Au Maroc, le mariage des mineurs est loin d’être conjugué au passé. En témoignent les déclarations du ministre de la Justice. D’après Mohamed Benabdelkader, sur les 32 000 demandes enregistrées l’année dernière, seulement 19 % ont connu le rejet des juges. Ainsi, les 81 % restants auront été approuvés par ces magistrats.
Pour infléchir cette tendance, le royaume a porté à 18 ans l’âge légal du mariage. Pourtant, dans les faits, la loi n’est pas toujours respectée. Ainsi, 98 % des demandes de ces mariages se concentrent dans les zones rurales. Ici, "beaucoup de familles se contentent d’un engagement religieux, sans toujours formaliser l’acte consensuel du mariage, comme stipulé par le Code de la famille".
L’Association "Droit & Justice" mène une étude nationale autour de la question du mariage des mineurs. À l’en croire, le phénomène connaît une ampleur inquiétante. De 18 000, il est passé à 35 479 cas en 2015, affirme-t-elle, ajoutant que ces statistiques déclarées par le ministère de la Justice, "ne comprennent pas les autres formes du mariage, à savoir le mariage coutumier (à la fatiha), et le mariage par contrat".
Pour le ministre de la Justice, même s’il est observé un repli des demandes de mariage de mineurs, déposées auprès des tribunaux, de 2015 jusqu’à 2018, "le Code de la famille nécessite d’être revu".