
Le corps sans vie d’une jeune femme a été retrouvé au domicile de sa famille dans les environs de Berrechid. Soupçonné d’homicide, son mari en fuite a été arrêté par les éléments de la Gendarmerie royale relevant du centre territorial de Deroua.
"Dans ma rue, l’extrême droite tue." A côté de son frère, qui baisse la tête, accablé de douleur, Kenza, toute de blanc vêtue, harangue quelques milliers de personnes rassemblées sur la pelouse du parc Josaphat, à Schaerbeek, l’une des communes de Bruxelles. Elle est l’aînée des enfants du couple marocain Isnasni-El Hajji, assassiné, mardi 7 mai, par Hendrik Vyt, un sympathisant du Vlaams Blok qui avait décidé de passer à l’acte, dépité, selon ses propres dires, par la défaite de Jean-Marie Le Pen.
Des sanglots dans la voix, l’adolescente va raconter "la vie qui fait de drôles de détours". Lundi dernier, dit-elle, elle était encore heureuse avec ses parents, ce soir, elle les enterre, et deux de ses frères, blessés, sont à l’hôpital. Kenza prône le recueillement mais, pleine d’aplomb face à plusieurs ministres, dont celui de l’intérieur, des présidents de parti et le maire de la commune, elle juge que "des questions doivent être posées". Rompant le silence que troublent seulement les pleurs étouffés des hommes et des femmes, Kenza reprend son souffle et lâche : "Pourquoi nos voisins sont-ils les seuls à être venus à notre secours ? Pourquoi un criminel a-t-il pu vivre armé dans ma maison, où je me croyais en sécurité ? Je vous interpelle, responsables de mon pays ; pas en tant que victime mais en tant que citoyenne." A ses parents "qui vont rejoindre le pays qui les a vus naître", la jeune fille adresse un ultime regret : "Nous n’avons pas eu le temps de vous dire que nous vous aimons." Au maire, elle formulera une requête : elle souhaiterait que la commune plante deux arbres pour commémorer le souvenir des défunts. "Faites que leur départ ne soit pas vain", lance-t-elle en guise d’ultime appel.
Pétrifiés, les responsables publics promettent "plus jamais ça", et Antoine Duquesne, le ministre de l’intérieur, affirme la détermination de son gouvernement à endiguer la violence raciste. "La haine est dans nos murs", estime Bernard Clerfayt, un maire qui tente depuis un an de redresser l’image d’une municipalité où l’extrême droite a fait son trou, guidée par l’ancien commissaire en chef de la police locale. La communauté musulmane de Bruxelles, à laquelle s’adresseront l’ambassadeur du Maroc et des représentants du culte, doute, mais prône l’apaisement. Ce à quoi ne peuvent se résoudre quelques jeunes qui, depuis trois nuits, affrontent la police.
Vendredi, le Belge le plus applaudi a été Gérard B..., le voisin qui, empoignant son échelle malgré le danger, a sauvé les enfants du brasier allumé par Vyt, qui tirait sur les pompiers et les policiers pour les empêcher d’intervenir. Une enquête officielle a été diligentée sur la lenteur et la faiblesse de l’intervention des forces de l’ordre. Elle devrait aussi tenter de déterminer pourquoi Vyt, réputé violent et extrémiste, n’était pas mieux surveillé. Vendredi, Kenza ne voulait pas polémiquer. Elle a juste salué ceux qui avaient fait preuve de courage,"ce courage qui a manqué à ceux qui devaient nous sauver".
Source :lemonde.fr
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