Des associations féminines sont vent debout contre la réforme d’Abdelatif Ouahbi, ministre de la Justice, imposant aux femmes ayant un revenu supérieur à celui de leur conjoint de verser une pension alimentaire à leurs ex-maris après le divorce.
Moudawana par ci, Moudawana par là... décidément c’est un sujet qui fait la une des actualités et plus particulièrement au Maroc. C’est bien sur l’intronisation du nouveau Roi Mohamed VI et la volonté du peuple Marocain du grand changement qui a remis en cause les principes de la Moudawana.
Avant de développer davantage ces principes ainsi que les problèmes engendrés, penchons nous sur la définition propre de ce mot. C’est avant tout un terme juridique définissant un modèle traditionnel de la famille. Ce modèle unique a pour objectif de réglementer la vie quotidienne et familiale de tous les Marocains.
Comme nous le savons tous, le Maroc est un Royaume où le Roi est dirigeant, mais aussicommandeur des croyants. Quel est le rapport me direz vous ? il est très clair : C’est un pays musulman qui est naturellement dirigé par un musulman car il doit donner l’exemple. Bien entendu, la loi doit être encadrée par la religion pour permettre au citoyens d’être harmonie avec leur religion.
La Moudawana inspirée de la Charia est promulgée en 1957 par l’Etat Marocain. Elle permet d’instaurer LE MODÈLE à suivre et à respecter par tous les Marocains. Contrairement à ce que beaucoup de personnes pensent, elle n’est nullement un texte sacré. Il s’agit simplement d’un cocktail de lois religieuses provenant des 2 sources de l’Islam : le Coran et la Sunna. Le modèle unique et reconnu par tous est établi par écrit et se présente sous forme de lois avec des chapitres et des articles. Tous les sujets relatifs à la vie quotidienne de la famille et ( surtout de la femme ) y sont repris. Pour éviter de dresser une liste beaucoup trop longue, on pourra ne retenir que les grandes lignes : le mariage, le divorce, la répudiation, ou encore la garde des enfants.
Tout y est clairement évoqué, sauf que la base de ce modèle n’est pas vraiment bâtit sur le principe de l’égalité des droits entre l’Homme et la Femme...C’est d’ailleurs loin d’être le cas ! Prenons par exemple l’article concernant la répudiation. La femme risque d’être répudier du jour au lendemain par son mari et de se retrouver sans ressources ni logis. En outre, la polygamie est reconnue et l’homme peut avoir jusqu’à 4 épouses à la seule condition de les traiter de la même façon.
Depuis la réforme de 1993, il doit au préalable obtenir l’accord de sa femme. De nombreux autres exemples peuvent encore être évoqués, comme celui de la garde de l’enfant dans le cas du divorce des parents. Elle revient en général à la mère à la condition qu’elle ne se remarie pas... La femme se trouve donc confronté à un dilemme : refaire sa vie ou garder son enfant ? C’est inhumain, mais c’est la loi !
On peut aussi évoquer le statut de la femme, qui est considérée comme mineure tant qu ’elle n’est pas mariée. Elle reste sous tutelle masculine tout sa vie : d’abord de son père, de son frère, puis de son mari. Tous ces exemples démontrent que la femme Marocaine est très mal considérée. Elle a davantage d’obligations que l’homme et surtout, elle dispose de très peu de droits. Or dans un pays qui se veut moderne et où effectivement la croissance économique se développe la Moudawana n’a incontestablement plus sa place ! Aujourd’hui, la volonté de participer à la mondialisation passe par la scolarisation et l’intégration des femmes au développement.
Car il ne faut oublier qu’elles représentent plus de 50% de la population. Or le taux d’analphabétisation est un des plus haut des pays en voie de développement. Il devient donc de plus en plus difficile pour les Marocaines modernes de vivre normalement sans remettre en cause les principes fondamentaux du modèle unique. Aujourd’hui elles sont déterminées plus que jamais à défendre leurs droits et à s’émanciper même si pour cela, elles doivent encore se battre.
Mais c’est tout un état d’esprit qu’il faut changer, car au Maroc on aime bien perpétuer les traditions et les coutumes. Pour beaucoup d’hommes la modification de la Moudawana serait une menace pour la continuité de la religion Musulmane. Ils sont persuadés que la seule motivation de leurs femmes est de ressembler à la femme occidentale qui est moderne, libre... et surtout indépendante !
C’est dans ce contexte que le Plan d’action pour l’intégration de la Femme au développement a été présenté par le secrétariat d’Etat à la Protection Sociale de la famille du Gouvernement Youssoufi. Il prévoit notamment de nombreuses mesures pour améliorer le statut de la Femme. Reste à l’appliquer et malheureusement, à ce jour il ne fait pas l’unanimité ! Les avis sont donc partagés, mais la décision finale est entre les mains du jeune Roi Mohamed VI car Il est le seul à pouvoir amender la loi. Hélas ce n’est pas si simple car il sait pertinemment qu’il risquerait de soulever des foules... qui y verront une remise en question des textes sacrés... .
La Marocaine - Khili R’kia
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