Des médecins étrangers pourront bientôt exercer au Maroc. C’est ce que vient de confirmer le ministre de la Santé Khaled Ait Taleb.
Les multiples conséquences sanitaires, économiques et sociales liées à la consommation des drogues, très répandues parmi les jeunes, que sont le tabac, le hachich et les psychotropes, sont préoccupantes.
Présentant d’importantes similitudes dans la relation significative entre consommation régulière et plusieurs maladies graves, ces substances sont ravageuses et destructrices d’une jeunesse appelée à relever bien des défis. L’avenir de ces jeunes et celui de notre société dans ses différentes composantes s’en trouvent grèves.
Les effets néfastes de ces drogues sont depuis longtemps établis. Il n’échappe à personne qu’ils sont la cause directe, sinon les principaux facteurs de risque de nombre de maladies graves notamment cardio-vasculaires, respiratoires, psychiatriques pour ne citer que ceux-là. Presque inconnus, du moins, d’usage très discret il y a quelques décennies, Leur prolifération a littéralement explosé au cours des dernières années.
La précocité de la consommation du tabac, souvent tolérée par les tuteurs : parents, enseignants… voire, encouragée par un laisser-faire, aussi bien en milieu scolaire que familial, constitue le facteur majeur de dépendance et la démarche première pouvant initier à la poly-consommation de ces substances.
Cette évolution, qui prend de l’ampleur, est relativement récente mais déjà inquiétante : les consommateurs sont de plus en plus jeunes à expérimenter la poly-consommation cumulant tabac, hachich et psychotropes. Ils sont de plus en plus nombreux à en faire un usage régulier. Or l’usage régulier qui en est fait par des adolescents a plus d’une nocivité : il s’effectue à un moment de croissance où le système nerveux central est en pleine phase de développement.
La dépendance au seul tabac est déjà particulièrement inquiétante, cumulée aux autres substances, son usage régulier conduit inévitablement à une diminution des performances scolaires et professionnelles et de suite à un désintéressement vis-à-vis de l’entourage, notamment familial et social. En démotivant et déconnectant l’individu, cet usage devient un facteur majeur de désocialisation, de déscolarisation voire de désintégration de foyers avec les conséquences qu’on sait,
Cet usage régulier, faut-il le rappeler, est également un facteur d’aggravation de beaucoup de maladies, notamment des psychopathologies évolutives, en particulier de la schizophrénie dont les patients connaissent des altérations considérables du comportement avec des épisodes extrêmement sévères.
Ces dangers sont continuellement aggravés par les changements portant sur les produits utilisés, chaque jour, plus nocifs et plus destructeurs.
Il devient impératif d’attirer l’attention des jeunes sur les importants dangers sanitaires et sociaux liés à cet usage et de faire une priorité de la médiatisation de cette pandémie.
Un facteur majeur de désocialisation
Mieux informer les jeunes, les enseignants, les parents et au besoin les professions médicales et paramédicales est à même de permettre d’entamer une lutte contre cette dépravation. Son éradication étant impossible, l’ambition est d’en limiter les dégâts. C’est capital.
La population a certainement besoin de disposer d’une information scientifiquement validée et véhiculée par le corps médical qui est à même de la crédibiliser. Multiplier les occasions de débats, pour les médecins et tous les actifs de la société civile. Inviter les intervenants à informer la population par les moyens appropriés, notamment la télévision dont le rôle informationnel est certainement premier.
Les enseignants sont souvent, eux-mêmes, peu informés sur les moyens à mettre en œuvre pour sensibiliser leurs élèves et leur faire prendre conscience des conséquences ravageuses liées à cet usage. C’est à leur intention qu’il serait souhaitable d’organiser des rencontres d’information et de formation marquant ainsi la première étape d’une lutte de longue haleine. L’objectif d’informer ne vise pas seulement les enseignants, mais la masse des jeunes, les familles, et surtout les parents qui se trouvent souvent désemparés lorsqu’il s’avère qu’un de leurs enfants est consommateur de ces drogues.
Les médecins peuvent, à l’occasion de consultations, repérer l’usage de ces substances et tenter d’en obtenir l’arrêt, mais tout effort individuel, aussi louable qu’il soit, risque d’être limité voire vain, s’il ne s’insère pas dans un cadre de lutte organisé sur le plan local et national.
Améliorer l’état sanitaire de notre société par une lutte contre les drogues, préserve notre cohésion sociale. L’ objectif d’informer et de sensibiliser, qu’il convient de placer parmi les priorités gouvernementales, interpelle toutes les bonnes volontés de la société civile, l’Etat et les institutionnels n’en sont pas exclus.
Gazette du Maroc - Abdelhamid Mghari
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