Attaque à Paris : "Je voulais être un héros et je me suis retrouvé derrière les barreaux"

28 septembre 2020 - 07h20 - France - Ecrit par : S.A

Alors qu’il a tenté d’arrêter le principal suspect de l’attaque au hachoir survenue, le 25 septembre devant les anciens locaux de Charlie Hebdo à Paris, Youssef, le "deuxième suspect" s’est retrouvé en cellule avant d’être libéré dans la nuit de vendredi à samedi. Un événement qui restera gravé dans sa mémoire.

"J’étais en train d’entrer dans ma voiture, quand j’ai entendu les cris d’une femme. Je regarde dans mon rétroviseur pour voir ce qui se passe, puis je sors de ma voiture et j’entends cette fois un homme qui crie : ’Non, non, non !’ À ce moment-là, je vois un mec suspect qui court en direction du métro Richard-Lenoir, je suis parti directement pour le suivre", raconte-t-il au journal Le Monde.

Pour lui, il est clair qu’il s’agit d’une agression. "Je me suis retrouvé sur le quai d’en face, je le vois de l’autre côté. Je lui ai dit : ’Toi, reste là !’, j’ai fait comme un flic", s’amuse-t-il. L’assaillant prend la direction du bon quai. Youssef arrive et lui demande ce qu’il a fait. Il sort une lame de cutter. "Il m’a dit quelque chose, mais je n’ai rien compris. Je crois qu’il ne parlait pas le français. Il était étonnamment calme. C’est comme s’il attendait tranquillement le métro. Il est monté dedans sans agresser personne et il est parti en direction de Bastille."

Alertée, la police arrive sur les lieux. Le jeune explique la situation à un agent. "Ensuite, je voulais aller voir les victimes, mais un policier m’a dit : ’Tu dégages !’ J’ai raconté que j’avais suivi le mec. Ils m’ont d’abord dit de laisser mon numéro de téléphone. Ensuite, un policier m’a dit de me mettre contre le mur, il m’a fait une fouille. Un de ses collègues lui a dit de me lâcher, que je n’avais rien fait."

Alors que Youssef est allé chercher son portefeuille avec sa pièce d’identité pour pouvoir témoigner, sa photo circulait. Il est présenté comme un deuxième suspect. Les choses se compliquent pour le jeune homme. Les agents de la Préfecture de police de Paris l’interpellent. "Ils m’ont emmené dans le métro. Ils m’ont demandé de regarder en direction des caméras pour prendre mon portrait, ils m’ont aussi pris en photo avec leurs téléphones. Puis ils m’ont mis des menottes", poursuit-il.

Youssef est placé en cellule dans les locaux de la police judiciaire, dans le 17e arrondissement. Pendant ce temps, le principal suspect a été arrêté. Le jeune homme d’origine algérienne sera libéré dans la nuit de vendredi à samedi après avoir été totalement mis hors de cause. Une source policière haut placée confie : "Son récit est tout à fait crédible, il n’est pas du tout connu de nos services".

Bladi.net Google News Suivez bladi.net sur Google News

Bladi.net sur WhatsApp Suivez bladi.net sur WhatsApp

Sujets associés : France - Paris - Terrorisme

Aller plus loin

Attaque à Paris : la déclaration de cette spécialiste ne passe pas

La spécialiste du monde arabe, Anne Giudicelli, estime que l’attaque au hachoir survenue à Paris, vendredi 25 septembre devant les locaux de Charlie Hebdo, aurait pu être évitée...

La France veut expulser "systématiquement" les fauteurs de troubles étrangers

Les fauteurs de trouble de nationalité étrangère ne sont plus les bienvenus sur le territoire français. Ils doivent être "systématiquement" renvoyés dans leur pays d’origine,...

Ces articles devraient vous intéresser :

Décès de Malika El Aroud, « La Veuve noire du Jihad »

Malika El Aroud, condamnée pour terrorisme en 2008, est décédée à l’âge de 64 ans. Cette femme, qui avait la double nationalité belge et marocaine, avait été déchue de sa nationalité belge en 2017 pour avoir « gravement manqué à ses devoirs de...

Projet d’attentat déjoué au Maroc : Treize individus arrêtés par le BCIJ

Treize personnes ont été arrêtées par le Bureau Central d’Investigations Judiciaires (BCIJ), jeudi dernier. Soupçonnés d’être partisans de l’organisation terroriste « État islamique », les individus ont été arrêtés lors d’opérations menées dans...

Maroc : les casinos sous haute surveillance

Dans le cadre de la lutte contre le blanchiment d’argent et le financement du terrorisme, les services compétents du ministère de l’Intérieur ont effectué des missions de contrôle dans sept casinos entre avril et septembre 2024, et démantelé plusieurs...

Le Maroc frappe un grand coup dans la lutte contre le terrorisme

Une cinquantaine d’individus ont été arrêtés mercredi au Maroc lors d’une importante opération visant des membres présumés de groupes djihadistes.

Terrorisme au Maroc : une lutte permanente depuis 2003

L’extrémisme islamiste au Maroc a été marqué par cinq moments forts, dont notamment les attentats de Casablanca en 2003 et 2007, le printemps arabe en 2011, et la création de l’État islamique (EI) en 2014. Pour lutter contre le phénomène, les autorités...

Une cellule préparant des attentats au Maroc démantelée

Le Bureau central des investigations judiciaires (BCIJ), se basant sur des informations fournies par la Direction générale de la surveillance du territoire (DGST), a annoncé le démantèlement d’une cellule terroriste liée à l’organisation Daech. Cette...

Coup de filet au Maroc contre une cellule terroriste planifiant des attaques

Cinq individus, âgés entre 22 et 46 ans, soupçonnés d’appartenir à l’organisation terroriste Daesh et de préparer des attentats contre des installations vitales et des institutions sécuritaires, ont été arrêtés par les forces de sécurité marocaines.

Blanchiment d’argent : Le Maroc serre la vis et ça paye

La lutte contre les activités de blanchiment des capitaux et de financement du terrorisme connaît des progrès significatifs au Maroc. En témoigne le nombre de déclarations de soupçon reçues par l’Autorité nationale du renseignement financier (ANRF) en...