Un hebdomadaire marocain enfreint un tabou en évaluant le coût de la monarchie

28 décembre 2004 - 02h15 - Maroc - Ecrit par :

Selon "Tel Quel", le fonctionnement de la cour représente un budget annuel de 210 millions d’euros. Pour la première fois au royaume chérifien, où le Parlement vote le budget de la cour "par consentement tacite", un journal a publié "Le salaire du roi". C’est sous ce titre que l’hebdomadaire Tel Quel évalue, dimanche 26 décembre, à 36 000 euros les émoluments du souverain en tant que chef de l’Etat.

Ce "salaire" ne constitue qu’une faible part de la "liste civile" de la cour royale, que le journal chiffre, sur la base des comptes du palais extraits de divers documents officiels, à l’équivalent de 210 millions d’euros par an.

L’hebdomadaire, qui affirme que "ni les médias, ni les députés n’osent encore s’intéresser de trop près"au coût courant de la monarchie, celui-ci étant couvert "depuis l’indépendance par un tabou soigneusement cultivé", estime à 2,4 millions d’euros la masse salariale des princes et princesses de la famille royale. A cette somme s’ajoutent les "dotations de souveraineté", pour un montant annuel de 39 millions d’euros, dont un tiers est alloué à diverses fondations et le reste couvre des "dépenses non ventilées", soit, selon Tel Quel, une sorte de "caisse noire officielle" à usage discrétionnaire.

1100 personnes employées

Le fonctionnement de la cour, avec les salaires de plus de 1 100 personnes qui lui sont attachées, l’entretien des palais, les voyages et les cérémonies, représenterait un budget annuel de 163 millions d’euros. Tel Quel indique que le cabinet royal emploie a lui seul quelque 300 permanents, au premier rang desquels les "conseillers du roi", dont les salaires sont "alignés sur ceux des membres du gouvernement". Au titre du budget annuel des "consommations" des palais royaux, l’hebdomadaire relève 6 millions d’euros de carburant, un peu moins en électricité, 4 millions d’euros de factures d’eau, et 2 millions en dépenses vestimentaires. Le journal observe malicieusement qu’avec 315 000 euros de budget "abonnements et documentation" la maison royale n’a pas encore souscrit d’abonnement à... Tel Quel.

L’hebdomadaire publie par ailleurs une interview avec le cousin germain du roi Mohammed VI, le "prince rouge" Moulay Hicham, avocat d’une "refondation démocratique" de la monarchie chérifienne. Celui-ci, en disgrâce à la cour, estime que "la démocratie et la sacralité ne sont pas conciliables", concluant : "Voilà toute la problématique du système politique marocain."

Evoquant les récentes auditions publiques de victimes des "années de plomb" au Maroc, organisées par l’Instance équité et réconciliation mise en place par le roi Mohammed VI, Moulay Hicham se demande "comment on peut parler de tout cela alors qu’Amnesty -International- et Human Rights Watch viennent de relever des atteintes sérieuses aux droits humains et que des livres sont encore interdits au Maroc".

Selon le cousin du roi, qui se déclare "dissident" à son corps défendant, il existerait aujourd’hui au Maroc "une envie de scinder Hassan II -le père et prédécesseur au pouvoir de l’actuel souverain- en "bon" et "mauvais". Alors que le "bon" sert de socle confortable et imperturbable sur lequel repose la monarchie, le "mauvais" est celui qu’on attaque, sans jamais le nommer, pour construire la légitimité du nouveau règne".

AFP

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