Un ancien juge d’instruction accuse le Maroc d’être derrière ses ennuis judiciaires

23 mai 2022 - 18h20 - France - Ecrit par : S.A

Patrick Ramaël, ancien juge d’instruction dans l’affaire Mehdi Ben Barka, le chef de file du mouvement tiers-mondiste, et plus célèbre opposant aux rois Mohammed V et Hassan II, disparu dans des circonstances mystérieuses en France, est poursuivi devant la Cour d’appel de Paris pour violation du secret de l’instruction. Il accuse le Maroc d’être derrière ces procédures en diffamation. Le délibéré sera rendu le 23 juin prochain.

Poursuivi par Miloud Tounzi, ancien fonctionnaire marocain, l’ancien juge d’instruction Patrick Ramaël, qui était en charge du dossier Ben Barka pendant 10 ans, a comparu devant la 17ᵉ chambre de la Cour d’appel de Paris le 19 mai 2022. À la barre, il charge Miloud Tounzi : « Tout le monde sait que Miloud Tounzi se cachait sous son nom d’agent, Larbi Chtouki, condamné par contumace à la perpétuité en 1967. C’est bien Tounzi qui a dirigé le commando qui a enlevé, torturé et fait disparaître le corps de Medhi Ben Barka. » Les deux avocats français et marocain de la partie civile battent en brèche et affirment que le juge n’a jamais eu aucune preuve, aucun indice grave et concordant lors de son instruction, rapporte France inter. « C’est lamentable, c’est un assassinat moral », fustigent-ils.

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L’avocat de l’ex-juge d’instruction assure que son client ne gérait plus le dossier en 2015, année où il avait publié un livre sur l’affaire en reprenant certains articles de presse. Il assure que Patrick Ramaël n’a cité un article de presse marocain faisant référence à des aveux de Miloud Tounzi devant une commission spéciale au Maroc, l’équivalent des commissions « Vérité et Réconciliation » en Afrique du Sud, qui n’a jamais été attaqué en justice. « Cette audition n’a jamais eu lieu, c’est faux !", clame l’avocat français de Miloud Tounzi. « C’est lamentable…". « Parlons-en, rétorque le défenseur de Patrick Ramaël. Mon client a tenté de récupérer ce rapport mais il y a eu refus des autorités marocaines ».

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Pour Patrick Ramaël, la monarchie marocaine « serait derrière ces procédures en diffamation », car elle « a tenté de l’attaquer en vain pour violation du secret de l’instruction ». Le magistrat justifie ces affirmations des faits qui ont froissé la monarchie marocaine, notamment les mandats d’arrêt qu’il avait délivrés à quelques jours d’une visite officielle au Maroc de l’ex-président français Nicolas Sarkozy, un voyage au Maroc, où il avait pris les coordonnées GPS du site de l’ancienne prison secrète à Rabat, le PF3. La tête de Mehdi Ben Barka aurait pu être enterrée près de ce lieu, croit-il savoir. Le verdict est attendu le 23 juin prochain.

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