Terrorisme : ouverture du procès de Pierre Robert

25 août 2003 - 23h51 - Maroc - Ecrit par :

Le procès de Pierre Robert, un intégriste français accusé d’implication dans les attentats terroristes du 16 mai à Casablanca, doit s’ouvrir lundi devant la chambre criminelle de Rabat, a-t-on appris de source judiciaire.

Pierre Robert, 31 ans, alias "Abou Abderrahmane", qui encourt la peine de mort, doit comparaître en compagnie d’un groupe de 33 "complices" liés à l’organisation intégriste Salafia Jihadia. Il serait devenu un "émir" islamiste après son installation au Maroc en 1996.

Il a été arrêté le 3 juin dernier à Tanger (nord) dans le cadre de l’enquête ouverte après les cinq attentats-suicide quasi-simultanés qui ont fait 45 morts - dont 12 kamikazes - dans le centre-ville de Casablanca.

Selon le parquet de Rabat, Pierre Robert serait "le maillon essentiel de cellules terroristes constituées à Tanger, Fès (centre), Casablanca, Chefchaouen et Sidi Taïbi (nord)". Il est poursuivi, comme ses co-accusés, pour "constitution d’association criminelle, complicité dans l’atteinte à la sûreté intérieure de l’Etat, complicité dans l’homicide volontaire avec préméditation, fabrication et détention d’armes et d’explosifs".

Originaire de Saint-Etienne (France), marié à une Marocaine et père de deux enfants, Pierre Robert est le principal non-Marocain cité dans l’enquête, et celui qui paraît le plus susceptible de conforter la thèse officielle de la présence d’une "main étrangère" derrière les actes terroristes de Casablanca.

Selon un compte-rendu d’audition dont la presse marocaine a largement fait état, le Français, converti à l’islam dès l’âge de 17 ans, aurait effectué des voyages en Turquie, en Iran et au Pakistan - recevant notamment dans ce dernier pays une formation au maniement des armes et à la fabrication d’explosifs.

Installé à Tanger et marié avec une Marocaine, Pierre Robert aurait fréquenté les principaux responsables intégristes de cette ville avant de développer ses relations avec les réseaux islamistes dans plusieurs grandes villes du royaume.

Il aurait avoué avoir commis des vols et un braquage de banque à l’occasion de retours en France où il entretenait également des projets d’"actions martyres" visant notamment une raffinerie de pétrole, une synagogue et "des camions transportant du plutonium".

Après une campagne de recrutement menée au Maroc, notamment auprès d’intégristes liés à la Salafia Jihadia, en vue de la réalisation de ces projets en France, Pierre Robert y aurait finalement renoncé "convaincu de la nécessité de faire le jihad au Maroc".

Dans les aveux qui lui sont prêtés, Pierre Robert n’évoque pas les cibles visées le 16 mai à Casablanca. Les actions que son groupe préparait auraient visé le siège des services secrets et leurs responsables, un casino à Tanger, des barrages de la gendarmerie ainsi qu’un supermarché de Tanger.

Il aurait également projeté une campagne d’actions contre la police et les militaires dans la région de Chefchaouen, ouvrant un "front" en vue de l’établissement d’un "Etat islamique" indépendant dans le nord du royaume.

Un autre français, Pierric Picard, poursuivi dans le cadre de l’enquête sur les attentats de Casablanca, avait été acquitté le 9 août par la Chambre criminelle de Rabat. Il était poursuivi pour "non dénonciation de complot terroriste".

Un premier procès de 87 intégristes directement impliqués dans le attentats du 16 mai s’était achevé, le 19 août dernier, avec l’annonce de quatre peines de mort et de très lourdes peines de réclusion, dont 39 peines à perpétuité.

AFP

Bladi.net Google News Suivez bladi.net sur Google News

Bladi.net sur WhatsApp Suivez bladi.net sur WhatsApp

Sujets associés : Casablanca - Terrorisme - Procès - Attentats de Casablanca

Ces articles devraient vous intéresser :

Le Maroc frappe un grand coup dans la lutte contre le terrorisme

Une cinquantaine d’individus ont été arrêtés mercredi au Maroc lors d’une importante opération visant des membres présumés de groupes djihadistes.

Une cellule préparant des attentats au Maroc démantelée

Le Bureau central des investigations judiciaires (BCIJ), se basant sur des informations fournies par la Direction générale de la surveillance du territoire (DGST), a annoncé le démantèlement d’une cellule terroriste liée à l’organisation Daech. Cette...

Coup de filet au Maroc contre une cellule terroriste planifiant des attaques

Cinq individus, âgés entre 22 et 46 ans, soupçonnés d’appartenir à l’organisation terroriste Daesh et de préparer des attentats contre des installations vitales et des institutions sécuritaires, ont été arrêtés par les forces de sécurité marocaines.

Blanchiment d’argent : Le Maroc serre la vis et ça paye

La lutte contre les activités de blanchiment des capitaux et de financement du terrorisme connaît des progrès significatifs au Maroc. En témoigne le nombre de déclarations de soupçon reçues par l’Autorité nationale du renseignement financier (ANRF) en...

Projet d’attentat déjoué au Maroc : Treize individus arrêtés par le BCIJ

Treize personnes ont été arrêtées par le Bureau Central d’Investigations Judiciaires (BCIJ), jeudi dernier. Soupçonnés d’être partisans de l’organisation terroriste « État islamique », les individus ont été arrêtés lors d’opérations menées dans...

Décès de Malika El Aroud, « La Veuve noire du Jihad »

Malika El Aroud, condamnée pour terrorisme en 2008, est décédée à l’âge de 64 ans. Cette femme, qui avait la double nationalité belge et marocaine, avait été déchue de sa nationalité belge en 2017 pour avoir « gravement manqué à ses devoirs de...

Maroc : les casinos sous haute surveillance

Dans le cadre de la lutte contre le blanchiment d’argent et le financement du terrorisme, les services compétents du ministère de l’Intérieur ont effectué des missions de contrôle dans sept casinos entre avril et septembre 2024, et démantelé plusieurs...

Terrorisme au Maroc : une lutte permanente depuis 2003

L’extrémisme islamiste au Maroc a été marqué par cinq moments forts, dont notamment les attentats de Casablanca en 2003 et 2007, le printemps arabe en 2011, et la création de l’État islamique (EI) en 2014. Pour lutter contre le phénomène, les autorités...