
Le Parti de la justice et du développement (PJD) a demandé le retrait des manuels scolaires dont les couvertures sont aux couleurs du drapeau LGBT.
Radicalisé en Belgique, entraîné en Afghanistan, un Belgo-Marocain révèle dans un livre un parcours étonnant. Il dit avoir travaillé sept ans pour la DGSE et le MI5.
Un Marocain de Belgique, devenu islamiste radical à Bruxelles, a travaillé pendant sept ans à l’intérieur d’al Qaeda pour le compte des services secrets français et britanniques.
Cette révélation fracassante figure dans le livre qu’Omar Nasiri - un nom d’emprunt - vient de publier en plusieurs langues en Europe. La campagne de presse a débuté jeudi soir par une interview de l’auteur-espion sur Newsnight à la BBC2. Le livre, "Au coeur du Djihad", est publié en français chez Flammarion.
Le parcours d’Omar Nasiri résume de façon exemplaire la vague djihadiste des années 90 qui a préparé les attentats de 2001 et d’après : une famille déchirée entre l’Afrique du Nord et la Belgique, des trafics de drogue et d’armes, la récupération par un groupe islamiste, puis l’envoi dans les camps afghans.
Né en 1967 à Tanger, arrivé en Belgique en novembre 1993 pour y rejoindre sa mère, Omar Nasiri s’est radicalisé en Belgique au contact de son frère aîné. "Il voulait que je devienne comme lui. Il voulait que je prie comme lui", a-t-il dit sur la chaîne britannique.
Sa spécialité ? Les armes
Dans la capitale belge, son frère l’introduit auprès d’un groupe de salafistes, le GIA algérien, qui va l’entraîner avec lui. Il deviendra le fournisseur en armes et en explosifs du groupe. "Nous avions des M16 et des kalachnikovs", dit-il, fasciné.
Le jeune Marocain va être impliqué dans deux opérations au moins. La première est l’acheminement, à partir de Bruxelles, d’une Audi bourrée d’explosifs, de munitions et de billets de banque, laquelle allait servir selon lui à un attentat à Alger (14 morts). La seconde est la fourniture d’armes et munitions au commando du GIA qui a détourné fin 1994 un Airbus d’Air France qui assurait la liaison Alger-Paris (3 morts). "C’étaient mes balles", dit-il. "Et qui il y avait dans l’avion ? Juste des immigrants, des Arabes !".
La police belge va cependant mettre fin à la cellule du GIA, dirigée alors par Ahmed Zaoui, lors de plusieurs raids à Bruxelles en mars 1995. Les policiers mettent la main sur un manuel terroriste dont la première page contient une dédicace à Oussama Ben Laden. Nasiri échappe à l’arrestation. Il "n’a pas joué de rôle dans l’affaire Zaoui", nous explique un policier belge de l’antiterrorisme. "Il n’a pas été arrêté".
En fait, Nasiri se trouvait dans une situation délicate. Les membres du GIA lui reprochaient d’avoir détourné 25 000 francs, et, pour lui, cela signifiait un arrêt de mort. Paniqué, Nasiri prend contact avec le Consulat de France à Bruxelles où il est mis en relation avec un certain Gilles, agent de la DGSE. "Quand il a été retourné, les carottes étaient déjà cuites" pour le GIA, explique le policier belge.
Exfiltré par la DGSE
Les autorités belges trouvaient Nasiri fort encombrant. Elles ont donc demandé aux Français d’exfiltrer le Marocain. Et c’est vers l’Afghanistan que l’homme part, en mai 1995. Repéré à Peshawar par Abou Zoubeida, le recruteur d’al Qaeda, il part s’entraîner aux camps afghans de Khalden, puis de Darunta. "J’étais étonné par la quantité d’armes avec lesquelles on s’entraînait et par ce qu’on y apprenait, dit-il. L es explosifs, les assassinats, les raids sur des lieux civils ou militaires, les kidnappings sur la route, les exécutions dans les cafés".
Nasiri entre donc, en Afghanistan, dans l’internationale du djihad qui gravite autour de Ben Laden. Mais, en sous-main, il travaille pour les Français, qui l’ont refilé aux Britanniques du MI5.
Le jeune Marocain arrive en juillet 1996 à Londres avec pour mission de former une cellule dormante. Il fréquente les imams radicaux de la métropole, Abou Hamza (dont la main a explosé lors de la manipulation de nitroglycérine, selon lui) et Abou Qatada. Londres est un choc culturel. "C’était fantastique. Je buvais du vin, fumais des cigarettes et rencontrais des filles", dit-il.
Nasiri affirme ne pas avoir été pris au sérieux par l’antiterrorisme britannique, qui a longtemps minimisé le Londonistan et ignoré ses liens internationaux. "Nous n’avons perçu la signification, la croissance rapide" de ce mouvement, reconnaît Robert Milton, spécialiste de l’antiterrorisme à la police londonienne entre 1996 et 1998. "J’ai le sentiment que j’ai risqué ma vie pour rien, absolument pour rien", conclut un espion désenchanté.
La Libre Belgique
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