Les entreprises marocaines méconnaissent internet
En 2019, seules 13,1 % des entreprises marocaines disposaient d’un site internet présentant leurs activités, selon un sondage réalisé par le Haut-Commissariat au plan (HCP).
GoogleEarth, Youtube et d’autres sites marocains sont régulièrement censurés au Maroc. Les internautes réagissent dans les limites de l’autocensure qu’ils s’imposent. Surfer sur le net, dire tout et n’importe quoi, ce que l’on pense : la liberté d’expression via internet est devenue cause planétaire d’Amesty international.
Irène Khan, secrétaire général de l’organisation humanitaire, a déclaré dans une introduction à son rapport annuel 2007 publié ce 23 mai, qu’« Internet représente la nouvelle frontière dans le droit à la dissidence ».
Comme pour lui répondre, la « blogoma » (la blogosphère marocaine) s’active. Pétition, grève de bloggeurs, lettres adressées au fournisseur d’accès Maroc Telecom, tous les moyens sont bons pour mettre fin au blocage de l’accès au site de partage de vidéo très populaire YouTube. Le document incriminé : une séquence de trois minutes et six secondes intitulée « Mohamed VI le voleur » qui détourne, entre autres, l’affiche du film « Usual suspect » avec le visage du roi du Maroc remplaçant celui de Kevin Spacey dans le rôle des « Voleurs du Maroc ». Maroc Telecom, l’opérateur historique marocain est accusé par de nombreux sites et blogs, comme celui, très visité, de Larbi.org d’« avoir accepté de se plier à la censure illégale imposée par les autorités marocaines ». La suspension de YouTube n’aura duré que quatre jours (du 25 mai au 29 mai). Mais le ressentiment sur la toile est d’autant plus fort que l’affaire YouTube a été précédée par le blocage intempestif du site Google earth à plusieurs reprises : « Avec ces deux censures Maroc Telecom tient déjà son nouveau slogan : ‘Pas de Google earth pour éviter les contenus qui vous heurtent. Pas de YouTube car c’est Maroc Telecom qui vous entube !’ », lu sur le site d’information : la Gachette du Maroc.
C’est non sans humour et lucidité que les jeunes internautes envisagent leur latitude à voyager sur le web : « Je sais qu’il y a des sujets que je n’aborderai pas sur mon blog, comme tout ce qui est relatif au gouvernement, à la politique, au problème du Sahara, confie Lady zee, une bloggeuse. Plus que le poids de l’Etat, c’est le poids de la société qui est important. Le Maroc est un microcosme, tout le monde se connaît. Et les blogs ne sont pas vraiment anonymes. » Plus insidieux que la censure, il y a l’autocensure donc. Même cette jeune femme de vingt-cinq ans, cultivée, qui a suivi de longues études n’y échappe pas : « On a été baigné dans le respect de certaines figures comme celle du Roi. Si ça se trouve, nous n’avons pas de raison d’avoir peur ».
A côté de leurs voisins égyptiens et tunisiens qui figurent sur la liste noire d’Amnesty international de la censure sur internet, les Marocains ont tout de même plus de chance. Lady Zee confirme d’ailleurs que le web au Maroc reste un espace de liberté, que de nombreux sites de jeunes femmes se sont créés autour de leur vie sentimentale, voire sexuelle… Comme quoi, la jeunesse marocaine est capable de monter au créneau quand on la prive de sa bouffée d’oxygène pixélisé.
Marianne - Johanna Nezri
Aller plus loin
En 2019, seules 13,1 % des entreprises marocaines disposaient d’un site internet présentant leurs activités, selon un sondage réalisé par le Haut-Commissariat au plan (HCP).
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