Soupçonné d’être le vivier de terroristes ayant participé aux grands attentats des dernières années, y compris les attaques du 11 septembre 2001 aux Etats-Unis, le Maroc a aussi été la cible de ses nationaux lors des attentats-suicide qui ont fait 45 morts à Casablanca le 16 mai dernier.
Une vaste enquête policière et judiciaire, entreprise au lendemain de ces attentats dans les milieux islamistes, est encore loin d’être considérée comme achevée par les responsables sécuritaires du royaume.
Plus d’un millier d’islamistes ont été interpellés, dans toutes les grandes villes, à la faveur d’une nouvelle loi antiterroriste votée immédiatement après les attaques du 16 mai.
Des dizaines de procès ont donné lieu à 16 peines de morts et à de très lourdes peines de prison, le plus souvent pour "préparation d’actes terroristes" dans le cadre de la Salafia Jihadia (salafisme combattant), un mouvement omniprésent dans les actes d’accusation.
Les interpellations et les procès ont quitté le devant de l’actualité marocaine mais se poursuivent à un rythme soutenu, selon tous les témoignages recueillis.
Une source policière a ainsi indiqué que quelque 200 arrestations ont eu lieu dans les milieux intégristes depuis le début de l’année 2004, dont 90 intégristes qui fréquentaient une même mosquée à Tanger (nord) - la ville dont est originaire Jamal Zougam, l’un des principaux suspects dans les attentats de Madrid.
Cette tuerie de Madrid a été l’occasion de renforcer la coopération sécuritaire entre le Maroc et l’Espagne, avec un échange d’enquêteurs de divers services de police. Les experts venus d’Espagne examinent à la loupe les résultats des enquêtes menées après les attentats de Casablanca, à la recherche de recoupements utiles, a indiqué une source marocaine.
Le Maroc, qui s’efforce aussi de suivre les activités des islamistes marocains installés à l’étranger, a fait savoir qu’il avait mis en garde l’Espagne sur la présence à Madrid du Tangérois Jamal Zougam, attirant l’attention sur ses liens avec le réseau Al-Qaïda.
Les autorités marocaines s’efforcent aussi de lutter contre la propagation de thèses extrémistes via les mosquées, notamment dans les quartiers pauvres des grandes villes - tel que celui de Sidi Moumen, à la périphérie de Casablanca, d’où étaient issus les kamikazes du 16 mai 2003.
Début février, une réorganisation du ministère marocain chargé des Affaires islamiques a été décidée précisément dans ce but, selon des analyses parues dans la presse marocaine.
Une nouvelle direction des mosquées a notamment été mise en place pour veiller au suivi des programmes de prédication, superviser la construction des mosquées et assurer les formations pour les imams.
"La principale mission de la direction des mosquées sera d’assurer un contrôle efficace des prêches, essentiellement ceux du vendredi", avait estimé l’universitaire Mohamed Darif, spécialiste des mouvements islamistes.
Les oulémas (théologiens islamiques) du Maroc doivent respecter la démocratie et ses valeurs, avait souligné le ministre marocain des Affaires religieuses Ahmed Toufiq, appelant ces théologiens à "intégrer fondamentalement le principe de la liberté comme synonyme de démocratie".
AFP