Cessions d’entreprises au Maroc : le fisc renforce son contrôle

23 mars 2025 - 22h00 - Economie - Ecrit par : S.A

La prolifération de cessions d’entreprises douteuses éveille les soupçons des services de contrôle central de la Direction générale des Impôts (DGI).

Se basant sur les rapports émanant du service des enquêtes, du traitement des données et du suivi des activités numériques au sein de la direction, les services de contrôle central de la Direction générale des Impôts (DGI) ont lancé une opération d’audit approfondie concernant la prolifération des cessions de sociétés douteuses ne disposant d’aucune activité commerciale, industrielle ou de services réelle sur le terrain, et qui sont utilisées pour faciliter l’obtention de crédits bancaires, l’acquisition de visas et la manipulation d’opérations d’importation et d’exportation. Selon ces rapports, les « trafiquants de sociétés » sont à l’origine de la montée des litiges judiciaires entre les nouveaux acquéreurs et les directions des impôts, des douanes, des banques et d’autres créanciers.

Des comptables sont impliqués dans la mise en relation pour la vente de sociétés, en échange de commissions allant jusqu’à 30 000 dirhams. Ils ont réussi à convaincre des clients qui les consultaient sur les démarches de radiation de leurs sociétés après l’arrêt de leurs activités et leur incapacité à honorer leurs engagements financiers envers les créanciers privés et les institutions publiques, en tête desquelles l’administration fiscale et le Trésor général du royaume, précisent les mêmes rapports. Ces comptables ont pu commercialiser les sociétés en difficulté ne menant aucune activité réelle sur le terrain, au profit de nouveaux acquéreurs souhaitant obtenir des prêts bancaires, poursuivre ou étendre leur activité, ou les exploiter pour obtenir des visas de voyage à l’étranger, ainsi que pour la réalisation d’opérations d’importation ou d’exportation.

À lire : Le fisc marocain en alerte

Des opérations de contrôle sur le terrain et des révisions fiscales « attendent les sociétés récemment cédées, après l’implication de leurs anciens gestionnaires et détenteurs de parts dans la tromperie des services de contrôle fiscal ; notamment à travers des tentatives de gonflement fictif de leur chiffre d’affaires financier et commercial, au moyen de transactions simulées et de factures falsifiées, dans le but de les vendre à des prix élevés et de faciliter leur écoulement en affichant leur aptitude à être immédiatement exploitées pour obtenir des visas européens », font savoir des sources de Hespress. Il y a déjà eu transmission par les services de la DGI des données importantes à la Caisse nationale de Sécurité sociale dans le cadre de leurs investigations. L’objectif est de vérifier la déclaration d’un nombre de salariés ne correspondant pas à l’ampleur de l’activité commerciale de petites entreprises.

Bon nombre de ces entreprises cédées sont criblées de dettes. En témoigne le constat effarant fait par les nouveaux acquéreurs : des sociétés avec d’énormes dettes sous forme de chèques et de traites non déclarées lors de la vente. En conséquence, ils se trouvent en difficulté : ils sont classés parmi les interdits de chéquier en un temps record, et les mouvements de leurs comptes bancaires ont été gelés.

Bladi.net Google News Suivez bladi.net sur Google News

Bladi.net sur WhatsApp Suivez bladi.net sur WhatsApp

Sujets associés : Impôts - Administration - Direction générale des impôts (DGI) - CNSS

Aller plus loin

Le fisc marocain en alerte

La lutte contre l’économie informelle reste le cheval de bataille de la Direction Générale des Impôts (DGI). Dans ce sens, celle-ci a adopté une nouvelle stratégie.

Le fisc marocain traque des hommes d’affaires à Paris

Plusieurs hommes d’affaires marocains sont dans le collimateur de l’Office des changes du royaume. Une enquête approfondie a été déclenchée concernant l’utilisation présumée de...

Évasion fiscale : le fisc marocain en alerte

Suite à une alerte des collectivités territoriales, la ministère de l’Économie et des Finances a transmis des listes d’entreprises suspectées d’évasion fiscale à la Direction...

Maroc : des promoteurs immobiliers dans le viseur du fisc marocain

Les équipes de contrôle régionales de la Direction générale des Impôts (DGI) enquêtent sur l’exigence faite aux clients par de grands promoteurs immobiliers de payer en espèces...

Ces articles devraient vous intéresser :

Maroc : la traque des avoirs cachés commence

L’administration fiscale marocaine va mener une opération de contrôle des avoirs dormant à domicile afin d’assurer une meilleure transparence financière et fiscale.

Maroc : les duty free font leur révolution

Du changement en vue pour les magasins de vente sous douane, communément appelés « Duty free shops ». L’Administration des douanes et impôts indirects (ADII) et l’Office des changes ont fixé de nouvelles règles relatives à leur gestion et fonctionnement.

Maroc : les voitures de fonction sous haute surveillance

L’administration publique marocaine veut en finir avec le phénomène de l’exploitation des voitures de service à des fins personnelles pendant la période des vacances. Les services compétents de la police et de la gendarmerie royale sont mobilisés à...

Airbnb et Booking au Maroc : attention aux impôts

Les contribuables marocains, propriétaires de biens immobiliers, n’ont plus que quelques jours pour déclarer leurs revenus fonciers et payer leurs redevances. À compter du 1ᵉʳ mars, les retardataires subiront la rigueur de la loi.

Expulsions de France : autrefois protégés, ils sont désormais visés

Depuis la promulgation de la nouvelle loi « asile et immigration » en France, les expulsions sous OQTF visent désormais plusieurs catégories d’étrangers autrefois protégées par la loi.

Une Marocaine "perd" son nom en Belgique

Depuis 2019, une Belgo-Marocaine de 73 ans mène des démarches administratives infernales afin de faire rectifier son nom de famille.

Immobilier au Maroc : voici ce que rapportent les contrôles fiscaux

Les contrôles fiscaux effectués par la direction générale des impôts (DGI), sous l’égide du ministère de l’Économie et des Finances sur les promoteurs immobiliers au cours des trois dernières années (2020-2023) ont rapporté gros.

Le Maroc en passe d’autoriser les VTC

Abdelouafi Laaftit, ministre de l’Intérieur, travaille à mettre fin aux tensions persistantes entre les chauffeurs de taxis, qui dénoncent « une concurrence déloyale », et les opérateurs de VTC, qui réclament une légalisation de leur activité.

Le Maroc va régulariser les chauffeurs clandestins

Le gouvernement marocain offre désormais la possibilité aux propriétaires de véhicules de transport clandestin de régulariser leur situation et d’exercer leur activité de manière structurée.

Fisc : Le Maroc ajuste l’IS et l’IR dans la Loi de finances 2024

Au Maroc, des ajustements ont été apportés à l’Impôt sur les sociétés (IS) et l’Impôt sur le revenu (IR) dans le cadre de la Loi de finances 2024.