
Le hashtag « Épouse-moi sans dot » qui s’est rapidement répandu sur les réseaux sociaux ces derniers jours, a suscité une avalanche de réactions au Maroc. Alors que certains internautes adhèrent à l’idée, d’autres la réprouvent fortement.
L’histoire d’Eric Hubert est complexe. C’est celle d’un homme belge travaillant au Maroc, qui a épousé une femme marocaine, à qui il a fait un enfant. Il souhaiterait que son fils obtienne la nationalité belge afin de pouvoir revenir vivre en Gaume avec lui et sa femme. Et surtout permettre à Adam, 4 ans, de recevoir les soins dont il a besoin.
Le petit souffre de problèmes bucco-dentaires qui peuvent atteindre le coeur et les reins par diffusion de bactéries. Le problème, c’est que Bahija (l’épouse d’Eric Hubert) et Adam ne parviennent pas à obtenir de laissez-passer pour rentrer en Belgique.
Comment en sont-ils arrivés là ? En résumé, on pourrait parler de méandres administratifs. Tout commence en 1998, lorsque Eric s’installe au Maroc comme directeur dans l’immobilier pour une société belge. Il épouse rapidement une femme marocaine et divorce presque aussitôt. Il a le coup de foudre pour une autre Marocaine, lui fait un enfant et décide de se remarier. L’enfant (Adam) naît deux jours après le mariage. Eric va l’inscrire auprès de la commune marocaine. « Là on inscrit mon fils. Mais un mois plus tard, le chef de service rentre de vacances et m’avertit que, selon la loi musulmane, Adam n’est pas mon fils puisqu’il est né deux jours après le mariage. On me conseille alors de l’inscrire auprès du consulat belge. »
Mais le délai légal est dépassé de quelques jours. « Alors, l’officier civil du consulat de Casablanca dresse un procès-verbal pour reconnaissance tardive comme cela se fait en Belgique et envoie le formulaire à Bruxelles. » N’ayant pas de réponse de la Belgique, « le consul me conseille de rentrer en Belgique pour m’y domicilier et établir un regroupement familial. » A peine rentré, Bruxelles l’informe que le divorce fait au Maroc n’est pas valable en Belgique à cause du mot répudiation, utilisé dans l’acte. Son mariage avec la mère d’Adam est donc annulé.
Plus moyen de les faire revenir en Belgique. Eric contacte nombre d’hommes politiques. En vain. Il rentre alors au Maroc et constate que la santé de son fils s’est encore dégradée. « Et puis je rencontre le consul qui m’affirme que mon fils est belge depuis sept mois ! » Des papiers l’attestent. « Septembre 2003, on me conseille à nouveau de rentrer en Belgique pour effectuer un regroupement familial. On me propose aussi d’invoquer la raison humanitaire, certificats médicaux à l’appui. » En octobre, la nationalité d’Adam est à nouveau remise en cause. La mère et le fils, dont la santé ne va pas en s’améliorant, sont bloqués au Maroc.
Eric est dans un foyer d’accueil à Virton. Cette fois, il attend en Belgique. « Le 20 novembre, si je n’ai pas de documents signés et certifiés prouvant que ma femme et mon fils sont sur le sol belge ou qu’ils le seront d’un moment à l’autre, j’entame une grève de la faim. Au finish. C’est notre dernière chance. »
Dernière heure - Anne-Sophie Gérouville
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