Une cinquantaine d’individus ont été arrêtés mercredi au Maroc lors d’une importante opération visant des membres présumés de groupes djihadistes.
Le procès de Pierre Robert, un intégriste français accusé d’implication dans les attentats terroristes du 16 mai à Casablanca, doit s’ouvrir lundi devant la chambre criminelle de Rabat, a-t-on appris de source judiciaire.
Pierre Robert, 31 ans, alias "Abou Abderrahmane", qui encourt la peine de mort, doit comparaître en compagnie d’un groupe de 33 "complices" liés à l’organisation intégriste Salafia Jihadia. Il serait devenu un "émir" islamiste après son installation au Maroc en 1996.
Il a été arrêté le 3 juin dernier à Tanger (nord) dans le cadre de l’enquête ouverte après les cinq attentats-suicide quasi-simultanés qui ont fait 45 morts - dont 12 kamikazes - dans le centre-ville de Casablanca.
Selon le parquet de Rabat, Pierre Robert serait "le maillon essentiel de cellules terroristes constituées à Tanger, Fès (centre), Casablanca, Chefchaouen et Sidi Taïbi (nord)". Il est poursuivi, comme ses co-accusés, pour "constitution d’association criminelle, complicité dans l’atteinte à la sûreté intérieure de l’Etat, complicité dans l’homicide volontaire avec préméditation, fabrication et détention d’armes et d’explosifs".
Originaire de Saint-Etienne (France), marié à une Marocaine et père de deux enfants, Pierre Robert est le principal non-Marocain cité dans l’enquête, et celui qui paraît le plus susceptible de conforter la thèse officielle de la présence d’une "main étrangère" derrière les actes terroristes de Casablanca.
Selon un compte-rendu d’audition dont la presse marocaine a largement fait état, le Français, converti à l’islam dès l’âge de 17 ans, aurait effectué des voyages en Turquie, en Iran et au Pakistan - recevant notamment dans ce dernier pays une formation au maniement des armes et à la fabrication d’explosifs.
Installé à Tanger et marié avec une Marocaine, Pierre Robert aurait fréquenté les principaux responsables intégristes de cette ville avant de développer ses relations avec les réseaux islamistes dans plusieurs grandes villes du royaume.
Il aurait avoué avoir commis des vols et un braquage de banque à l’occasion de retours en France où il entretenait également des projets d’"actions martyres" visant notamment une raffinerie de pétrole, une synagogue et "des camions transportant du plutonium".
Après une campagne de recrutement menée au Maroc, notamment auprès d’intégristes liés à la Salafia Jihadia, en vue de la réalisation de ces projets en France, Pierre Robert y aurait finalement renoncé "convaincu de la nécessité de faire le jihad au Maroc".
Dans les aveux qui lui sont prêtés, Pierre Robert n’évoque pas les cibles visées le 16 mai à Casablanca. Les actions que son groupe préparait auraient visé le siège des services secrets et leurs responsables, un casino à Tanger, des barrages de la gendarmerie ainsi qu’un supermarché de Tanger.
Il aurait également projeté une campagne d’actions contre la police et les militaires dans la région de Chefchaouen, ouvrant un "front" en vue de l’établissement d’un "Etat islamique" indépendant dans le nord du royaume.
Un autre français, Pierric Picard, poursuivi dans le cadre de l’enquête sur les attentats de Casablanca, avait été acquitté le 9 août par la Chambre criminelle de Rabat. Il était poursuivi pour "non dénonciation de complot terroriste".
Un premier procès de 87 intégristes directement impliqués dans le attentats du 16 mai s’était achevé, le 19 août dernier, avec l’annonce de quatre peines de mort et de très lourdes peines de réclusion, dont 39 peines à perpétuité.
AFP
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