Le web marocain : un espace de liberté encore en construction

31 mai 2007 - 00h28 - Maroc - Ecrit par : L.A

GoogleEarth, Youtube et d’autres sites marocains sont régulièrement censurés au Maroc. Les internautes réagissent dans les limites de l’autocensure qu’ils s’imposent. Surfer sur le net, dire tout et n’importe quoi, ce que l’on pense : la liberté d’expression via internet est devenue cause planétaire d’Amesty international.

Irène Khan, secrétaire général de l’organisation humanitaire, a déclaré dans une introduction à son rapport annuel 2007 publié ce 23 mai, qu’« Internet représente la nouvelle frontière dans le droit à la dissidence ».

Comme pour lui répondre, la « blogoma » (la blogosphère marocaine) s’active. Pétition, grève de bloggeurs, lettres adressées au fournisseur d’accès Maroc Telecom, tous les moyens sont bons pour mettre fin au blocage de l’accès au site de partage de vidéo très populaire YouTube. Le document incriminé : une séquence de trois minutes et six secondes intitulée « Mohamed VI le voleur » qui détourne, entre autres, l’affiche du film « Usual suspect » avec le visage du roi du Maroc remplaçant celui de Kevin Spacey dans le rôle des « Voleurs du Maroc ». Maroc Telecom, l’opérateur historique marocain est accusé par de nombreux sites et blogs, comme celui, très visité, de Larbi.org d’« avoir accepté de se plier à la censure illégale imposée par les autorités marocaines ». La suspension de YouTube n’aura duré que quatre jours (du 25 mai au 29 mai). Mais le ressentiment sur la toile est d’autant plus fort que l’affaire YouTube a été précédée par le blocage intempestif du site Google earth à plusieurs reprises : « Avec ces deux censures Maroc Telecom tient déjà son nouveau slogan : ‘Pas de Google earth pour éviter les contenus qui vous heurtent. Pas de YouTube car c’est Maroc Telecom qui vous entube !’ », lu sur le site d’information : la Gachette du Maroc.

C’est non sans humour et lucidité que les jeunes internautes envisagent leur latitude à voyager sur le web : « Je sais qu’il y a des sujets que je n’aborderai pas sur mon blog, comme tout ce qui est relatif au gouvernement, à la politique, au problème du Sahara, confie Lady zee, une bloggeuse. Plus que le poids de l’Etat, c’est le poids de la société qui est important. Le Maroc est un microcosme, tout le monde se connaît. Et les blogs ne sont pas vraiment anonymes. » Plus insidieux que la censure, il y a l’autocensure donc. Même cette jeune femme de vingt-cinq ans, cultivée, qui a suivi de longues études n’y échappe pas : « On a été baigné dans le respect de certaines figures comme celle du Roi. Si ça se trouve, nous n’avons pas de raison d’avoir peur ».

A côté de leurs voisins égyptiens et tunisiens qui figurent sur la liste noire d’Amnesty international de la censure sur internet, les Marocains ont tout de même plus de chance. Lady Zee confirme d’ailleurs que le web au Maroc reste un espace de liberté, que de nombreux sites de jeunes femmes se sont créés autour de leur vie sentimentale, voire sexuelle… Comme quoi, la jeunesse marocaine est capable de monter au créneau quand on la prive de sa bouffée d’oxygène pixélisé.

Marianne - Johanna Nezri

Bladi.net Google News Suivez bladi.net sur Google News

Bladi.net sur WhatsApp Suivez bladi.net sur WhatsApp

Sujets associés : Maroc Telecom - Liberté d’expression - Informatique - Amnesty international (AI) - Internet

Aller plus loin

Les entreprises marocaines méconnaissent internet

En 2019, seules 13,1 % des entreprises marocaines disposaient d’un site internet présentant leurs activités, selon un sondage réalisé par le Haut-Commissariat au plan (HCP).

Ces articles devraient vous intéresser :

Le Maroc accélère son déploiement de la 5G

Le Maroc s’active pour disposer d’une connexion internet 5G avant 2030, année où il co-organisera la Coupe du monde 2030 avec l’Espagne et le Portugal.

Maroc Telecom baisse les commissions des cartes de recharge

L’Union marocaine du travail (UMT) s’insurge contre la décision d’Itissalat Al-Maghrib (IAM-Maroc Telecom) de réduire la marge bénéficiaire des commerçants sur les cartes de recharge.

Maroc : ces régions oubliées de l’internet

Lors d’un débat organisé par le Parti Authenticité et Modernité (PAM), Ghita Mezzour, ministre de la transition numérique et de la réforme de l’administration, a révélé la part du territoire marocain sans couverture internet.

Maroc : vers la désactivation des cartes SIM anonymes

Ghita Mezzour, la ministre déléguée chargée de la Transition numérique et de la Réforme de l’administration, a affirmé mardi à Rabat que l’obligation d’identifier tout souscripteur désirant s’abonner aux services télécoms incombait aux opérateurs de...

Des influenceurs marocains impliqués dans des achats immobiliers illégaux à l’étranger

L’Office des changes a découvert que des influenceurs et créateurs de contenu sur Internet ont des propriétés non déclarées à l’étranger et violent les textes régissant le change.

Maroc : Ahmed Assid dénonce la répression des voix d’opposition par l’astuce des mœurs

Dans un podcast, l’universitaire et activiste amazigh Ahmed Assid s’est prononcé sur plusieurs sujets dont la répression des voix contestataires au Maroc, la liberté d’expression ou encore la laïcité.

Bonne nouvelle pour les automobilistes marocains

La Direction Générale des Impôts (DGI) vient de faire une fleur aux automobilistes marocains en ce qui concerne la Taxe Spéciale Annuelle sur les Véhicules (TSAV).

Le Magazine Marianne censuré au Maroc

L’hebdomadaire français Marianne (numéro 1407) a été interdit de distribution au Maroc, en raison d’un dessin caricatural jugé offensant pour le prophète Mohammad.

Le Maroc accélère sur la 5G en vue de la coupe du monde 2030

Le ministère de la Transition numérique et de la réforme de l’administration aura à charge la gestion des télécommunications lors de la coupe du monde 2030. Ainsi en a décidé le Comité marocain d’organisation du tournoi.

Le Maroc s’oriente vers une administration sans papier avec une nouvelle plateforme numérique

Le ministère délégué chargé de la Transition numérique entend développer une plateforme dénommée « le compte numérique de l’usager » pour améliorer la qualité des services de l’administration aux usagers.