Nadia Radouane, spécialiste en dermatologie et esthétique, alerte les Marocaines sur les risques liés à l’utilisation des produits cosmétiques contrefaits.
Installée à Taroudant, Saïda Bouzebda est d’Igherm, petit village de la vallée d’Ammeln. Ce petit bout de femme, les cheveux et les épaules cachés par un long foulard noir, est aujourd’hui l’un des acteurs les plus actifs de la société civile locale. Elle travaille pour l’association Migration et développement depuis plusieurs années et a fait de la condition des femmes de la région son cheval de bataille.
Avec d’autres femmes de la ville, elles sont en train de monter la première association féminine de la région. Les autres sont avocates, médecins, assistantes sociales ou encore professeurs d’éducation physique. Pour elles, le chantier de la condition des femmes est encore vierge. Jusque-là, tout ce qui a été fait pour les femmes entre dans le cadre de projets pour le développement de la région et la question reste "collée aux problèmes locaux".
Soit. Mais il faut faire plus : leur proposer des formations à des métiers manuels, les alphabétiser, leur expliquer leurs droits, en somme, avoir une approche d’intégration.
Dans la région montagneuse entre Taroudant et Tafraout, l’état des lieux est frappant. Sur les routes, presque pas d’hommes. Mais des femmes. Que des femmes. Le dos courbé sous un lourd fardeau d’aliments pour le bétail, elles rentrent au douar traire la vache dont elles-mêmes iront vendre le lendemain le lait ou le beurre. Sans parler des tâches ménagères et des enfants. Dans la région, les femmes sont esclaves. Ici, pas besoin d’ânes, ce sont elles qui portent tout sur leurs épaules. Quant aux hommes : "Guen (ils dorment en berbère). Chez nous, ce sont les femmes qui travaillent", répondent deux jeunes femmes croisées sur une route. "Nous deux, on ne veut surtout pas entendre parler de mariage avec des hommes de la région. Ils restent à la maison à ne rien faire", s’emportent deux autres. Ce sont aussi elles les gardiennes des douars : "Les hommes partent dans les villes et laissent leurs femmes qui ne les voient que les jours de fêtes religieuses, 1 à 2 fois par an, quand ils rentrent", expliquent les membres de la nouvelle association féminine roudanie.
Femmes-esclaves, les femmes des montagnes du Souss sont également les garantes de la tradition. Celle-ci étant très conservatrice, leurs visages sont cachés sous un voile épais qui laisse à peine paraître leurs yeux entourés de khôl. Qui se cache en réalité derrière ce conservatisme ? Des hommes qui dorment au douar.
Néanmoins, les femmes soussies ne connaissent pas toutes le même sort. En effet, si les montagnes sont sans merci à leur égard, la plaine et la côte sont plus clémentes. À Sidi Ifni, Abdellah Loutouli, membre de l’Association marocaine pour les droits de l’homme souligne : "Ici, vous ne verrez pas de femmes dans les champs. Chez les Aït Baâmrane, tribu principale de la région, les femmes ne travaillent pas en dehors de la maison. Elles s’occupent des enfants et des tâches ménagères". Une pointe d’espoir se profile toutefois. Grâce au travail des ONG, dans tout le Souss, des femmes commencent à prendre conscience de leurs droits et surtout, de plus en plus de petites filles vont à l’école : "Même les pères ne montrent plus de résistance et acceptent de scolariser leurs filles"... ce qui est primordial, pour qu’il n’y ait plus de femmes esclaves.
TelQuel
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