Un devoir de mémoire pour les Marocains expulsés d’Algérie
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Au Maroc, de nombreux Algériens vivent dans l’angoisse depuis les décisions algériennes de rompre ses relations diplomatiques avec Rabat et de fermer son ciel à tous les avions marocains. Ils espèrent un retour au calme très rapide.
« Je ne pensais pas que la situation allait se dégrader aussi rapidement, raconte au journal La Croix Karima, une Algérienne quinquagénaire installée au Maroc depuis quelques mois, après avoir passé plusieurs années au Proche-Orient. En Algérie comme au Maroc, on se considère comme des peuples frères ». Elle se dit anéantie après avoir appris les décisions algériennes de couper les ponts avec Rabat et de fermer l’espace aérien algérien à tous les avions marocains. Un coup dur pour cette enseignante qui s’est installée à Casablanca pour se rapprocher des siens. « J’en ai pleuré. Comment je ferai s’il arrivait quelque chose à ma mère ? », s’inquiète-t-elle.
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« Au Maroc, je n’ai jamais subi le moindre problème en tant qu’Algérienne, assure Karima. De la même manière, en Algérie, tout le monde se souvient du soutien du Maroc pendant la guerre d’indépendance. » Mais peu après l’indépendance, il y a eu lieu la guerre des sables en octobre 1963, un conflit militaire opposant les deux pays. En 1975, des dizaines de milliers de Marocains travaillant en Algérie avaient été expulsés après que Rabat a pris le contrôle d’une partie du Sahara, territoire disputé entre le Maroc et le Polisario, protégé de l’Algérie. « La période actuelle me rappelle un peu ces années », s’inquiète Karima, alors que des rumeurs font état d’une nouvelle vague d’expulsions.
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« Le problème est au niveau politique mais, cette fois, les relations entre les peuples sont entachées. Il y a de la haine des deux côtés », déplore Nadia, jeune architecte algérienne de 27 ans vivant à Rabat dont les parents se sont installés au Maroc en 1992. « Ce sont mes deux identités qui sont en conflit. Et je le vis très mal », soupire-t-elle. « Je n’aurais jamais imaginé que le conflit puisse autant dégénérer, reconnaît-elle. Désormais, je me dis qu’il faut envisager le pire. Parmi les Algériens autour de moi, il y a un même sentiment d’inquiétude. On ne peut qu’attendre et espérer que la situation se calme », ajoute-t-elle.
En 2014, on dénombrait officiellement 5 700 Algériens vivant au Maroc, soit la troisième communauté étrangère du pays, selon le haut-commissariat au plan.
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