption va se mobiliser encore plus pour son suivi.
Les prochaines étapes et batailles porteront plus sur les instruments de monitoring et sur le renforcement de l’implication de la société civile. Et également, sur le développement de la coopération pour le recouvrement des fonds d’origine illicite.
Il s’agira aussi de donner plus d’intérêt à la question des droits humains. La place des victimes de la corruption doit être plus valorisée. C’est ainsi que plusieurs pays assistent au développement de Centres d’aide juridique pour leur venir en aide. Les pouvoirs publics doivent encore fournir des efforts pour rapprocher leur discours à la réalité.
Restriction
La politique des pouvoirs publics semble être encourageante par certains côtés. Le Maroc est en phase de passer de la corruption taboue à sa reconnaissance difficile, puis à l’adhésion lente et hésitante au cadre institutionnel et international de référence : la Convention de l’ONU contre la corruption. La portée de l’adoption d’un décret créant l’instance centrale de prévention de la corruption et de la préparation de textes sur les déclarations de patrimoine de certains fonctionnaires de l’Etat est restreinte par de sérieuses limitations et freinée par l’absence d’une volonté de mise en œuvre, du moins jusqu’à ce jour.
L’Economiste - Sara Badi
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