« Un ami m’a appelé pour me donner la nouvelle. Sous le choc, j’ai raccroché, fait mes ablutions et ma prière et demandé à Dieu que la situation n’empire pas, que je ne sois pas expulsé et que je puisse trouver une solution pour vivre auprès de ma femme », confie à Middle East Eye Aareb, artisan décorateur d’intérieur, originaire de la ville de Fès au Nord-Est du Maroc. Ce Marocain de 37 ans raconte s’être installé à Mila, dans l’Est de l’Algérie, à l’âge de 15 ans. « Dans mon pays natal, je leur dis que le Maroc est ma mère biologique et l’Algérie, ma mère adoptive. J’ai fait ma vie ici, et à l’exception de ma famille, je n’ai presque plus rien au Maroc », dit-il.
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La rupture des relations diplomatiques entre Rabat et Alger semble doucher l’espoir du trentenaire : « J’espérais trouver une solution et faire venir ma femme. […] J’ai encore des projets ici et je compte faire ma vie en Algérie. Je prie pour qu’on ne nous expulse pas trop rapidement et que [les autorités] me laissent le temps de finir mes projets, de rembourser mes dettes ». Tout comme Aareb, Ismail Farih, un youtubeur marocain aux plus de 46 000 followers sur YouTube et 2 000 sur Instagram partage le même sentiment. « J’espérais profondément que la situation s’améliore. Je ne m’y attendais pas du tout. J’ai des projets de vie ici. Je n’ai pas assez de recul pour savoir si cette décision va influencer ces projets », assure-t-il.
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Son rêve, c’est de s’établir en Algérie et d’y fonder une famille. Aux yeux de ce Fassi de 25 ans, les tensions politiques entre les deux pays n’étaient que « des nuages passagers ». Fort de cette conviction, il avait d’ailleurs tenté de « rapprocher les deux peuples frères » et de « les aider à dépasser les préjugés » en convertissant sa chaîne YouTube dédiée à la musique en chaîne de découverte des cultures et des coutumes des deux pays voisins. « J’ai constaté que les Algériens étaient friands de tous les contenus liés au tourisme et à l’aventure. Alors j’ai décidé de travailler sur ce genre de contenu dans le but de rapprocher les deux peuples. J’ai plus de 150 vidéos sur ma chaîne aujourd’hui ! », raconte-t-il.
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Mohamed, 21 ans, étudiant en génie électrique et énergétique à Oran se désole, lui aussi, de la situation actuelle. « J’espérais qu’un jour, la frontière terrestre serait rouverte. Autant dire que l’annonce de la rupture entre Alger et Rabat m’a mis en colère. Je ne la comprends pas ! », confie-t-il. « Parfois, lorsque les gens apprennent que je suis Marocain, ils me traitent mieux que leurs concitoyens. Il m’arrive souvent d’être invité par mes collègues et leurs familles à dîner ou passer la nuit. Je n’ai jamais rencontré le moindre problème. Je regrette juste ces différends politiques qui affectent le plus ceux qui, comme nous, sont coincés au milieu… »