Les opérateurs touristiques du Nord du Maroc saluent l’implantation d’une base aérienne à Tétouan après celle de Tanger. L’infrastructure aéroportuaire va attirer davantage de touristes et booster à coup sûr le développement économique de la région.
Quelle offre touristique le Maroc pourra-t-il fournir d’ici 2020 ? Les « visionnaires » de 2010 se projettent déjà dans une nouvelle décennie. En détaillant les perspectives de croissance, tout semble mis en place afin d’aboutir aux 10 millions de touristes tant attendus et même d’aller au-delà ! Dans le contexte de cette expansion persistante, on s’interroge sur les nouvelles conditions du développement dans le tourisme : l’industrie touristique a-t-elle tenu ses promesses ? Quelles sont les conséquences environnementales, sociales et culturelles de la croissance continue de ce secteur ?
Pour l’instant rien ne permet de mesurer l’impact de ce développement. « La réflexion 2020 se fera dans une vision cadrée afin de protéger les ressources naturelles du pays. Il faudra à ce moment-là faire des choix », explique Abbas Azzouzi, directeur de l’Office national marocain du tourisme (ONMT).
Ce choix devra être fait d’ici avril. Lorsque les secteurs, public et privé, se réuniront autour d’un même projet ou d’une même vision, celle de 2020.
C’est lors des septièmes assises du tourisme en avril dernier que le Roi, Mohammed VI, avait exhorté le ministère du Tourisme et la Fédération nationale du tourisme « à ouvrir, d’ores et déjà, le chantier de la vision 2020 ». Un contrat-programme doit être signé avant la fin de l’année 2009. « Le budget n’a pas encore été arrêté » confie-t-on du côté du ministère de tutelle.
2010 « s’essouffle », disent les professionnels. Il ne semble pas prématuré, selon eux, de s’engager déjà dans cette nouvelle direction. « La vision 2010 a fait plus d’un frustré », déclare Azzelarab Kettani, président de la Fédération nationale des restaurateurs (FNR).
Cette nouvelle vision devrait donc rééquilibrer les inégalités et donner à toutes les régions du Maroc les mêmes chances. « Il faut répartir les richesses dans ce pays et que tout le monde puisse en profiter. Il n’y a pas que Marrakech. Il faut réfléchir sur une stratégie d’aménagement du territoire et régler le problème du foncier. Il faut qu’il y ait de la visibilité prudente », prévient-il. Répertorier les potentialités des différentes régions du Maroc s’inscrit dans la logique de la vision 2020, « on réfléchit à partir des territoires. Une fois le potentiel défini, les objectifs pourront être tracés », déclare Azzouzi. Prudence et réflexion tels sont les maîtres mots de cette nouvelle vision. Car, si le secteur du tourisme connaît une dynamique certaine, il a aussi son inertie et ses paradoxes. L’expansion de l’industrie touristique ne trouve pas suffisament de répondant en matière de qualification et de formation du personnel. L’objectif des 72.000 lauréats pour 2010 est loin d’être atteint, disent les professionnels. On en prévoit 80.000 pour 2012 et une augmentation des recettes touristiques prévus à 90 milliards de DH. Ces estimations ne semblent pas prendre en compte les craintes des professionnels.
L’Office de la formation professionnelle et de la promotion du travail (OFPPT) demande une plus grande implication de ces derniers en ce qui concerne la formation. Marc Thépot, PDG du Groupe Accor, adhère à cette proposition et la revendique. Il pense qu’il faut « faire un travail de revalorisation des filières ». C’est tout un travail d’accompagnement qu’il propose pour que le privé « soit associé au contenu de la formation », dit-il.
Parler du tourisme en 2020 revient donc à poser les jalons d’une politique touristique claire et précise. La structuration du patronat touristique fait partie de cette stratégie. Cela fait trois ans déjà que la Fédération des restaurateurs a vu le jour. Bientôt, des fédérations régionales de tourisme vont être opérationnelles. Elles seront constituées « de toutes les associations représentatives des principaux métiers touristiques au niveau régional ». Il reste à espérer que ces nouvelles entités accorderont leurs violons pour jouer le rôle de courroie de transmission et assurer la coordination entre les différents intervenants dans le secteur du tourisme. Selon Azzouzi, cela va de soi. « Le tourisme est une industrie transversale, une approche multi-ministérielle s’impose ». Mais le directeur de l’ONMT ne se prononce pas davantage, il parle de pré-réflexion. « Il n’y a rien de prévu pour l’instant, on est au stade zéro quant au choix de consultant ». Les contours de cette nouvelle vision se dessinent peu à peu. Mais avant d’entamer quoi que ce soit, « il faut faire le bilan 2010 », conclut Azzouzi.
2012 déjà ?
Des plans régionaux de développement (PDRT) ont été mis en place afin de « contribuer au développement socioéconomique des régions du Royaume disposant de potentialités touristiques ». Ces structures visent à renforcer les synergies entre le secteur privé et le secteur public et l’implication des autorités et des élus locaux dans le montage et la conception des plans locaux. Le programme 2008-2012 prévoit un large volet dédié au tourisme urbain. Il s’agit, entre autres actions, de commercialiser des pays d’accueil touristique dans les régions d’Azilal et Al Hoceïma et d’élargir cette démarche à 9 autres territoires ruraux : désert et oasis (Errachidia-Ouarzazate-Zagora), Al Haouz, Khénifra, Taza, Essaouira, Taroudante et Chtouka Aït-Baha. Reste à espérer que le patrimoine touristique du Maroc ne devienne pas, seulement, un immense lieu de loisirs et de détente pour les touristes, à l’instar de certaines côtes proches de Tunisie ou d’Espagne.
Source : L’Economiste - Amira Khalfallah
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